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Présidentielle, législatives et municipales du 5 février 2006 Costa Rica-élections: l'antipopuliste de centre gauche Oscar Arias favori
Une victoire social-démocrate mettrait fin à huit ans de règne du centre droit social-chrétien. Déjà président de 1986 à 1990, Oscar Arias, 65 ans, surpasse largement 40% des intentions de vote dans tous les sondages. Or, au Costa Rica, vaincre avec plus de 40% permet d'être déclaré vainqueur de la présidentielle sans besoin de recourir à un second tour. Deux millions et demi d'électeurs, pour une population globale de 4,1 millions de Costaricains, éliront aussi, dimanche, 2 vice-présidents, 57 députés et leurs responsables municipaux. Sans armée, car bannie de la Constitution depuis 1948, le Costa Rica jouit de l'indice de développement humain le plus élevé d'Amérique centrale. Sa longue stabilité politique, rare dans la région, attire des industries de pointe. Son PIB par habitant, 4.159 dollars (2003), équivaut à plus de quatre fois celui de la Bolivie. Prix Nobel de la paix en 1987 pour son action pacificatrice en Amérique centrale, longtemps secouée par des guérillas d'extrême gauche, Oscar Arias est, comme il y a vingt ans, le candidat de l'historique Parti de libération nationale (PLN), membre de l'Internationale socialiste. Le programme du PLN et de son candidat les dit "capables de naviguer entre les eaux du populisme de gauche et le fondamentalisme de l'extrême droite libertaire" (sic; allusion probable au Mouvement libertaire, parti costaricain de droite). "Nous constatons qu'en Amérique latine, de nombreux épisodes de populisme macroéconomique ont, plus que toute privatisation, appauvri ceux qui sont désormais plus pauvres encore" précise le PLN. Et Oscar Arias de conclure: "Aucun catéchisme idéologique, aussi sophistiqué soit-il, n'est capable d'enfermer la richesse inépuisable de la vie... La social-démocratie est une inspiration, non un manuel; c'est une boussole, non une camisole de force". Le favori de la présidentielle costaricaine ne relève donc ni du communisme cubain ni du socialisme "bolivarien" applaudi au Venezuela et en Bolivie. La victoire d'Oscar Arias renforcerait plutôt, en Amérique latine, le camp du centre gauche -au pouvoir au Chili, au Brésil, en Argentine et en Uruguay- qui veut gérer et éventuellement réformer l'économie de marché, mais non la balayer. Comme la socialiste chilienne Michelle Bachelet, Oscar Arias est un fervent partisan du libre-échange continental. Il a fait campagne en prônant notamment la ratification du CAFTA (Central American Free Trade Agreement), l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis et 5 pays d'Amérique centrale (Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras et Nicaragua) auxquels s'est jointe la République dominicaine. Seul le Costa Rica ne l'a pas encore ratifié. Un dissident du PLN, l'économiste Otton Solis, est l'adversaire le plus immédiat d'Oscar Arias. Surprenant troisième de la présidentielle de 2002 avec un flambant neuf Parti d'action citoyenne (PAC, centriste), Otton Solis, à nouveau candidat du PAC, caracole aujourd'hui à la 2e place des sondages avec entre 25 et 31% des intentions de vote. Une victoire d'Otton Solis surprendrait. Néanmoins, la hausse de sa popularité est manifeste dans les derniers sondages. En réclamant une renégociation du CAFTA, il pourrait canaliser une importante opposition populaire à ce traité régional de libre-échange. Il reproche au CAFTA d'ouvrir la voie à la privatisation de monopoles d'Etat, notamment dans les télécommunications, et de faire la part trop belle aux exportations agricoles subventionnées des Etats-Unis. Parmi les 14 candidats à la présidence, seuls Oscar Arias et Otton Solis peuvent raisonnablement prétendre à la victoire. Ricardo Toledo, candidat du Parti de l'unité social-chrétienne (PUSC) du président sortant Abel Pacheco n'est crédité que de 2 à 6% des voix et est devancé dans les sondages par le Mouvement libertaire (ML, droite) d'Otto Guevara (de 11 à 15% des intentions de vote). Aussi les élections de dimanche pourraient-elles sonner la fin de plusieurs décennies d'un bipartisme dominé alternativement par les sociaux-démocrates du PLN et les sociaux-chrétiens du PUSC. L'arrestation sous l'accusation de corruption, en octobre 2004, des ex-présidents Miguel Angel Rodriguez (1998-2002) et Rafael Angel Calderon (1990-1994), tous deux sociaux-chrétiens, est un facteur décisif de l'écroulement annoncé du PUSC. © LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne
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