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Médiation et visite du président vénézuélien en Colombie Ingrid Betancourt : Hugo Chavez et Nicolas Sarkozy se concertent
Selon le service de la Presse Présidentielle diffusé à Caracas par le ministère vénézuélien de la Communication et de l'Information, "ce qui peut être réalisé en tant qu'intermédiaire [las intermediaciones que pueden realizarse] pour obtenir la libération des personnes captives aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) fut l'un des thèmes évalués par le président de la République Bolivarienne du Venezuela, Hugo Chavez, et son homologue français, Nicolas Sarkozy". "Les chefs d'Etat ont échangé des impressions sur le rôle que le président Chavez joue en tant qu'observateur et garant dans la recherche de solutions dans la question de la libération des personnes maintenues en captivité par les irréguliers colombiens" indique encore le service de la Presse Présidentielle du Venezuela. Il ajoute que "le président Sarkozy a exprimé ses remerciements pour la gestion vénézuélienne" et que les deux présidents "ont exprimé leur désir de consolider les relations bilatérales entre Caracas et Paris", ainsi que "leur disposition à se réunir prochainement". Ni la date ni le lieu de la rencontre ne sont précisés. C'est aussi dans le cadre de sa médiation pour favoriser un échange humanitaire de centaines de guérilleros emprisonnés contre 45 otages dits "politiques" des FARC, dont Ingrid Betancourt, qu'Hugo Chavez pourrait recevoir bientôt, à Caracas, Rodrigo Granda. Ce dernier, surnommé "le ministre des Affaires étrangères des FARC", réside actuellement à Cuba. Emprisonné en Colombie en 2004, il fut libéré en juin dernier par le président conservateur colombien Alvaro Uribe à la demande expresse de Nicolas Sarkozy. La sénatrice colombienne Gloria Ramirez, élue du Polo Democratico Alternativo (PDA, opposition de gauche) et membre de la Commission de Paix du Sénat, affirme que Rodrigo Granda en personne lui a parlé à La Havane de sa prochaine rencontre avec Hugo Chavez. Les FARC, ajoute en substance la sénatrice en se référant à son entretien avec Granda, ont accepté la médiation du président Chavez et le Venezuela comme point de rencontre. La guérilla maintient toutefois que l'essentiel des négociations pour un échange humanitaire de prisonniers et surtout l'échange lui-même, dont bénéficierait donc Ingrid Betancourt, aient lieu en Colombie. Le nº2 des FARC, Raul Reyes, déclarait à ce propos dans une interview publiée le 26 août par le quotidien argentin Clarin que "l'échange humanitaire étant un problème dérivé du conflit interne, il doit se solutionner en Colombie. Nous n'allons pas libérer les prisonniers au Venezuela". Mais à la question "Allez-vous négocier au Venezuela?", le dirigeant rebelle répondait: "Oui, nous n'avons aucun problème pour dialoguer où que ce soit". Reçu le vendredi 31 août à Bogota pour un sommet bilatéral avec le président colombien Alvaro Uribe, Hugo Chavez devrait repartir à peine six heures plus tard, selon le programme officiel diffusé par la présidence de la Colombie. Aucune rencontre de Chavez avec des parents d'otages des FARC, que le président vénézuélien avait déjà reçus la semaine dernière à Caracas, ni avec ceux de guérilleros emprisonnés n'est mentionnée dans ce programme, malgré le souhait exprimé par Hugo Chavez de s'entretenir à Bogota avec les proches de séquestrés et de prisonniers. Le noeud gordien qui bloque l'accord humanitaire est l'exigence des FARC d'une démilitarisation préalable pendant 45 jours des municipalités de Florida et Pradera, soit 800 km² dans le sud-ouest colombien. C'est là que la guérilla veut situer l'échange humanitaire entre otages et guérilleros emprisonnés. Les FARC en ont fait une question de prestige, liée à leur ambition de jouir d'une reconnaissance internationale, sur laquelle il leur est désormais difficile de céder. Les rebelles compliquent davantage la donne en réclamant aussi la libération de "Simon Trinidad et Sonia", deux dirigeants des FARC extradés aux Etats-Unis où ils sont accusés notamment de trafic de drogue. Le président colombien Alvaro Uribe se dit lui aussi favorable à l'échange humanitaire, mais sans démilitarisation, qu'il assimile à une cession de territoire national, inacceptable même temporairement tant par principe qu'au vu de l'échec d'expériences passées. Il conditionne en outre l'échange de prisonniers à l'assurance, rejetée par les FARC, que les guérilleros libérés ne reprendraient pas les armes. M. Uribe propose par contre que l'échange de prisonniers soit suivi de la définition, pour une durée de 90 jours, d'une "zone de rencontre" où se noueraient des pourparlers de paix visant à mettre fin à 43 ans de conflit interne. Entamée officiellement la semaine dernière et avalisée par le président Uribe, la médiation d'Hugo Chavez semble devoir renforcer et non concurrencer celle exercée depuis plusieurs années par la France, l'Espagne et la Suisse. Malgré des épisodes de tension avec le gouvernement colombien, les trois pays européens, dont la recherche d'un accord est, selon Raul Reyes, "beaucoup appréciée" par les FARC, agissent aussi avec l'aval de Bogota.
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