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Les Etats-Unis priés d'en "reconsidérer" la construction à leur frontière avec le Mexique
Les 22 pays ibéro-américains contre "le mur qui divise l'Amérique"

Le président mexicain Vicente Fox au Sommet Ibéro-américain de Montevideo
Photo XVI Cumbre Iberoamericana - Uruguay
MONTEVIDEO, dimanche 5 novembre 2006 (LatinReporters.com) - Les 22 pays ibéro-américains (toute l'Amérique latine, plus l'Espagne, le Portugal et Andorre) ont lancé lors de leur 16e sommet annuel, clôturé le 5 novembre à Montevideo (Uruguay), un "appel ferme" aux Etats-Unis afin qu'ils reconsidèrent "la construction d'un mur de division en Amérique" à leur frontière avec le Mexique.

Les migrations et les droits des migrants ont été le thème majeur du sommet. Son document final, la "Déclaration de Montevideo", est complété par un texte d'égale importance, "Engagement de Montevideo sur les Migrations et le Développement". Il clame que "migrer n'est pas un délit, aussi les Etats [signataires] ne développeront pas des politiques orientées à criminaliser le migrant", la répression se dirigeant contre les trafiquants de personnes.

Quatorze des 22 pays étaient représentés par leur chef d'Etat ou de gouvernement. Parmi les absents de marque, remplacés par des personnalités gouvernementales, on relevait les présidents Luiz Inacio Lula da Silva (Brésil), Hugo Chavez (Venezuela), Alan Garcia (Pérou) et Fidel Castro (Cuba).

L'Espagne avait dépêché à la fois le roi Juan Carlos et le président du gouvernement, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. Représentation bicéphale aussi du Portugal, avec le président Anibal Cavaco Silva et le Premier ministre José Socrates. (La liste des pays ibéro-américains et des hautes personnalités qui les représentaient au sommet apparaît à la fin du document "Declaración de Montevideo" - Voir ci-dessous "DOCUMENTS ORIGINAUX").

Parmi neuf "communiqués spéciaux" additionnels, notamment contre le terrorisme et contre le blocus économique de Cuba, l'un est consacré au mur de plus de 1.200 km que les Etats-Unis ont décidé de construire au long d'une partie de leur frontière avec le Mexique afin de freiner l'immigration clandestine.

Directement concerné, le président mexicain Vicente Fox a réitéré ses critiques contre cette décision de Washington. "Cette action maladroite et peu intelligente méconnaît la réalité" a déclaré en substance M. Fox, qui y voit un mépris à l'égard des droits de l'homme.

L'Amérindien Evo Morales, président de la Bolivie, estime que les murs et "les déportations" reflètent "la criminalisation de la migration du Sud vers le Nord".

Quant à la présidente socialiste du Chili, Michelle Bachelet, elle croit que le mur "incite à la discrimination et à la xénophobie". Une accusation reprise textuellement dans le communiqué ad hoc qu'ont approuvé les 22 pays représentés à Montevideo. En voici le texte intégral (traduction de LatinReporters):

"COMMUNIQUÉ SPÉCIAL DU XVIe SOMMET IBÉRO-AMÉRICAIN DE CHEFS D'ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT CONTRE LA CONSTRUCTION D'UN MUR À LA FRONTIÈRE ENTRE LE MEXIQUE ET LES ÉTATS-UNIS

Convaincus que la coopération et le dialogue doivent prévaloir pour trouver des solutions justes et équilibrées au phénomène de la migration internationale, nous, les Chefs d'État et de Gouvernement des pays ibéro-américains, considérons que la construction de murs est une pratique incompatible avec les relations d'amitié et de coopération entre les États.

Nous considérons que la construction de murs n'arrête pas la migration non documentée, le trafic de migrants ni la traite de personnes, qu'elle incite à la discrimination et à la xénophobie et qu'elle favorise l'apparition de groupes de trafiquants qui font courir un plus grand danger aux personnes.

Nous nous sommes engagés lors de ce Sommet à situer la personne du migrant au centre des programmes et projets migratoires, en garantissant que les politiques migratoires de chaque État respectent pleinement les droits humains de tous les migrants. De même, nous reconnaissons que les migrants enrichissent la diversité culturelle et améliorent le fonctionnement économique et social des sociétés réceptrices.

Nous manifestons notre profonde préoccupation pour la décision adoptée par le Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique de construire un mur à sa frontière avec le Mexique, étant donné qu'elle constitue une mesure unilatérale contraire à l'esprit d'entente qui doit caractériser la considération des problèmes communs entre pays voisins et qu'elle affecte la coopération dans l'Hémisphère.

Nous exhortons les autorités dudit pays [les Etats-Unis] à développer des mesures tendant à la régularisation de travailleurs venant d'autres pays et à mettre en marche des programmes de travailleurs temporaires qui assurent le plein respect de leurs droits humains et relatifs au travail.

Nous, les Chefs d'État et de Gouvernement ibéro-américains, lançons un appel ferme au Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique afin qu'il reconsidère la construction d'un mur de division en Amérique.
"

DOCUMENTS ORIGINAUX (.pdf)
-Declaración de Montevideo
-Compromiso de Montevideo sobre Migraciones y Desarrollo
-Comunicado especial contra la construcción de un muro en la frontera México-Estados Unidos




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