Retour / BackLula (Brésil) pour le libre-échange entre Mercosur, Inde et Afrique du Sud
PRETORIA, mercredi 17 octobre 2007 (LatinReporters.com)
- L'élaboration d'un accord de libre-échange entre le Mercosur
(marché commun sud-américain), l'Inde et les pays de l'Union
douanière de l'Afrique du Sud a été proposée
le 17 octobre à Pretoria par le président du Brésil,
Luiz Inacio Lula da Silva.
On créerait ainsi "la plus grande zone de libre-échange du
monde... Ce serait un grand espace économique du Sud" a affirmé
Lula dans son discours d'ouverture du 2e Sommet du groupe IBSA (India, Brazil,
South Africa) tenu à Pretoria, capitale de la République d'Afrique
du Sud.
Le président sud-africain, Thabo Mbeki, et le Premier ministre indien,
Manmohan Singh, participaient aussi à ce sommet de l'IBSA, alliance
fondée en 2003 pour renforcer l'influence des pays émergents
du Sud face aux pays les plus riches et les plus industrialisés.
Lula a indiqué qu'il recommandera aux autres pays du Mercosur la conclusion
d'accords commerciaux avec l'Inde et l'Afrique du Sud. Le Mercosur comprend
le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay. Très avancée,
l'adhésion du Venezuela est en cours.
Le président du Brésil a invité Thabo Mbeki à
effectuer une démarche réciproque, en faveur d'accords avec
le Mercosur, au sein de l'Union douanière de l'Afrique du Sud (Southern
African Customs Union, SACU). Celle-ci regroupe autour de Pretoria la Namibie,
le Lesotho, le Swaziland et le Botswana.
La zone de libre-échange envisagée compterait, selon Lula,
un milliard et demi d'habitants et aurait un PIB global de plus de 2.000 milliards
de dollars. "Je sais que je peux compter sur l'appui du président
Mbeki et du Premier ministre Singh" a affirmé le chef de l'Etat brésilien,
conforté par les déclarations de ses deux homologues en faveur
du renforcement et de l'expansion de leur alliance IBSA.
Les trois dirigeants ont signé sept accords
de coopération, notamment dans les secteurs de l'éducation,
des douanes et de la santé. Lula a souhaité
que s'intensifie aussi leur coopération diplomatique afin notamment
de renforcer le poids des pays du Sud au sein de l'Organisation des Nations
unies et en particulier de son Conseil de sécurité.
Par leur impact sur les populations des pays pauvres, "nos accords de coopération...
bénéficieront à toute l'humanité" veut croire
le président du Brésil.
LatinReporters - Annotations LULA, CHAVEZ
ET LE POIDS DU SUD
Le libre-échange sans affiliation idéologique définie
que Lula veut étendre entre pays du Sud pour faire contre-poids à
l'influence des pays riches est différent des liens politico-commerciaux
d'orientation "bolivarienne" que tisse avec divers pays la pétrodiplomatie
du président vénézuélien Hugo Chavez pour contrecarrer
les Etats-Unis. Les deux démarches peuvent néanmoins coïncider, par exemple
pour le lancement actuel d'une banque sud-américaine (Banco del Sur)
ou l'étude d'un gazoduc sous-continental.
L'ambition brésilienne est plus large, plus planétaire que
la vénézuélienne, mais ses chances de concrétisation
ne sont pas nécessairement supérieures. Dans le match non déclaré
entre Chavez et Lula pour le leadership politique en Amérique du Sud,
le président vénézuélien bénéficie
de sa manne pétrolière et d'un impact médiatique inégalé.
Lula a pour sa part l'avantage de présider le seul pays latino-américain
de dimension continentale et d'être, quoiqu'aussi de gauche, un interlocuteur modéré
respecté tant par les principales puissances occidentales que par
les pays en développement.
Par sa proposition de zone de libre-échange tricontinentale
qui renforcerait la coopération Sud-Sud, le Brésil de Luiz
Inacio Lula da Silva a confirmé à Pretoria (article
ci-dessus) son statut de leader du nouveau front de pays émergents
dont doivent désormais tenir compte les Etats-Unis et l'Union européenne
au sein de l'Organisation mondiale du commerce et de ses interminables négociations
dites de Doha.
Englobant Mercosur, Inde et Union douanière de l'Afrique du Sud,
"la plus grande zone de libre-échange du monde",
comme la qualifie Lula, aurait, dit-il, un PIB dépassant 2.000 milliards
de dollars pour 1,5 milliard d'habitants. Ce n'est guère plus et c'est même
légèrement moins que le PIB global des 63 millions de Français. On en
comprendra mieux les revendications du Sud.