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Selon le président français, 4 pays "assurent le bon fonctionnement de l'Europe"
La France adoube l'Espagne: les mots de Chirac à Zapatero

Le président français Jacques Chirac (à gauche) et le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, président du gouvernement espagnol
Archives - Photo Inma Mesa-PSOE
GÉRONE, vendredi 17 novembre 2006 (LatinReporters.com) - L'Espagne du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero a été adoubée le 16 novembre à Gérone par le président français Jacques Chirac comme l'un des quatre pays essentiels de l'Union européenne (UE) et comme partenaire stratégique de la France autant que l'est l'Allemagne, notamment sur le plan de la Défense.

Lors du 19e sommet franco-espagnol, dans la ville catalane de Gérone (nord-est de l'Espagne), M. Chirac n'a même pas mentionné le Royaume-Uni lorsqu'il a affirmé que l'Allemagne, la France, l'Espagne et l'Italie "assurent le bon fonctionnement de l'Europe".

S'adressant en marge du sommet à M. Zapatero et aux personnalités du monde de l'entreprise, de la culture et des sciences du Forum franco-espagnol de la société civile qui se réunissait pour la première fois, le président français a en outre souligné la "même morale" a propos de l'initiative, également annoncée à Gérone, de l'Espagne, de la France et de l'Italie en faveur de la paix au Proche-Orient.

LatinReporters a recueilli ces passages significatifs du discours de Jacques Chirac au Forum franco-espagnol de la société civile:

"Monsieur le Président du gouvernement espagnol et Cher Ami,

Je voudrais noter que, dans ma bouche, le terme de "Cher Ami" n'est pas une simple marque traditionnelle et diplomatique de politesse. C'est l'expression d'un sentiment que je ressens profondément.

... Il est évident, depuis longtemps, que l'Union européenne, qui de plus s'élargit, ne peut fonctionner de façon efficace que si on renforce également les forces centripètes et qu'au cœur de ces forces centripètes de l'Europe, qui assurent le bon fonctionnement de l'Europe, il y a l'Allemagne, la France, l'Espagne, l'Italie. Non pas que je pense que les autres n'ont pas la même importance. J'attache le même prix à chacun des pays qui composent l'Europe, cela va de soi. Mais, c'est un problème naturel, humain, qui se présente comme cela, parce que nous sommes là, que nous sommes nombreux, que nous sommes actifs, que nous sommes dynamiques, et que nous sommes complémentaires. Notre responsabilité est une responsabilité collégiale, commune, active.

Notre relation n'a peut-être pas toujours été ce qu'elle aurait du être. Ne parlons pas du passé. Ce qui est certain, c'est qu'avec le gouvernement espagnol et le gouvernement français tels qu'ils sont, il y a eu une véritable prise de conscience de la réalité d'un partenariat stratégique entre l'Espagne et la France qui conditionne, pour une part importante, le succès de l'Europe, et qui doit être renforcé. Les liens entre nos deux pays, la solidarité évidente entre nos deux pays, supposent que nous en développions tous les éléments constitutifs.

C'est dans cet esprit que nous nous sommes réunis, dès la formation du gouvernement espagnol, pour voir comment on pourrait donner cette impulsion nouvelle, qui s'imposait. C'est dans cet esprit que nous avons décidé la création d'un Forum des sociétés civiles qui nous permettait d'avoir une solidarité plus active. On ne peut pas, de nos jours, et dans le cadre de nos économies, ignorer le caractère essentiel de la coopération au niveau privé.

C'est dans cet esprit également que nous avons décidé que, sur le plan militaire, nous devions avoir aussi une plus forte solidarité, comme sur le plan diplomatique, - l'un ne va pas sans l'autre. Et c'est pourquoi nous aurons, aujourd'hui, ces deux événements très importants, nouveaux, dans le cadre du partenariat stratégique franco-espagnol, que sont le Forum des sociétés civiles, et tout à l'heure, le Conseil de sécurité et de défense franco-espagnol. Jusqu'ici, la France n'avait qu'un Conseil de défense et sécurité de cette nature, avec l'Allemagne. Maintenant, et c'est légitime, normal, équilibré, nous l'avons aussi avec l'Espagne.

Aujourd'hui est en quelque sorte une journée un peu spéciale, un peu déterminante, pour la relation entre l'Espagne et la France, donc, pour la vie même de l'Europe, de son économie, de son évolution sociale et de sa place dans le monde.

... Cela ne m'a pas étonné que le président Zapatero en arrivant me dise : "Nous avons la même vision des problèmes et des préoccupations en ce qui concerne le Moyen-Orient, notamment la Palestine. Nous devrions prendre une initiative commune. Et j'ai demandé à M. Prodi
[chef du gouvernement italien], m'a dit M. Zapatero, de nous téléphoner tout à l'heure de façon à ce l'on puisse se mettre d'accord pour prendre une initiative tous les trois". Trois pays qui ont en quelque sorte la même sensibilité, les mêmes intérêts, une même morale et qui peuvent peut-être participer à une recherche et à la mise en œuvre d'une solution sur le problème palestinien.

... Cher Ami Zapatero, je suis très heureux qu'aujourd'hui soit franchi un pas nouveau, déterminant, et à mon avis irréversible, pour le partenariat stratégique entre l'Espagne et la France, que nous avons voulu et que nous avons réussi.

Je vous remercie."




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