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Hugo Chavez applaudit cette victoire du "socialisme du 21e siècle" Equateur - référendum : oui massif à une Assemblée constituante et au président Correa
Effectué par Cedatos Gallup, l'unique sondage autorisé à la sortie des bureaux de vote estime que 78,1% des électeurs équatoriens ont répondu oui à la question "Approuvez-vous la convocation et l'installation d'une Assemblée constituante aux pleins pouvoirs conformément au Statut électoral ci-joint, afin qu'elle transforme le cadre institutionnel de l'Etat et élabore une nouvelle Constitution?". Les non recueilleraient à peine 11,5% et l'ensemble des votes blancs et nuls 10,4%. Les résultats officiels complets ne seront publiés qu'à la fin de la semaine. Lundi à 8h30 locales (15h30 à Paris), sur la base du dépouillement effectif de 58,58% des bulletins de vote, le Tribunal suprême électoral (TSE) annonçait 81,51% de oui, contre 12,68% de non et 5,81% de votes blanc et nuls. Il semble que l'abstention frôlera le 30% des 9.188.787 électeurs. "C'est un triomphe historique, mais il faut encore gagner de nombreuses batailles" s'est exclamé le président Correa, qui suivait le scrutin dans sa ville natale de Guayaquil, poumon économique et maritime de l'Equateur. Il avait évoqué une possible démission en cas d'échec, ce qui a apparemment mobilisé plus ses partisans que ses adversaires. Il a invité ses compatriotes à élire bientôt "avec joie" et en se méfiant "de loups déguisés en agneaux" les membres de l'Assemblée constituante qui rédigeront une nouvelle Constitution. Celle-ci devrait, selon le président, permettre "d'instaurer une démocratie beaucoup plus participative, de dépolitiser les tribunaux et les organismes de contrôle, de décentraliser, de surpasser le néfaste modèle néolibéral". Parmi les grandes orientations du gouvernement de Rafael Correa figurent la reconnaissance aux "peuples originaires" de leur rôle social contre le "néolibéralisme déprédateur", la renégociation des contrats avec les sociétés des secteurs de l'électricité, des télécommunications et surtout du pétrole, la restructuration de la dette extérieure, le non renouvellement de l'accord qui permet aux Etats-Unis d'utiliser la base militaire aérienne équatorienne de Manta et le refus d'ingérences des institutions financières internationales. A ce propos, dimanche après l'annonce de sa victoire référendaire, le président Correa a déclaré aux journalistes qu'il expulserait du pays le représentant de la Banque mondiale, Eduardo Somensatto, si une enquête en cours confirmait que cette entité a retenu, en représailles à des mesures défavorables aux multinationales du pétrole, un prêt de 100 millions de dollars déjà octroyé à l'Equateur. Rafael Correa a en outre souligné que son gouvernement a l'intention de rembourser "les derniers 40 millions de dollars que nous devons au Fonds monétaire international" (FMI). Pas de nationalisations et maintien du dollar A ses adversaires qui l'accusent de chercher, avec la refonte de la Constitution, à se doter de "pouvoirs dictatoriaux" semblables à ceux qu'aurait forgés le président vénézuélien Hugo Chavez, Rafael Correa réplique que "notre projet a pour nom Equateur et ne s'appelle pas Chavez". Il précise qui si dans son modèle "l'Etat planifie, régule et assure la promotion de l'économie", il n'est toutefois pas question de "nationaliser les moyens de production". De surcroît, le dollar américain restera la monnaie de l'Equateur. Rafael Correa revendique néanmoins régulièrement, comme Hugo Chavez, un "socialisme du 21 siècle" qui reste à codifier. "Vive l'Equateur! Vive Correa! C'est ainsi que nous avançons en Amérique latine... Correa a assumé avec courage et valeur le socialisme du 21e siècle" s'est exclamé Hugo Chavez, dimanche soir à Caracas après l'annonce des résultats du référendum équatorien. Les "nombreuses batailles" évoquées par Rafael Correa s'inscrivent dans un calendrier très chargé. Sur leur bulletin de vote, les Equatoriens pouvaient lire que les 130 membres de l'Assemblée constituante seront élus au suffrage universel dans les 150 prochains jours. Les constituants auront ensuite 180 jours et même 240 si nécessaire pour élaborer à la majorité absolue, en disposant "des pleins pouvoirs", une nouvelle Charte fondamentale qui "respectera les droits fondamentaux des citoyens, approfondissant leur contenu social et progressiste". La nouvelle Constitution devra ensuite être à son tour approuvée par référendum, lui-même probablement suivi de nouvelles élections présidentielle et législatives qui couronneraient ce bouleversement des fondements de l'Etat. Aussi les Equatoriens pourraient-ils subir jusqu'à l'été ou l'automne 2008 une crispation électorale semblable à celle qui a marqué la présidentielle à deux tours remportée en novembre 2006 par Rafael Correa avec 56,67% des suffrages. (Une victoire due notamment à l'appui de l'importante minorité amérindienne, forte d'un tiers des 13,9 millions d'habitants). Au cours de ce marathon, les partis politiques, rejetés dans l'ombre par le triomphe référendaire du président Correa, tenteront d'assurer leur survie, voire de prendre leur revanche. "Je vaincrai Correa à l'Assemblée constituante" a lancé l'ex-président de centre gauche Lucio Gutierrez. Aux législatives d'octobre 2006, son parti Société Patriotique avait obtenu 24 des 100 députés de l'actuel Congrès monocaméral. Comme Lucio Gutierrez, le milliardaire Alvaro Noboa présentera des candidats à l'Assemblée constituante. Leader du PRIAN (Parti rénovateur institutionnel d'action nationale, droite, 28 députés) et adversaire malheureux en novembre 2006 de Rafael Correa au second tour de la présidentielle, Alvaro Noboa affirmait dimanche soir qu'au cours de l'histoire, des vaincus ont surgi ensuite comme de grands vainqueurs. Et de citer ... Jésus-Christ! Autre adversaire qui tentera de placer les siens à la Constituante, l'ex-président démocrate-chrétien Osvaldo Hurtado voudrait empêcher Correa d'imposer son "socialisme archaïque" et "néofasciste". Misant d'emblée sur une Assemblée constituante, par mépris pour la particratie et pour n'avoir sans doute pas pu structurer à temps des réseaux provinciaux suffisamment denses, Rafael Correa et sa coalition Alianza Pais (Alliance Pays) n'avaient pas présenté de candidats aux élections législatives concomitantes du premier tour de la présidentielle, le 15 octobre 2006. Pour dominer l'Assemblée constituante qui sera elle aussi élue essentiellement sur la base de circonscriptions provinciales, le président devra cette fois se soucier de son implantation régionale. © LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne
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