|
Présidentielle, législatives et municipales du 5 février 2006
Costa Rica-élections: l'antipopuliste de centre gauche Oscar Arias favori
|
Affiche électorale d'Oscar Arias |
SAN JOSÉ, vendredi 3 février 2006 (LatinReporters.com)
- Après la Bolivie et le Chili, le Costa Rica est, en moins de deux
mois, le 3e pays qui pourrait confirmer, dimanche, la tendance lourde au
virage à gauche en Amérique latine. Le social-démocrate
Oscar Arias est en effet favori de l'élection présidentielle.
Mais ce libre-échangiste hostile au "populisme de gauche" ne renforcera
pas l'axe Venezuela-Cuba-Bolivie.
Une victoire social-démocrate mettrait fin à huit ans de règne
du centre droit social-chrétien. Déjà président
de 1986 à 1990, Oscar Arias, 65 ans, surpasse largement 40% des intentions de vote
dans tous les sondages. Or, au
Costa Rica, vaincre avec plus
de 40% permet d'être déclaré vainqueur de la présidentielle
sans besoin de recourir à un second tour.
Deux millions et demi d'électeurs, pour une population globale de
4,1 millions de Costaricains, éliront aussi, dimanche, 2 vice-présidents,
57 députés et leurs responsables municipaux. Sans armée,
car bannie de la Constitution depuis 1948, le Costa Rica jouit de l'indice
de développement humain le plus élevé d'Amérique
centrale. Sa longue stabilité politique, rare dans la région,
attire des industries de pointe. Son PIB par habitant, 4.159 dollars (2003),
équivaut à plus de quatre fois celui de la
Bolivie.
Prix Nobel de la paix en 1987 pour son action pacificatrice en Amérique
centrale, longtemps secouée par des guérillas d'extrême
gauche, Oscar Arias est, comme il y a vingt ans, le candidat de l'historique
Parti de libération nationale (PLN), membre de l'Internationale socialiste.
Le programme du PLN et de son candidat les dit "capables de naviguer entre
les eaux du populisme de gauche et le fondamentalisme de l'extrême
droite libertaire" (sic; allusion probable au Mouvement libertaire, parti
costaricain de droite).
"Nous constatons qu'en Amérique latine, de nombreux épisodes
de populisme macroéconomique ont, plus que toute privatisation, appauvri
ceux qui sont désormais plus pauvres encore" précise le PLN.
Et Oscar Arias de conclure: "Aucun catéchisme idéologique,
aussi sophistiqué soit-il, n'est capable d'enfermer la richesse inépuisable
de la vie... La social-démocratie est une inspiration, non un manuel;
c'est une boussole, non une camisole de force".
Le favori de la présidentielle costaricaine ne relève donc
ni du communisme cubain ni du socialisme "bolivarien" applaudi au
Venezuela
et en Bolivie. La victoire d'Oscar Arias renforcerait plutôt, en Amérique
latine, le camp du centre gauche -au pouvoir au
Chili,
au Brésil,
en Argentine et en
Uruguay- qui veut gérer et éventuellement
réformer l'économie de marché, mais non la balayer.
Comme la socialiste chilienne Michelle Bachelet, Oscar Arias est un fervent
partisan du libre-échange continental. Il a fait campagne en prônant
notamment la ratification du CAFTA (Central American Free Trade Agreement),
l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis et 5 pays d'Amérique
centrale (Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras et Nicaragua) auxquels
s'est jointe la République dominicaine. Seul le Costa Rica ne l'a pas encore
ratifié.
Un dissident du PLN, l'économiste Otton Solis, est l'adversaire le
plus immédiat d'Oscar Arias. Surprenant troisième de
la présidentielle
de 2002 avec un flambant neuf Parti d'action citoyenne (PAC, centriste),
Otton Solis, à nouveau candidat du PAC, caracole aujourd'hui à
la 2e place des sondages avec entre 25 et 31% des intentions de vote.
Une victoire d'Otton Solis surprendrait. Néanmoins, la hausse de sa popularité est
manifeste dans les derniers sondages. En réclamant une renégociation du CAFTA, il pourrait
canaliser une importante opposition populaire à ce traité
régional de libre-échange. Il reproche au CAFTA d'ouvrir la
voie à la privatisation de monopoles d'Etat, notamment dans les télécommunications, et de faire la part trop belle aux exportations agricoles subventionnées des Etats-Unis.
Parmi les 14 candidats à la présidence, seuls Oscar Arias et
Otton Solis peuvent raisonnablement prétendre à la victoire.
Ricardo Toledo, candidat du Parti de l'unité social-chrétienne
(PUSC) du président sortant Abel Pacheco n'est crédité
que de 2 à 6% des voix et est devancé dans les sondages par le Mouvement
libertaire (ML, droite) d'Otto Guevara (de 11 à 15% des intentions de vote).
Aussi les élections de dimanche pourraient-elles sonner la fin de
plusieurs décennies d'un bipartisme dominé alternativement
par les sociaux-démocrates du PLN et les sociaux-chrétiens
du PUSC. L'arrestation sous l'accusation de corruption, en octobre 2004, des ex-présidents
Miguel Angel Rodriguez (1998-2002) et Rafael Angel Calderon (1990-1994), tous deux
sociaux-chrétiens, est un facteur décisif de l'écroulement annoncé
du PUSC.
version imprimable
Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
ARTICLES ET DOSSIERS LIÉS
Costa Rica: prochain président, Oscar Arias sera investi le 8 mai
Dossier Costa Rica
|
|