Retour
Colombie-FARC: Ingrid Betancourt "pas dans un pays voisin" et "la voie de l'échange reste ouverte"
Séquestrée depuis le 23 février 2002 par les FARC, la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, ex-candidate écologiste à la présidence de la Colombie, vient d'entamer sa sixième année de captivité. "La libération d'Ingrid Betancourt et de tous les prisonniers au pouvoir des parties aurait pu aujourd'hui faire partie de l'histoire si [le président colombien Alvaro] Uribe avait accédé à la démilitarisation des municipalités de Florida et Pradera" estime Ivan Marquez, l'un des principaux commandants des FARC, dans un communiqué publié par l'agence ANNCOL, proche de la guérilla. La juridiction des municipalités de Florida et de Pradera couvre un territoire de 800 km2 dans le sud-ouest colombien. Ivan Marquez ne mentionne pas la proposition faite en décembre 2005 par la France, la Suisse et l'Espagne de restreindre la démilitarisation à 180 km2 du même territoire, autour de la localité d'El Retiro, pour y ouvrir des négociations. Il s'agissait de démilitariser pendant "45 jours pour faciliter l'accord d'échange humanitaire et disposer d'un cadre sûr pour livrer et accueillir [les prisonniers de chaque partie]. La présence nécessaire de la guérilla, garante de la sécurité des porte-parole des insurgés, fut convertie par [le président] Uribe en obstacle insurmontable artificiel" poursuit Ivan Marquez. Il confirme ainsi qu'aux yeux des FARC, une démilitarisation signifierait le retrait de soldats et policiers, mais non de guérilleros. Selon Bogota, quelque 1.600 hommes, femmes et enfants seraient détenus par les FARC, mais l'accord dit humanitaire n'inclut que près de 60 otages "politiques", dont Ingrid Betancourt et trois Américains. Les FARC offrent leur libération en échange de celle des rebelles prisonniers (environ 500), y compris -et ce point est un obstacle considérable- deux chefs de la guérilla extradés aux Etats-Unis où ils sont accusés de trafic de drogue. Selon Ivan Marquez, "à la fin de l'année dernière, il [le président Uribe] s'était engagé à dégager sans conditions Florida et Pradera, mais lorsque la guérilla le prit au mot, il recula, prenant comme infâme prétexte l'explosion d'une bombe à l'Ecole supérieure de guerre de l'armée dans le canton nord de Bogota. Infâme, car l'armée n'a jamais cessé d'attaquer et de bombarder la guérilla et parce qu'il n'existait pas d'engagement de cessez-le-feu ou de trêve obligeant les FARC et l'Etat colombien". "Malgré tout, en ce qui concerne les FARC, la voie de l'échange [humanitaire] reste ouverte. Il suffit seulement d'un dégagement ["despeje", terme équivalent dans ce contexte à démilitarisation, en l'occurrence de Florida et Pradera] dans les termes exposés et que le pays connaît très bien" poursuit Ivan Marquez. Il ne voit "ni queue ni tête au récent conte d'Uribe dans Le Figaro de France, selon lequel Ingrid Betancourt serait retenue dans un pays voisin". Et d'avertir: "Le sauvetage militaire [d'otages des FARC envisagé par le président Uribe] est tout simplement une irresponsabilité... L'actuel ministre des Relations extérieures [Fernando Araujo, nommé ministre le 19 février; otage des FARC pendant six ans, il parvenait à leur échapper le 31 décembre dernier] n'a bénéficié que d'une chance sur mille... Au lieu de l'esquiver, [le président] Uribe devrait regarder en face l'échange [humanitaire]". Par ailleurs, revenant sur le site Internet des FARC sur le scandale des liens de parlementaires proches du président Alvaro Uribe avec les paramilitaires d'extrême droite, le même commandant Ivan Marquez estime que "dans les mêmes circonstances, où que ce soit sur la planète, un autre gouvernement serait tombé... Celui d'Uribe est un gouvernement illégitime et illégal... Qu'il renonce maintenant!" © LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne
|