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La CAN survit malgré la sortie du Venezuela Présidée par Evo Morales, la Communauté andine sollicite l'UE et les Etats-Unis
Lors du Conseil andin réuni le 13 juin à Quito, le président bolivien Evo Morales a succédé au Vénézuélien Hugo Chavez à la présidence annuelle tournante de la CAN. Le 19 avril dernier, Hugo Chavez claquait la porte de la Communauté andine, l'estimant dénaturée par les traités de libre-échange que la Colombie et le Pérou ont signé avec Washington. Née en 1969, la CAN comptait avec le Venezuela 120 millions d'habitants et couvrait le tiers du commerce sud-américain. Politiquement, il est intéressant de constater qu'Evo Morales, pourtant allié idéologique et commercial privilégié d'Hugo Chavez, préside désormais une CAN qui a réaffirmé à Quito la volonté de se consolider. Dans ce contexte, les quatre présidents andins -Evo Morales (Bolivie), Alejandro Toledo (Pérou), Alfredo Palacio (Equateur) et Alvaro Uribe (Colombie)- ont demandé par lettre au président américain George W. Bush le maintien d'avantages douaniers qui arrivent à échéance en décembre et que les Etats-Unis octroient aux pays de la CAN pour les inciter à lutter contre les stupéfiants. Ces avantages sont consignés dans l'Andean Trade Preferential Drug Eradication Act (ATPDEA - Accord commercial préférentiel andin d'éradication de la drogue). Ils permettent aux exportateurs de la Communauté andine de maintenir des dizaines de milliers d'emplois. Les observateurs soulignent qu'Evo Morales a donc souscrit cette requête adressée à celui que l'axe bolivarien Venezuela-Cuba-Bolivie considère comme "l'ennemi impérialiste". Le président Morales a confirmé jeudi à La Paz l'envoi imminent aux Etats-Unis d'une délégation conduite par le vice-président Alvaro Garcia Linera pour insister sur la demande d'une prorogation de l'ATPDEA. Tant la survie de la CAN que le réalisme apparent et peut-être contraint du président Morales seraient des conséquences de la réélection triomphale, le 28 mai, du conservateur pro-américain Alvaro Uribe à la présidence de la Colombie et de l'élection à la présidence du Pérou, le 4 juin, du social-démocrate Alan Garcia. Ce dernier succédera à Alejandro Toledo le 28 juillet. Il a vaincu l'ex-officier putschiste nationaliste Ollanta Humala, soutenu ostensiblement par Hugo Chavez, dont l'influence en Amérique du Sud semble à présent délimitée. Les présidents des quatre pays de la CAN ont également adressé une lettre au président de la Commission européenne, José Manuel Durão Barroso. Ils y annoncent leur décision, prise à Quito, "d'impulser le processus conduisant à l'ouverture de négociations de l'Accord d'association entre la Communauté andine et l'Union européenne, conformément à ce qui a été approuvé au Sommet de Vienne". Réuni du 11 au 13 mai à Vienne (Autriche), le IVe sommet Union européenne-Amérique latine et Caraïbes indiquait dans sa déclaration finale que la CAN et l'UE avaient décidé "de tenir, avant le 20 juillet prochain, toutes les réunions nécessaires dans le but de préciser et de définir les bases de la négociation" d'un accord d'association couvrant "dialogue politique, coopération et libre-échange commercial". Derrière cette phraséologie diplomatique, l'Union européenne voulait s'assurer, avant de négocier avec la Communauté andine, que celle-ci cimenterait son unité et surtout qu'elle surmonterait la crise déclenchée par la sortie du Venezuela. Considérant avoir rempli cette condition en décidant à Quito "de consolider notre processus d'intégration", les présidents des pays de la CAN demandent dans leur lettre au président de la Commission européenne "la tenue dans les prochains jours des réunions nécessaires entre les autorités des deux blocs" afin de déblayer le chemin vers l'Accord d'association. © LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne
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