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Espagne - Changement climatique: plages menacées, Vierge suppliée

Un recul de la plage de 50 m signifierait la disparition de cette Playa de Levante à Benidorm
Photo LatinReporters.com
MADRID, samedi 9 septembre 2006 (LatinReporters.com) - Le changement climatique assèche l'Espagne et menace ses plages. Avant 2050, elles reculeront de 15 mètres en moyenne et jusqu'à 50 m sur la Costa Brava selon un rapport de l'Université de Cantabrie. La sécheresse précède cette marée haute progressive. En Murcie, on supplie la Vierge d'amener la pluie.

Aux confins sud-est de l'Espagne, entre Méditerranée et désert d'Almeria où Sergio Leone anoblissait le western spaghetti, l'aride Murcie est paradoxalement l'un des grands potagers d'Europe avec ses cultures irriguées sous serres plastifiées. Mais après deux années consécutives de sécheresse, l'irrigation est incertaine.

Le président de la région, Ramon Luis Valcarcel, est un notable du Parti Populaire, le PP qui mène l'opposition conservatrice et catholique au gouvernement espagnol du socialiste Zapatero. Logique donc qu'il se fie plus à la Vierge qu'à la ministre socialiste de l'Environnement, Cristina Narbona, dont les promesses de dessaler l'eau de mer en suffisance demeurent évangéliques, faute de concrétisation.

L'évêque de Murcie, Mgr Juan Antonio Reig Pla, une foule d'agriculteurs et Ramon Luis Valcarcel devaient réciter ensemble samedi le "Ad pretendam pluviam", prière collective implorant la Virgen de la Fuensanta -la Vierge de la Source sainte- de faire tomber l'eau du ciel.

Mais pas trop, Votre Sainteté, car selon l'étude "Impact sur les côtes espagnoles du changement climatique", élaborée à la demande du ministère de Cristina Narbona par l'Université de Cantabrie et résumée par le quotidien El Pais, les plages de Murcie reculeront elles aussi sous une montée des eaux, marines il est vrai.

En 2050, prédit le rapport, le niveau de la mer aura grimpé d'au moins 12 à 15 centimètres. Plus que la fonte des glaciers, c'est la dilatation du volume de l'eau sous l'effet du réchauffement planétaire qui submergerait, sur les 6.000 km de côtes espagnoles, les salons des hôtels et villas trop proches du bord de mer.

La Costa Brava et la Manga del Mar Menor seraient particulièrement menacées. "Je n'y achèterais pas une maison. Ce serait un mauvais investissement, car je doute que mes enfants puissent en jouir" prétend le directeur du rapport et professeur d'océanographie Raul Medina, cité par El Pais.

Evalué à 15 mètres en moyenne et jusqu'à trois fois plus sur la Costa Brava, le recul consécutif des plages ibériques au cours des cinq prochaines décennies inquiétera les promoteurs immobiliers. Mais même après des millénaires, ce recul n'allongerait que peu l'odyssée des nouveaux vikings de l'immigration, ces milliers de clandestins subsahariens qui bravent l'Atlantique sur des pirogues entre le Sénégal et l'archipel des Canaries.




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