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Croyant à un bénéfice politique appréciable
La Colombie étudie son appui à l'OTAN en Afghanistan, en excluant d'y combattre

BOGOTA / MADRID, vendredi 8 août 2008 (LatinReporters.com) - Renforcer en Afghanistan, sans y combattre, la coalition militaire sous commandement de l'OTAN qui lutte contre les talibans et Al-Qaida valoriserait l'ambition de la Colombie de faire reconnaître son combat interne contre la guérilla marxiste des FARC comme une contribution à la guerre internationale contre le terrorisme. L'Espagne pourrait faciliter l'initiative colombienne.

"Aujourd'hui, on a tellement confiance en notre armée et en notre police qu'on nous a demandé d'apporter notre aide en Afghanistan. Pas avec des troupes, mais avec des experts en mines antipersonnel et des experts en éradication de drogues" déclarait le 7 août à Bogota le président colombien Alvaro Uribe lors de la célébration du Jour de l'armée nationale.

Même limitée à des tâches dites pacifiques, la présence de militaires colombiens en Afghanistan mettrait le président conservateur Uribe, déjà très appuyé par George W. Bush, sur une même longueur d'onde stratégique que le futur président des Etats-Unis, Barack Obama ou John McCain, et que le président français, Nicolas Sarkozy, que ses (mauvais) conseillers dans l'affaire Betancourt ont longtemps empêché d'apprécier la réalité colombienne.

C'est au contingent dépêché par l'Espagne en Afghanistan que des militaires colombiens pourraient être rattachés. Bogota et Madrid l'admettent, mais en précisant qu'il ne s'agit actuellement que d'une éventualité. Si elle se concrétisait, la Colombie serait l'unique pays latino-américain représenté en Afghanistan au sein de l'ISAF (International Security and Assistance Force), la coalition de 40 pays forte de plus de 50.000 hommes. Le parti colombien de gauche Polo Democratico Alternativo, principale force démocratique d'opposition au président Uribe, se déclare hostile à toute participation dans des conflits extérieurs.

Contrairement à quatre pays d'Amérique centrale, la Colombie ne s'est pas impliquée dans la controversée guerre en Irak. Bogota n'envisagerait que l'envoi d'une centaine de militaires en Afghanistan, où l'ISAF a été clairement autorisée par l'Organisation des Nations unies. Ce chiffre modeste ne réduirait pas la portée politique d'une initiative qui intensifierait les liens entre la Colombie et les grandes démocraties occidentales membres de l'ISAF (Etats-Unis, France, Canada, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Australie, etc.). Avant toute décision, Bogota devra toutefois évaluer les réactions possibles en Amérique latine.

Le ministère colombien de la Défense diffusait le 6 août ce communiqué prudent:
    "La Colombie évalue la possibilité d'appuyer des missions de l'OTAN

    Une délégation d'officiers colombiens est partie aujourd'hui vers l'Afghanistan afin d'évaluer des possibilités de coopération dans ce pays. La délégation colombienne est composée de sept officiers des forces militaires et de la police nationale, menés par le général Gustavo Matamoros.

    Ils analyseront, conformément à l'expérience colombienne, la meilleure manière de collaborer en Afghanistan et les domaines dans lesquels la Colombie pourrait offrir ses connaissances, dans des activités relevant d'ingénieurs militaires, des travaux de déminage humanitaire, des opérations spéciales et la lutte contre le narcotrafic.

    La Colombie a été en contact avec l'OTAN et les gouvernements de l'Espagne, des Etats-Unis et du Royaume-Uni afin de réaliser cette tâche de manière coordonnée.

    La décision d'une participation en Afghanistan n'a pas été prise par le gouvernement colombien, étant donné qu'elle se situe à peine dans une phase d'analyse".
La Colombie forme déjà sur son territoire des agents afghans à la lutte contre les stupéfiants. Sous réserve de ce que pourraient recouvrir les "opérations spéciales", le communiqué reflète le souhait du gouvernement du président Uribe d'aider éventuellement l'ISAF par des interventions humanitaires ou des travaux d'infrastructures, sans prendre part aux combats.

"Participer aux missions de paix dans le monde"

"Nous croyons qu'il faut commencer à penser au post-conflit et au rôle que peuvent jouer les troupes colombiennes dans des missions de paix dans le monde" a déclaré le ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos. Il a révélé que la Colombie a sollicité sa participation à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti.

Selon le général Freddy Padilla de Leon, commandant des forces militaires colombiennes, "il existe la possibilité qu'elle [la mission en Afghanistan] s'effectue sous le drapeau du gouvernement de l'Espagne". Le 5 juillet dernier, le ministre Santos rencontrait à Madrid son homologue espagnole, la socialiste Carme Chacon. L'Afghanistan fut au menu de leurs conversations.

Des sources du ministère espagnol de la Défense confirment que la manière d'incorporer des militaires colombiens au contingent espagnol en Afghanistan "est étudiée", mais qu'aucune décision n'est encore prise.

L'Espagne a dépêché en Afghanistan quelque 800 militaires, basés au nord-ouest du pays, à Qal-i-Naw et à Hérat. Plusieurs dizaines de Latino-Américains font déjà partie de ce contingent , mais venus en Espagne par la filière de l'immigration, ils ne représentent pas leur pays comme le ferait le contingent dont l'envoi est actuellement étudié par la Colombie.

L'armée espagnole admet des recrues originaires des pays latino-américains et de la Guinée équatoriale, ancienne colonie africaine de l'Espagne. Quatre-vingt pour cent de ces recrues étrangères viennent de l'Equateur et de la Colombie. Elles constituent 5,5% des 78.000 militaires professionnels de l'armée espagnole. Dans les unités d'intervention telles que la Légion et la Brigade parachutiste, en première ligne dans les missions extérieures, le pourcentage d'étrangers atteint 30%.

Cette réalité faciliterait l'intégration d'un éventuel contingent officiel colombien au contingent espagnol en Afghanistan.




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