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Le Râleur latino - Pays basque et ETA: la paix attendra

Extrait du communiqué diffusé par les Basques de l'ETA le 18 février 2006
MADRID, dimanche 19 février 2006 (LatinReporters.com) - L'ETA ignore le mot trêve. Comme ceux d'il y a 30 ans, son dernier communiqué réclame l'autodétermination du Pays basque. Annoncé par le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, chef du gouvernement espagnol, "le début de la fin" de l'organisation armée séparatiste reste dans le nuage rose officiel.

"Zapatero, on l'adore. Grâce à lui, nous dominons la bombe médiatique". Cette opinion imaginaire (vraiment?) qu'on attribuerait volontiers à l'ETA est confortée dimanche par la une de tous les médias d'Espagne. Le communiqué diffusé samedi par les séparatistes y éclipse le Hamas, Bush, Mahomet et même le premier canard peut-être foudroyé par la grippe aviaire dans la péninsule ibérique.

"Paix imminente avec l'ETA"... Les innombrables médias qui lançaient cette semaine encore un titre similaire en s'abreuvant du "début de la fin" annoncé par Zapatero étaient logiquement à l'affût d'un nouveau communiqué des séparatistes. Quel que soit leur discours, les honneurs de la une étaient assurés.

Et en revendiquant "le respect de ce que la patrie basque décidera à propos de son futur", ce discours réitère l'exigence du droit à l'autodétermination. Le mécanisme zapatériste de l'ouverture d'un dialogue après l'annonce d'un adieu aux armes est inversé par l'ETA. Elle affirme en effet qu'il faudra encore "lutter durement" avant de savoir comment, dans le cadre d'une négociation qualifiée par les séparatistes de "seul chemin possible", tant les socialistes de M. Zapatero que les nationalistes modérés entendent "reconnaître et respecter les droits de la patrie basque".

Zapatero est donc prié de faire des concessions politiques, qu'il a pourtant solennellement exclues en obtenant du Parlement, en mai 2005, l'autorisation d'ouvrir un dialogue avec l'ETA si celle-ci, qui n'a plus tué depuis mai 2003, renonçait à toute forme de violence.

Visant sans doute à accentuer la pression de la société sur les séparatistes basques, l'optimisme apparemment évangélique de Zapatero est aussi ébréché par la revendication, dans le communiqué de samedi, des huit attentats (sans victimes) perpétrés depuis le début de l'année par l'ETA contre des infrastructures et bâtiments publics espagnols et contre un établissement qui a refusé de payer l'impôt révolutionnaire.

Samedi encore, à Bilbao, des milliers de Basques manifestaient contre la rigueur des tribunaux espagnols à l'égard de prévenus indépendantistes. En tête du cortège défilaient côte à côte des responsables du Parti nationaliste (PNV, qui domine le gouvernement régional) et du parti Batasuna, théoriquement interdit (mais désormais toléré) pour n'être, selon la justice, que la vitrine politique de l'ETA.

Presqu'à la même heure, au cri de "Nous sommes une nation", plus de cent mille Catalans manifestaient à Barcelone contre le rabotage, par le Parlement espagnol, du projet de nouveau statut d'autonomie régionale.

Zapatero pourra-t-il contrôler les fauves indépendantistes qu'il prétendait caresser? Pareille incertitude servait d'excuse, il y a juste 25 ans, à la tentative de putsch militaire du 23 février 1981.

Le plus râlant serait que le politiquement correct fasse croire que marier les gays et mépriser Bush suffirait à préserver l'Espagne d'une dégringolade dans le tunnel du temps ou d'un retour en force de la droite la plus archaïque d'Europe.

Le Râleur latino

[P.-S. Selon une dépêche d'une agence internationale, le communiqué de l'ETA affirmerait que, pour les Basques, "le moment est arrivé de faire des compromis".

Il s'agit d'une mauvaise traduction du mot espagnol "compromisos", qui signifie ici "engagements" et non "compromis". L'ETA invite en fait les acteurs politiques et sociaux de la société basque à prendre les engagements nécessaires pour mieux défendre leur identité.]




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