Duel de vidéos à 5 mois des élections législatives
Espagne : Z de Zapatero contre drapeau de Mariano Rajoy
MADRID, vendredi 19 octobre 2007 (LatinReporters.com) -
ModernidaZ au lieu de modernidad (modernité), solidaridaZ plutôt
que solidaridad (solidarité), igualdaZ pour igualdad (égalité)...
Dans la précampagne des élections législatives espagnoles
de mars 2008, le Z d'un Zapatero socialiste et décontracté
concurrence le patriotisme martial du conservateur Mariano Rajoy drapé dans le
drapeau national.
"Con Z de Zapatero" (Avec Z de Zapatero) est le slogan officiel de la précampagne
du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Elle repose entièrement,
comme une présidentielle à la française ou à
l'américaine, sur la star José Luis Rodriguez Zapatero, secrétaire
général du PSOE et chef du gouvernement depuis 2004.
Dans la propagande socialiste diffusée depuis le 18 octobre, toutes
les qualités ou réalisations dont rêve un homme politique
s'écrivent en espagnol avec un Z majuscule au lieu du d minuscule
final: prosperidaZ, competitividaZ, capacidaZ, sensibilidaZ, etc.
Ce joujou populiste est coulé dans un vidéoclip. M. Zapatero y inaugure lui-même des néologismes tels que lealtaZ, humildaZ et verdaZ (loyauteZ, humiliteZ, vériteZ). Le clip zapatériste jouit sur les chaînes de télé et sur Internet de la
même diffusion massive que le récent clip tout autant préélectoral du chef
de la droite, Mariano Rajoy. Il y appelait la semaine dernière les Espagnols à inonder le pays de drapeaux le 12 octobre, jour de la fête nationale.
Le duel imagé entre Z socialiste et patriotisme du Parti Populaire
(PP) que préside M. Rajoy incite les médias du pays à
comparer deux messages et deux styles. Au-dessus
de photos de MM. Rajoy et Zapatero extraites de leurs vidéos respectives,
le quotidien de gauche Público du 19 octobre titre sur toute la largeur
de sa une "Cherchez les 7 différences".
Le diagnostic des experts en communication consultés par Público
paraît raisonnable. Il en ressort que par le
cadre choisi, ses habits informels, ses gestes, son humour et son sourire
José Luis Rodriguez Zapatero projette une image plus moderne, plus
juvénile, plus naturelle, et plus sympathique quoique plus électoraliste
que celle d'un Mariano Rajoy cravaté, grave, institutionnel et fixant
la caméra avec des yeux solennels [au point qu'ils en oublient presque
de cligner; ndlr].
Néanmoins, toujours selon Público, l'image de M. Rajoy "est
gouvernementale, celle d'une personne qui prend la politique au sérieux",
tandis que M. Zapatero "semble être un gars qui passe par là
et non le président du gouvernement".
D'autres observateurs soulignent ces phrases prononcées par le leader
socialiste dans son clip: "Tout peut-être dit avec un sourire... Le
pays dans lequel nous vivons me plaît, l'Espagne d'aujourd'hui me plaît,
l'Espagne démocratique". Elles semblent la réponse d'un citoyen
ordinaire au martial "Je suis fier d'être espagnol" proclamé
dans la vidéo d'un Mariano Rajoy flanqué du drapeau national.
Dans l'attente de joutes plus riches et moins frivoles, le Z de Zapatero
gagne-t-il la première manche préélectorale? Pour répondre,
il faudrait évaluer l'éventuel effet boomerang du Z.
"Arrêtez de vous payer notre tête en Zouriant" [en espagnol,
Zonriendo au lieu de sonriendo] vient de lancer au chef du gouvernement le
député nationaliste catalan Josep Antoni Duran Lleida, sans
doute insatisfait des pourtant larges concessions de M. Zapatero à
l'autonomie de la Catalogne.
Quant à la droite, qui reproche au leader socialiste d'avoir donné
des ailes au séparatisme basque et catalan, elle ne devrait pas tarder
à rappeler que zozobra (naufrage) s'écrit réellement
avec des z. Gare donc à ZoZobra. Et à ZoZo pour quiconque ambitionnerait
d'être le Zapatero français...