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La CAN survit malgré la sortie du Venezuela
Présidée par Evo Morales, la Communauté andine sollicite l'UE et les Etats-Unis
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Evo Morales à la tribune de la Communauté andine qu'il préside (13 juin 2006) Photo Min. de Rel. Exteriores del Ecuador |
QUITO, vendredi 16 juin 2006 (LatinReporters.com) - Abandonnée
par le Venezuela, la Communauté andine des nations (CAN) continue
d'exister. Réunis à Quito, les présidents de ses quatre
membres actuels - Bolivie, Pérou, Equateur et Colombie- ont sollicité
la négociation d'un accord d'association avec l'Union européenne
(UE) et le renouvellement d'avantages douaniers qu'octroient les Etats-Unis.
Lors du Conseil andin réuni le 13 juin à Quito, le président
bolivien Evo Morales a succédé au Vénézuélien
Hugo Chavez à la présidence annuelle tournante de la CAN. Le
19 avril dernier, Hugo Chavez claquait la porte de la Communauté andine,
l'estimant dénaturée par les traités de libre-échange
que la Colombie et le Pérou ont signé avec Washington. Née
en 1969, la CAN comptait avec le Venezuela 120 millions d'habitants et couvrait
le tiers du commerce sud-américain.
Politiquement, il est intéressant de constater qu'Evo Morales, pourtant allié
idéologique et commercial privilégié d'Hugo Chavez,
préside désormais une CAN qui a réaffirmé à
Quito la volonté de se consolider.
Dans ce contexte, les quatre présidents andins -Evo Morales (Bolivie),
Alejandro Toledo (Pérou), Alfredo Palacio (Equateur) et Alvaro Uribe (Colombie)-
ont demandé par lettre au président américain George
W. Bush le maintien d'avantages douaniers qui arrivent à échéance
en décembre et que les Etats-Unis octroient aux pays de la CAN pour
les inciter à lutter contre les stupéfiants.
Ces avantages sont consignés dans l'Andean Trade Preferential Drug Eradication Act
(ATPDEA - Accord commercial préférentiel andin d'éradication
de la drogue). Ils permettent aux exportateurs de la Communauté andine de maintenir des
dizaines de milliers d'emplois.
Les observateurs soulignent qu'Evo Morales a donc souscrit cette requête
adressée à celui que l'axe bolivarien Venezuela-Cuba-Bolivie
considère comme "l'ennemi impérialiste". Le président
Morales a confirmé jeudi à La Paz l'envoi imminent aux Etats-Unis d'une
délégation conduite par le vice-président Alvaro Garcia
Linera pour insister sur la demande d'une prorogation de l'ATPDEA.
Tant la survie de la CAN que le réalisme apparent et peut-être contraint du président
Morales seraient des conséquences de la réélection triomphale,
le 28 mai, du conservateur pro-américain Alvaro Uribe à la
présidence de la Colombie et de l'élection à la présidence
du Pérou, le 4 juin, du social-démocrate Alan Garcia. Ce dernier succédera
à Alejandro Toledo le 28 juillet. Il a vaincu l'ex-officier putschiste nationaliste Ollanta Humala, soutenu ostensiblement
par Hugo Chavez, dont l'influence en Amérique du Sud semble à
présent délimitée.
Les présidents des quatre pays de la CAN ont également adressé
une lettre au président de la Commission européenne, José
Manuel Durão Barroso. Ils y annoncent leur décision, prise
à Quito, "d'impulser le processus conduisant à l'ouverture
de négociations de l'Accord d'association entre la Communauté
andine et l'Union européenne, conformément à ce qui
a été approuvé au Sommet de Vienne".
Réuni du 11 au 13 mai à Vienne (Autriche), le IVe sommet Union
européenne-Amérique latine et Caraïbes indiquait dans
sa déclaration finale que la CAN et l'UE avaient décidé
"de tenir, avant le 20 juillet prochain, toutes les réunions nécessaires
dans le but de préciser et de définir les bases de la négociation"
d'un accord d'association couvrant "dialogue politique, coopération
et libre-échange commercial".
Derrière cette phraséologie diplomatique, l'Union européenne
voulait s'assurer, avant de négocier avec la Communauté andine,
que celle-ci cimenterait son unité et surtout qu'elle
surmonterait la crise déclenchée par la sortie du Venezuela.
Considérant avoir rempli cette condition en décidant à
Quito "de consolider notre processus d'intégration", les présidents des pays de
la CAN demandent dans leur lettre au président de la Commission
européenne "la tenue dans les prochains jours des réunions
nécessaires entre les autorités des deux blocs" afin de déblayer
le chemin vers l'Accord d'association.
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