Retour / BackSelon les services de renseignement militaires, cités par El Tiempo Colombie: la zone où les FARC séquestrent Ingrid Betancourt serait connue
BOGOTA, dimanche 24 février 2008 (LatinReporters.com) -
La zone où la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt est séquestrée
par la guérilla marxiste des FARC aurait été localisée
au sud-est de la Colombie par les services de renseignement de l'armée
colombienne indique à Bogota l'influent journal de centre droit El
Tiempo, proche du gouvernement du président conservateur Alvaro Uribe.
Le ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos, annonçait
le 22 février que l'armée sait où les FARC (Forces armées
révolutionnaires de Colombie) détiennent quatre ex-parlementaires
colombiens dont la guérilla a annoncé la prochaine libération.
Le ministre ajoutait que l'armée n'interviendrait pas afin de faciliter
cette libération.
La guérilla prétend que ces otages -Eduardo Géchem, Gloria Polanco, Orlando Beltrán et Luis Eladio Pérez- soient remis à des
"délégués" de Hugo Chavez, le président du Venezuela.
Revenant deux jours plus tard sur l'annonce du ministre Santos, El Tiempo
indique que, pour être amené au lieu de sa prochaine libération,
"Luis Eladio Pérez serait parti d'un camp situé sur les rives
de la rivière Apaporis, entre le Guaviare et le Vaupés. Selon
des sources des services de renseignement, il s'agit de la même région
où se trouverait l'ex-candidate présidentielle Ingrid Betancourt".
Le long de l'Apaporis, la limite entre les départements du Guaviare
et du Vaupés est aussi limitrophe de celui du Caqueta. Le point de
rencontre des 3 départements, indiqué sur la carte publiée
par LatinReporters.com, serait donc la zone, peut-être trop vaste (le
Guaviare couvre à lui seul 55.000 km²), où la guérilla
des FARC séquestrerait actuellement Ingrid Betancourt, otage des insurgés
marxistes depuis le 23 février 2002.
Toujours selon les services de renseignement militaires cités par
El Tiempo, les quatre otages en voie de libération ont été
dirigés vers "la zone où, il y a un mois [le 10 janvier;
ndlr] Clara Rojas et Consuelo Gonzalez de Perdomo ont été
libérées", sur le territoire de la municipalité d'El
Retorno. Avec l'accord de Bogota, ces deux otages Colombiennes relâchées
unilatéralement par les FARC avaient été mises à
bord d'hélicoptères vénézuéliens portant
les emblèmes de la Croix-Rouge. Transportées à Caracas,
elles y furent accueillies par Hugo Chavez.
L'état critique d'Eduardo Géchem retarderait sa marche vers
le point de libération des quatre anciens parlementaires. "Nos services
de renseignement ont été informés de la gravité
de l'état de santé du sénateur Géchem. Puisse
la guérilla tenir promesse aux yeux du monde et libérer rapidement"
ces quatre otages déclarait samedi le président colombien Alvaro
Uribe.
Selon le chef de l'Etat, la localisation des quatre séquestrés
et l'annonce publique de cette localisation auraient été effectuées
afin d'inciter la guérilla à accélérer leur libération
promise. Il s'agirait aussi de prouver que l'armée, quoique disposant
des coordonnées de l'ennemi, n'interviendra pas pour compromettre cette
libération. Que les FARC "ne viennent pas dire maintenant qu'ils
ne les libèrent pas à cause d'opérations militaires"
a précisé Alvaro Uribe. Fin décembre, les guérilleros
invoquaient une offensive de l'armée, niée par Bogota, pour
justifier le report de la mise en liberté de Clara Rojas et Consuelo
Gonzalez de Perdomo.
La localisation supposée de la zone de détention d'Ingrid
Betancourt semble contredire diverses informations selon lesquelles la Franco-Colombienne
serait séquestrée par les FARC en territoire vénézuélien
afin d'empêcher sa libération par l'armée colombienne.
Les analystes consultés par LatinReporters estiment qu'il ne s'agit
pas nécessairement d'une contradiction. Des otages des FARC ont peut-être
été et sont peut-être encore détenus au Venezuela.
Mais leur libération, comme celle de Clara Rojas et Consuelo Gonzalez
de Perdomo, ainsi que celle attendue de quatre anciens parlementaires, ne
pourrait s'effectuer qu'en Colombie afin de ne pas compromettre trop clairement
Hugo Chavez, qui a déjà clamé ses affinités idéologiques
"bolivariennes" avec les FARC.
Selon cette hypothèse et au vu des derniers événements,
la localisation en Colombie d'otages importants de la guérilla peut
préluder à leur retour à la liberté. Ingrid Betancourt
aurait-elle bientôt cette chance après six ans de bagne "révolutionnaire"?
Et si oui, quelle en serait la contrepartie? La réponse du président
français Nicolas Sarkozy à cette dernière question pourrait
être plus substantielle que la réponse d'Alvaro Uribe.