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Pérou-Humala: la gauche domine la présidentielle et le Parlement

par Christian Galloy - Analyste politique, directeur de LatinReporters.com

Ollanta Humala et son épouse Nadine Heredia - Photo PNP
Lundi, 10 avril 2006 (LatinReporters.com) - Sympathisant du président vénézuélien Hugo Chavez, le nationaliste Ollanta Humala est en tête de l'élection présidentielle tenue dimanche au Pérou. Le social-démocrate Alan Garcia l'affrontera au 2d tour s'il conserve son avantage minime sur la conservatrice Lourdes Flores. Toutes tendances confondues, la gauche est majoritaire. Elle dominera le Congrès (Parlement).


Lieutenant-colonel à la réserve et ex-putschiste, Ollanta Humala, métis de 43 ans candidat de l'Union pour le Pérou (UPP), devançait lundi soir ses 19 rivaux de la présidentielle après dépouillement de 79,88% des bulletins de vote. Recueillant 30,20% des suffrages valablement émis, il était suivi de l'ex-président social-démocrate Alan Garcia (APRA - 24,87% ) et de la conservatrice chrétienne Lourdes Flores (Unité nationale - 24,10%).

Aucun des candidats n'ayant obtenu la majorité absolue, le successeur du président centriste Alejandro Toledo surgira d'un second tour, fin mai ou début juin. Si Ollanta Humala semble assuré d'y participer, l'incertitude demeure sur l'identité de son prochain adversaire, vu la minceur de l'écart entre Alan Garcia et Lourdes Flores. La directrice de l'Office national des processus électoraux (ONPE), Magdalena Chu, n'exclut pas qu'il faille attendre la publication officielle des résultats définitifs, fin avril, pour lever cette inconnue.

Dans l'immédiat, la principale constatation est le virage global à gauche du Pérou, dans le sillage d'une tendance lourde en Amérique latine. Ollanta Humala et le social-démocrate Alan Garcia réunissent en effet ensemble plus de 54% des suffrages au stade actuel du dépouillement.

Leur affrontement éventuel au second tour soulignerait les clivages entre les deux gauches au pouvoir dans la région: d'une part, la "cubano-bolivarienne" antiglobalisation et très antiaméricaine (Venezuela, Cuba, Bolivie et Pérou si Humala devenait président) et, d'autre part, celle de l'économie sociale de marché plus proche de l'Internationale socialiste (Chili, Brésil, Uruguay et Costa Rica), quoiqu'une surprenante victoire finale d'Alan Garcia situerait le Pérou dans une gauche intermédiaire peut-être comparable à celle du président argentin Nestor Kirchner.

Avant le premier tour, tous les sondages prédisaient la victoire finale de Lourdes Flores en cas de duel au second tour face à Ollanta Humala ou à Alan Garcia. Mais même si la candidate conservatrice accédait à la présidence, elle pourrait être aussitôt paralysée par le Parlement à majorité de gauche issu des élections législatives concomitantes, dimanche, de la présidentielle.

L'institut de sondages Apoyo, très estimé au Pérou, calcule que l'Unité Nationale de Lourdes Flores ne comptera que 19 des 120 parlementaires du Congrès monocaméral, contre 43 à l'UPP d'Ollanta Humala et 35 à l'APRA d'Alan Garcia. Les deux grandes gauches péruviennes totaliseraient ainsi les deux tiers des élus.

Pour pousser plus loin l'analyse, mieux vaut attendre que les résultats officiels désignent avec certitude les deux adversaires du second tour de la présidentielle. Leurs marchandages probables en quête d'appuis pourraient brouiller les déductions rationnelles.




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