Retour
Espagne: martyrs pour l'Irak grâce au boucher du coin
Ce mode de financement "a surpris les enquêteurs" constate le journal. Il relève que les propriétaires de commerces légaux (notamment épiceries, boucheries et locaux de téléphonie) "font leurs apports [financiers] au djihad [guerre sainte] sans s'interroger sur la destination de l'argent, qui arrive finalement aux mains des terroristes via l'Hawala, un mode de paiement extra-bancaire basé sur la confiance". Selon un responsable espagnol de la lutte antiterroriste consulté par El Pais, "nous voyons des remises [d'argent] en échange de la promesse qu'il sera destiné au djihad. Ce sont de petites quantités, mais lorsqu'elles se multiplient cela devient beaucoup. Les donateurs ne veulent pas connaître de détails, mais être sûrs que leur argent sera destiné à la cause de Dieu". Paradoxalement, le policier indique que ces dons ne sont pas considérés comme des délits. El Pais ajoute que "les collectes dans les mosquées qui propagent des idées radicales, quelque 60 parmi les 600 d'Espagne, et le trafic de drogue sont d'autres sources de financement de l'envoi de combattants en Irak". Le journal révèle que "sur les panneaux d'annonces de plusieurs mosquées d'Andalousie sont épinglés des communiqués du Parti de la libération-Al Maghreb (Hizb ut Tahrir) qui demandent des recrues pour l'Irak". Se référant aux "statistiques officielles", le journal indique que "plus de 500 attaques suicide ont été enregistrées en Irak depuis le début de la guerre. 90% de leurs auteurs étaient étrangers, en majorité des salafistes algériens, comme Bellil". Recruté en Catalogne, l'Algérien Belgacem Bellil fut, rappelle El Pais, envoyé en octobre 2003 en Irak via la Belgique et la Syrie. Le 12 novembre 2003, il lançait son camion bourré d'explosifs contre la base italienne de Nassiriyah, tuant 19 carabiniers italiens et 9 Irakiens. Un autre martyr capté en Espagne et mort à 29 ans, en mai 2005, dans un attentat suicide en Irak est le Marocain Mohamed Afalah. Impliqué dans les attentats de Madrid (191 morts et près de 2.000 blessés) perpétrés le 11 mars 2004 par des islamistes se revendiquant d'Al-Qaïda, il avait réussi à fuir, gagnant lui aussi l'Irak via la Belgique et la Syrie. Les experts policiers espagnols interrogés par El Pais estiment que depuis le début de l'invasion américaine de l'Irak, quelque 80 jeunes musulmans recrutés en Espagne, en majorité des Maghrébins, ont renforcé l'insurrection contre l'occupation de ce pays arabe. Une centaine d'autres seraient partis du Royaume-Uni, 40 de France et 30 d'Italie. "Que se passera-t-il en Europe lorsque reviendront d'Irak les moudjahidines qui ne se seront sont pas immolés?" s'interroge un expert policier. El Pais laisse la réponse au directeur adjoint d'Europol, Mariano Simancas: "Ce sera une menace sérieuse pour les pays de l'Union européenne". © LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne
|