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Croyant à un bénéfice politique appréciable
La Colombie étudie son appui à l'OTAN en Afghanistan, en excluant d'y combattre
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Le ministre colombien
de la Défense, Juan Manuel Santos, le 5 juillet 2008 à Madrid
avec son homologue espagnole, la socialiste Carme Chacon. L'Afghanistan fut
au menu de leurs conversations - Photo © mde.es |
BOGOTA / MADRID, vendredi 8 août 2008 (LatinReporters.com) - Renforcer en Afghanistan, sans y
combattre, la coalition militaire sous commandement de l'OTAN qui lutte contre
les talibans et Al-Qaida valoriserait l'ambition de la Colombie de faire
reconnaître son combat interne contre la guérilla marxiste
des FARC comme une contribution à la guerre internationale contre
le terrorisme. L'Espagne pourrait faciliter l'initiative colombienne.
"Aujourd'hui, on a tellement confiance en notre armée et en notre police qu'on nous a demandé d'apporter notre aide en Afghanistan. Pas avec des troupes, mais avec des experts en mines antipersonnel et des experts en éradication de drogues" déclarait
le 7 août à Bogota le président colombien Alvaro Uribe
lors de la célébration du Jour de l'armée nationale.
Même limitée à des tâches dites pacifiques, la présence de militaires
colombiens en Afghanistan mettrait le président conservateur Uribe,
déjà très appuyé par George W. Bush, sur une même
longueur d'onde stratégique que le futur président des Etats-Unis,
Barack Obama ou John McCain, et que le président français, Nicolas Sarkozy, que
ses (mauvais) conseillers dans l'affaire Betancourt ont longtemps empêché
d'apprécier la réalité colombienne.
C'est au contingent dépêché par l'Espagne en Afghanistan
que des militaires colombiens pourraient être rattachés. Bogota
et Madrid l'admettent, mais en précisant qu'il ne s'agit actuellement
que d'une éventualité. Si elle se concrétisait, la
Colombie serait l'unique pays latino-américain représenté
en Afghanistan au sein de l'ISAF (International Security and Assistance Force), la coalition de 40
pays forte de plus de 50.000 hommes. Le parti colombien de gauche Polo Democratico
Alternativo, principale force démocratique d'opposition au président
Uribe, se déclare hostile à toute participation dans des conflits
extérieurs.
Contrairement à quatre pays d'Amérique centrale, la Colombie ne s'est pas impliquée dans la controversée guerre en Irak. Bogota n'envisagerait que l'envoi
d'une centaine de militaires en Afghanistan, où l'ISAF a été
clairement autorisée par l'Organisation des Nations unies. Ce chiffre
modeste ne réduirait pas la portée politique d'une initiative
qui intensifierait les liens entre la Colombie et les grandes démocraties
occidentales membres de l'ISAF (Etats-Unis, France, Canada, Allemagne,
Royaume-Uni, Italie, Espagne, Australie, etc.). Avant toute décision,
Bogota devra toutefois évaluer les réactions possibles en Amérique
latine.
Le ministère colombien de la Défense diffusait le 6 août ce communiqué
prudent:
"La Colombie évalue la possibilité d'appuyer des missions
de l'OTAN
Une délégation d'officiers colombiens est partie aujourd'hui
vers l'Afghanistan afin d'évaluer des possibilités de coopération
dans ce pays. La délégation colombienne est composée
de sept officiers des forces militaires et de la police nationale, menés
par le général Gustavo Matamoros.
Ils analyseront, conformément à l'expérience colombienne,
la meilleure manière de collaborer en Afghanistan et les domaines
dans lesquels la Colombie pourrait offrir ses connaissances, dans des activités
relevant d'ingénieurs militaires, des travaux de déminage
humanitaire, des opérations spéciales et la lutte contre le
narcotrafic.
La Colombie a été en contact avec l'OTAN et les gouvernements
de l'Espagne, des Etats-Unis et du Royaume-Uni afin de réaliser cette
tâche de manière coordonnée.
La décision d'une participation en Afghanistan n'a pas été
prise par le gouvernement colombien, étant donné qu'elle se
situe à peine dans une phase d'analyse".
La Colombie forme déjà sur son territoire des agents afghans à la lutte
contre les stupéfiants. Sous réserve de ce que pourraient recouvrir les "opérations
spéciales", le communiqué reflète le souhait du gouvernement
du président Uribe d'aider éventuellement l'ISAF par des interventions
humanitaires ou des travaux d'infrastructures, sans prendre part aux combats.
"Participer aux missions de paix dans le monde"
"Nous croyons qu'il faut commencer à penser au post-conflit et au
rôle que peuvent jouer les troupes colombiennes dans des missions de
paix dans le monde" a déclaré le ministre colombien de la Défense,
Juan Manuel Santos. Il a révélé que la Colombie a sollicité
sa participation à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation
en Haïti.
Selon le général Freddy Padilla de Leon, commandant des forces
militaires colombiennes, "il existe la possibilité qu'elle [la mission
en Afghanistan] s'effectue sous le drapeau du gouvernement de l'Espagne".
Le 5 juillet dernier, le ministre Santos rencontrait à Madrid
son homologue espagnole, la socialiste Carme Chacon. L'Afghanistan fut au
menu de leurs conversations.
Des sources du ministère espagnol de la Défense confirment
que la manière d'incorporer des militaires colombiens au contingent
espagnol en Afghanistan "est étudiée", mais qu'aucune décision
n'est encore prise.
L'Espagne a dépêché en Afghanistan quelque 800 militaires,
basés au nord-ouest du pays, à Qal-i-Naw et à Hérat.
Plusieurs dizaines de Latino-Américains font déjà partie
de ce contingent , mais venus en Espagne par la filière de l'immigration,
ils ne représentent pas leur pays comme le ferait le contingent dont
l'envoi est actuellement étudié par la Colombie.
L'armée espagnole admet des recrues originaires des pays latino-américains
et de la Guinée équatoriale, ancienne colonie africaine de
l'Espagne. Quatre-vingt pour cent de ces recrues étrangères
viennent de l'Equateur et de la Colombie. Elles constituent 5,5% des 78.000 militaires professionnels de l'armée espagnole. Dans les unités d'intervention telles que la Légion et la Brigade
parachutiste, en première ligne dans les missions extérieures,
le pourcentage d'étrangers atteint 30%.
Cette réalité faciliterait l'intégration d'un éventuel
contingent officiel colombien au contingent espagnol en Afghanistan.
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