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"Visage intelligent et noble du premier président noir des États-Unis"
Cuba - Obama, Fidel Castro, sa mort et une photo qui la dément à nouveau

LA HAVANE, vendredi 23 janvier 2009 (LatinReporters.com) - Coup de foudre de Fidel Castro pour Barack Obama. Il loue son "visage intelligent et noble" et à nouveau sa "sincérité". Mais face à la jeunesse relative du premier maître noir de "l'Empire", le vieux guérillero, 82 ans et demi, disserte soudain sur sa propre mort. Depuis son hospitalisation, en juillet 2006, elle ne cesse d'alimenter la rumeur. Une photo prise à Cuba le 21 janvier la dément à nouveau.

Diffusée sur le site institutionnel de la présidence argentine, la photo montre Fidel Castro aux côtés de Cristina Fernandez de Kirchner, la présidente de l'Argentine en visite officielle à la Havane. Le principal intérêt de ce cliché est de pouvoir en tirer un gros plan du visage du Comandante, en se disant que ce sera peut-être le dernier.

Augure pessimiste? Pas plus que celui du propre Castro lorsque, dans ses dernières "Réflexions du compañero Fidel", il invite les autres "compañeros du parti et de l'Etat" à ne pas "se sentir obligés par la gravité de mon état ni par ma mort".

Il fixe même peut-être le délai que Dieu ou Marx lui accorde encore en écrivant "Espero", ce qui peut se traduire tant par "J'espère" que par un plus probable "Je m'attends à" ... "ne pas jouir d'un tel privilège [celui d'observer les événements] dans quatre ans, quand la première période présidentielle d'Obama sera terminée".

La levée de l'embargo américain contre Cuba sera-t-elle conclue d'ici là avec Raul Castro, qui a remplacé à la présidence son frère malade? Rarement, à en juger par les éloges de Fidel à Obama, le dégel entre Washington et La Havane n'a semblé à ce point possible.

Ci-dessous, la traduction intégrale des "Réflexions" de Fidel Castro datées du 22 janvier et publiées le 23 par les médias officiels cubains. Comme celles de la veille, elles valorisent "la sincérité" du nouveau président des Etats-Unis, tout en s'interrogeant sur la capacité de Barack Obama à résister "aux contradictions du système". (Le texte original en espagnol peut être consulté notamment sur cette page de CubaDebate).




Réflexions du compañero Fidel
LE ONZIÈME PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS

Mardi dernier, le 20 janvier 2009, Barack Obama a été investi à la tête de l'Empire en tant que onzième président des États-Unis depuis le triomphe de la Révolution cubaine en janvier 1959.

Nul ne pourrait douter de la sincérité de ses mots quand il affirme qu'il convertira son pays en modèle de liberté, de respect des droits de l'homme dans le monde et de l'indépendance d'autres peuples. Ceci dit sans vouloir, bien entendu, offenser qui que ce soit, sauf les misanthropes de n'importe quel coin de la planète. Il a déjà affirmé sans ciller que la prison et les tortures cesseraient immédiatement sur la base illégale de Guantanamo, ce qui commence à jeter le doute chez ceux qui rendent un culte à la terreur comme instrument inéluctable de la politique extérieure de leur pays.

Le visage intelligent et noble du premier président noir des États-Unis depuis leur fondation comme République indépendante voilà deux siècles et un tiers s'est transformé sous l'inspiration d'Abraham Lincoln et de Martin Luther King, au point d'en devenir un symbole vivant du rêve américain.

Néanmoins, malgré toutes les épreuves endurées, Obama n'a pas encore affronté la principale de toutes. Que fera-t-il bientôt lorsque l'immense pouvoir qu'il vient de saisir se révélera absolument inutile pour surmonter les insolubles contradictions antagonistes du système?

J'ai réduit la fréquence de mes Réflexions comme je me l'étais proposé pour l'année en cours, afin de ne pas créer d'interférences ni de gêner les compañeros du parti et de l'Etat dans les décisions qu'ils doivent prendre constamment face aux difficultés objectives découlant de la crise économique mondiale. Je vais bien, mais j'insiste, aucun d'eux ne doit se sentir obligé par mes Réflexions éventuelles ni par la gravité de mon état ni par ma mort.

Je révise les discours et les documents que j'ai élaborés tout au long de plus d'un demi-siècle.

J'ai eu le rare privilège d'observer si longtemps les événements. Je reçois des informations et je réfléchis sereinement sur ce qui se passe. Je m'attends à ["Espero"; peut aussi se traduire par "j'espère"; ndlr] ne pas jouir d'un tel privilège dans quatre ans, quand la première période présidentielle d'Obama sera terminée.

Fidel Castro Ruz
22 janvier 2009
18 h 30



Dernière heure
LE COUP DE FOUDRE DE CASTRO POUR OBAMA A ÉTÉ BREF

LA HAVANE, 30 janvier 2009 (LatinReporters) - Une semaine exactement après avoir loué l'intelligence et la sincérité qu'il attribuait à Barack Obama, Fidel Castro s'élève contre "l'arrogance" et "l'appui au génocide des Palestiniens" dont il accuse le nouveau président des Etats-Unis.

Le coup de foudre de l'ex-président cubain pour le premier président noir de "l'Empire" aura donc été bref. En témoigne cet extrait des "Réflexions du compañero Fidel" datées du 29 janvier et publiées le 30 dans les médias officiels cubains sous le titre "Déchiffrer la pensée du nouveau président des Etats-Unis" (texte original sur CubaDebate.cu):

"...Après son investiture, Barack Obama a déclaré qu'avant de restituer à son propriétaire légitime le territoire occupé par la base navale à Guantanamo, il devait en premier lieu soupeser si cela porterait atteinte, si peu que ce soit, à la capacité défensive des Etats-Unis.

Il ajoutait aussitôt qu'à propos de la restitution à Cuba du territoire occupé par cette base, il fallait envisager quelles concessions ferait la partie cubaine pour accepter cette solution, ce qui équivaut à exiger un changement dans notre système politique, un prix que Cuba se refuse à payer depuis un demi-siècle.

Maintenir une base militaire à Cuba contre la volonté de notre peuple viole les principes les plus élémentaires du droit international. Il appartient au président des Etats-Unis de les respecter sans aucune condition. Ne pas les respecter constitue un acte d'arrogance et un abus de son immense pouvoir contre un petit pays.

Pour mieux comprendre le caractère abusif du pouvoir de l'Empire, on doit lire les déclarations publiées sur le site Internet officiel du gouvernement des Etats-Unis, le 22 janvier 2009, après  l'arrivée au pouvoir de Barack Obama. Celui-ci et [son vice-président] Biden y défendent résolument les rapports entre les Etats-Unis et Israël et jugent que leur engagement incontournable au Moyen-Orient concerne la sécurité d'Israël, principal allié des Etats-Unis dans la région.

Les Etats-Unis ne se distancieront jamais d'Israël. Leur président et leur vice-président "croient résolument au droit d'Israël de protéger ses citoyens" assure leur déclaration de principe, qui reprend sur ces points la politique suivie par le prédécesseur d'Obama, George W. Bush.

Telle est la façon d'appuyer le génocide des Palestiniens à laquelle a abouti notre ami Obama..."




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