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Espagne-élections: duel Zapatero-Rajoy suivi par 13 millions de téléspectateurs
MADRID, mardi 26 février 2008 (LatinReporters.com) -
L'Espagnol moyen ne pourra plus prétendre qu'il ne s'intéresse
guère à la politique. A moins de deux semaines des élections
législatives du 9 mars, une moyenne de 13 millions de téléspectateurs
ont en effet suivi au soir du 25 février le débat opposant
le président du gouvernement socialiste, José Luis Rodriguez
Zapatero, au chef de l'opposition et président du Parti Populaire
(PP, droite), Mariano Rajoy. Et 22 des 40 millions d'Espagnols ont observé
ce duel pendant au moins une minute si l'on en croit les sondages. Il donnent
M. Zapatero vainqueur. Curieusement, M. Rajoy n'aurait pas été
vaincu. Extraits du débat Pour mesurer le fossé et l'animosité qui les séparent, voici la traduction des interventions initiales et finales, théoriquement les plus stratégiques dans un débat, de MM. Zapatero et Rajoy lors de leur duel du 25 février 2008: Mariano Rajoy (premier tour de parole) "Bonsoir [...] Comment peut-on dire que l'Espagne va très bien? Dans quels domaines véritablement importants allons-nous bien? Le logement? L'éducation? Nous sommes à la queue de l'Europe disent les organismes internationaux. L'immigration? Toute l'Europe a protesté contre le désordre que provoque ce gouvernement et nous, nous le souffrons. La sécurité? L'insécurité des citoyens croît de manière alarmante et nous importons des délinquants organisés en bandes très violentes. Qu'a fait Monsieur Zapatero pendant quatre ans en dehors de discuter de la nation et de se distraire avec l'Alliance des civilisations ou la [loi dite de la] Mémoire historique? Il a fait deux choses et les deux très mal, concernant la structure de l'Espagne et les rapports avec [les indépendantistes basques de] l'ETA. Pour son compte, il a voulu modifier le modèle de l'Etat et négocier avec les terroristes. Les deux opérations ont mal tourné. Aucune d'elles ne reposait sur l'appui des électeurs, car elles ne figuraient pas dans son programme électoral. Il l'a fait sans s'en remettre à personne et pour arriver à ses fins il a dû rompre tous les consensus de la transition [de la dictature franquiste à la démocratie], y compris le Pacte contre le terrorisme pour qu'il n'y ait pas de témoins. Il a eu besoin de mentir aux Espagnols sur ce qu'il faisait et il a dû mentir à l'opinion publique pour faire taire toute protestation. Aucun gouvernement n'a semé en démocratie autant de tension et de zizanie, tout en parlant d'entente, de savoir-faire et de coexistence. Nul [avant Zapatero] n'avait transmis aux Espagnols l'impression de cheminer sans but et de vivre au jour le jour [...]" José Luis Rodriguez Zapatero (premier tour de parole) "Bonsoir. Je me réjouis que nous ayons enfin ce débat. Ma satisfaction n'est pas personnelle. Elle se réfère aux citoyens qui vont pouvoir comparer ce soir deux projets politiques bien définis et différents [...]. Pour ma part, je viens solliciter l'appui à un projet en plein développement. Un projet ambitieux pour l'Espagne nécessitant quatre ans de plus. Un projet pour une Espagne prospère et décente. L'Espagne s'est convertie en huitième puissance économique mondiale. En revenu par habitant, nous avons dépassé l'Italie. L'Espagne est un pays qui s'occupe des jeunes, qui a créé trois millions d'emplois au cours de cette législature, plus de la moitié pour les femmes. Un pays qui appuie aussi les aînés. Nous avons augmenté les pensions minimales de 30%, la plus forte augmentation des pensions en une seule législature de notre démocratie. Un pays qui défend les femmes, avec la loi historique de l'égalité [...]