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Nomination par l'ONU après consultation avec l'Espagne et la Turquie Occident - Islam : Alliance des civilisations régie par l'ex-président du Portugal Jorge Sampaio
Visant principalement à rapprocher Islam et Occident, l'Alliance des civilisations avait été proposée le 21 septembre 2004 à l'Assemblée générale des Nations unies par le président du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, qui en partagea ensuite la paternité avec le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. "Le Haut Représentant apportera la vision et le leadership requis notamment pour promouvoir l'Alliance des civilisations en tant qu'initiative crédible et viable pour réduire les dangereuses tensions entre les diverses sociétés à travers le monde et pour atténuer la menace que ces tensions font peser sur la stabilité internationale" affirme Michèle Montas, porte-parole du Secrétaire général de l'ONU. La nomination d'un "Haut Représentant destiné à assister le Secrétaire général pour désamorcer les crises à l'intersection de la religion et de la politique" était recommandée dans le rapport d'un Comité de 20 "sages" remis en novembre 2006 à Istanbul à Kofi Annan, le prédécesseur de Ban Ki-moon. Parmi les 20 "sages" formant, selon le jargon onusien, un "Groupe de haut niveau" figurent l'Espagnol Federico Mayor Zaragoza, ancien directeur général de l'UNESCO, le Turc Mehmet Aydin, ministre d'Etat et professeur de théologie, l'ex-président iranien Mohammad Khatami, l'ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, le conseiller spécial du roi Mohammed VI du Maroc André Azoulay, l'historienne britannique spécialiste des religions Karen Amstrong et le secrétaire général ibéro-américain Enrique Iglesias. Traçant des lignes directrices sur lesquelles pourrait se baser la gestion du Haut Représentant Jorge Sampaio, le rapport des "sages" sur l'Alliance des civilisations estime que les migrations, l'intégration et les technologies effacent les différences entre civilisations et que "les raisons clefs du fossé grandissant entre les sociétés musulmanes et occidentales ne sont pas d'ordre religieux mais politique". Aux yeux des "sages", le règlement du conflit israélo-palestinien est essentiel pour éviter le choc entre l'Islam et l'Occident. Mais, ajoutent-ils, le monde musulman doit se démocratiser. Rédigé en anglais et en arabe, le rapport semble biaisé par un antioccidentalisme qui attribue le péché originel à "l'impérialisme européen" relayé par l'agressivité américaine. Les "sages" ont néanmoins la valeur d'affirmer que "le terrorisme ne peut jamais être justifié" et de condamner "l'interprétation distordue du Coran" par les partisans de la violence. Le rapport incrimine en outre, comme facteur clef de la montée de l'extrémisme dans certains pays musulmans, la répression de l'opposition non violente et la lenteur des réformes. Au nom du pluralisme politique, les dirigeants des pays musulmans sont appelés par les "sages" à ouvrir un espace à la pleine participation des partis politiques non violents, qu'ils soient religieux ou séculaires. Les gouvernements occidentaux sont en contrepartie invités à être cohérents dans leur soutien au pluralisme, en respectant notamment le résultat des élections. Ce rapport des "sages" sur l'Alliance des civilisations recommande aussi la création d'un Fonds mondial pour la solidarité avec la jeunesse et la promotion d'une éducation aux droits de l'homme et au multiculturalisme parmi les jeunes. Un communiqué officiel diffusé à Madrid exprime la "satisfaction" du président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, pour la nomination du Haut Représentant Jorge Sampaio, dont "l'engagement dans la défense des droits de l'homme" garantira le rôle de l'Alliance des civilisations pour "réduire les tensions entre cultures et la menace des extrémismes". Toutefois, en novembre et décembre 2006, le gouvernement espagnol ne cachait pas son espoir d'une attribution de ce poste de Haut Représentant de l'Alliance des civilisations à Kofi Annan, alors Secrétaire général sortant des Nations unies. En mai 2006, Kofi Annan avait nommé Jorge Sampaio "Premier envoyé spécial [de l'ONU] pour l'initiative Halte à la tuberculose". Que la lutte contre la tuberculose soit un tremplin vers l'Alliance des civilisations jette un doute sur l'impact géo-politique actuel de cette dernière, mais non sur les qualités de l'ancien président du Portugal.
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