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Costa Rica: prochain président, Oscar Arias sera investi le 8 mai

Oscar Arias (au centre): social-démocrate et libre-échangiste
Photo PLN

SAN JOSÉ, samedi 4 mars 2006 (LatinReporters.com) - Son adversaire de centre gauche Otton Solis ayant reconnu vendredi sa défaite, le social-démocrate Oscar Arias, Prix Nobel de la Paix en 1987, s'est enfin déclaré vainqueur de l'élection présidentielle du 5 février au Costa Rica. Oscar Arias, 65 ans, sera investi le 8 mai. Il présida déjà de 1986 à 1990 ce pays de 4,1 millions d'habitants.

Succédant pour un mandat de 4 ans au social-chrétien Abel Pacheco, Oscar Arias aura pour priorités, réaffirmées vendredi, l'éducation, l'amélioration des infrastructures, notamment routières, et la ratification parlementaire de l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis, le CAFTA (Central American Free Trade Agreement). Cet accord s'étend à 5 pays d'Amérique centrale (Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras et Nicaragua) et à la République dominicaine. Seul le Costa Rica, pays le plus développé de cette région, ne l'a pas encore ratifié.

Selon les calculs de l'Association de la presse étrangère sur la base d'actes du Tribunal suprême électoral, Oscar Arias, candidat du Parti de libération nationale (PLN, membre de l'Internationale socialiste), a obtenu la victoire avec 40,9% des suffrages, contre 39,8% à Otton Solis, candidat du Parti d'action citoyenne (PAC, dissidence du PLN). A peine 18.169 voix les séparent. L'abstention fut de 34,8%.

Au Costa Rica, vaincre avec plus de 40% permet de remporter la présidentielle sans besoin de recourir à un second tour.

Le Tribunal suprême électoral ne proclamera les résultats officiels que la semaine prochaine, après s'être prononcé sur les 696 réclamations déposées, en majorité par le PAC, sur le déroulement des élections. Pour éviter toute contestation, un long décompte manuel des bulletins de vote a suivi un premier dépouillement, interrompu le 6 février alors que la somme de 88% des bureaux votes représentait un quasi et inattendu match nul entre MM. Arias et Solis.

"Le Tribunal suprême électoral a rejeté pratiquement toutes nos demandes. Il n'y a plus de raison légale d'espérer... Oscar Arias sera le président à partir du 8 mai.... Je demande à tous et à toutes d'accepter le nouveau président" déclarait vendredi Otton Solis au siège de son parti.

Ajoutant qu'il accorde "une grande importance au dialogue" et qu'il faut "construire à partir des points de convergence", le leader du PAC a dit avoir envoyé à Oscar Arias "une lettre avec quelques propositions". Evoquant pour sa part ses "longues années d'amitié avec Otton", le vainqueur de la présidentielle a répondu "Je sais que nous allons pouvoir dialoguer".

Economiste de 51 ans, Otton Solis fut ministre de la Planification sous la première présidence d'Oscar Arias. En 2000, il fonda le PAC après avoir claqué la porte du PLN, qu'il souhaitait plus social et moins libre-échangiste.

Comme la socialiste chilienne Michelle Bachelet, Oscar Arias est un fervent partisan du libre-échange continental. Il a mené sa campagne présidentielle en prônant la ratification du CAFTA. Otton Solis ne rejette pas catégoriquement ce traité, mais il veut le renégocier avec Washington. Il lui reproche notamment d'ouvrir la voie à la privatisation de monopoles d'Etat (télécommunications et autres services publics) et de faire la part trop belle aux exportations agricoles subventionnées des Etats-Unis.

Le score de Solis à l'élection présidentielle, près de 40%, a surpris. Les sondages ne lui attribuaient qu'entre 25 et 31% des intentions de vote. Il semble avoir canalisé une importante opposition populaire au CAFTA.

Dans la nuit suivant la journée électorale du 5 février, Oscar Arias reconnaissait que "le traité de libre-échange a divisé les Costaricains" et que pour le ratifier il faut une majorité absolue parlementaire, soit au moins 29 députés sur 57.

Or, le 5 février, les législatives concomitantes de la présidentielle n'auraient, sous réserve des prochains résultats officiels, donné au PLN d'Oscar Arias que 25 députés. Le PAC (18 élus) s'opposant théoriquement à la ratification du CAFTA dans sa mouture actuelle, Oscar Arias devra chercher l'appoint du Mouvement libertaire (ML, droite, 6 députés) ou du Parti de l'unité sociale-chrétienne (PUSC, 4 députés). Sur le dossier du CAFTA, Oscar Arias sera donc l'otage de la droite.

Les élections du 5 février ont sonné la fin de plusieurs décennies d'un bipartisme dominé alternativement par les sociaux-démocrates du PLN et les sociaux-chrétiens du PUSC. L'arrestation sous l'accusation de corruption, en octobre 2004, des ex-présidents Miguel Angel Rodriguez (1998-2002) et Rafael Angel Calderon (1990-1994), tous deux sociaux-chrétiens, a été un facteur décisif de l'écroulement du PUSC.

L'auréole du Prix Nobel de la Paix octroyé en 1987 à Oscar Arias pour son action pacificatrice en Amérique centrale, longtemps secouée par des guérillas d'extrême gauche, a sans doute freiné l'érosion du son PLN social-démocrate. Peu s'en fallut qu'il ne soit devancé par le nationalisme économique du PAC d'Otton Solis.

Une éventuelle victoire d'Otton Solis lors d'une future élection présidentielle ferait du Costa Rica un pays plus nationaliste et plus soucieux du maintien de services publics. Néanmoins, selon le programme du PAC, "l'initiative individuelle et l'entreprise privée" resteraient "les outils fondamentaux de la création de la richesse".

Au Venezuela, c'est sur les ruines d'un long bipartisme social-démocrate et social-chrétien, comparable à celui bousculé au Costa Rica, que le président Hugo Chavez a bâti son pouvoir.

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