. Le principal obstacle a été une opposition qui, dès le premier jour, n'a pas accepté le résultat électoral [la victoire socialiste aux législatives du 14 mars 2004], qui a recouru à l'insulte personnelle, comme vous-même Monsieur Rajoy, ce qui est une limite qu'on ne peut pas franchir en démocratie. Une opposition qui a crispé, qui a opposé les uns aux autres des citoyens de communautés régionales, qui a évolué dans le mensonge et l'exagération, qui n'a appuyé le gouvernement dans aucune des grandes questions d'Etat, qui n'a pas hésité à utiliser le terrorisme à des fins partisanes ni à se servir de la douleur des victimes [...]. L'alternative pour les prochaines élections est dialogue ou confrontation [...]." Mariano Rajoy (intervention finale) "Je voudrais que vous alliez dormir ce soir avec tranquillité, assurés que nous pouvons mettre les choses sur la bonne voie. Les élections nous offrent une grande opportunité et nous ne devrions pas la perdre [...]. Ce n'est pas pour moi que je sollicite votre vote. L'enjeu, ce n'est pas moi. Ce n'est pas moi qui gagnerai ou perdrai ces élections. C'est l'Espagne toute entière. L'enjeu est tout ce que nous pouvons faire si nous marchons ensemble et tout ce que nous pouvons perdre si nous ne le faisons pas [...]. Je veux que la petite fille qui naît en Espagne ait une famille, un logis et des parents ayant un travail. C'est le minimum que nous devons exiger pour tous. Je m'efforcerai spécialement qu'on s'occupe de la famille, qu'on puisse se loger et que le travail ne manque pas. Je veux que cette fillette, où qu'elle naisse, reçoive la meilleure éducation. Je veux qu'elle puisse parcourir le monde sans complexes, connaissant les langues et ayant un titre professionnel apprécié dans le monde entier. Je veux qu'elle soit un héraut de la liberté, de la tolérance et des droits humains, car elle aura grandi en liberté et ne craindra pas les idées des autres. Et elle aura appris à respecter tous ceux qui respectent la loi. Je veux qu'elle ressente l'orgueil profond d'être Espagnole, d'appartenir à une nation si ancienne, si admirable, qui lui aura offert les meilleures opportunités, mais qui aura été exigeante à son égard pour la convertir en femme mûre et responsable [...]. L'Espagne est l'affaire de tous et nous devons la prendre très au sérieux. Merci beaucoup et une très bonne nuit". José Luis Rodriguez Zapatero (intervention finale) "[...] Il y a quatre ans, je sollicitais les suffrages pour que nous revenions à la légalité internationale, que nos soldats en Irak reviennent d'une guerre illégale. Je sollicitais le votes pour accroître la prospérité et le bien-être de l'Espagne. Nous avons progressé économiquement et nous avons créé trois millions d'emplois [...]. Au cours des quatre prochaines années, je me propose de continuer à accroître la prospérité pour arriver au plein emploi, patrons et travailleurs travaillant ensemble. Je suis résolu à ce que l'égalité entre hommes et femmes, en droits et en salaires, rende compatible vie familiale et travail [...]. Je suis décidé à ce que l'Espagne soit à l'avant-garde de la lutte contre le changement climatique, de la qualité de l'éducation et des infrastructures C'est à notre portée. Je suis décidé à ce que l'Espagne défende toujours la paix dans le monde, loin des guerres illégales, augmentant l'aide au développement jusqu'à 0,7% [du PIB]. Tout est possible. Tout est à notre portée. Je travaillerai inspiré par les aînés, avec l'illusion de construire un futur pour nos enfants et avec l'ambition de progrès qu'ont les jeunes. Je ne peux pas promettre à tous le succès dans la vie, mais je peux m'engager à oeuvrer pour que tous aient les mêmes chances de succès et ceux qui n'y arrivent pas jouiront de la protection de notre pays. Bonne nuit et bonne chance". © LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne |