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Hugo Chavez applaudit cette victoire du "socialisme du 21e siècle"
Equateur - référendum : oui massif à une Assemblée constituante et au président Correa
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Hostile au "néfaste modèle néolibéral", le président équatorien Rafael Correa lève le bras de la victoire | |
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QUITO, lundi 16 avril 2007 (LatinReporters.com) - Comme
le Venezuela d'Hugo Chavez et la Bolivie d'Evo Morales, l'Equateur du président
Rafael Correa, qui se réclame lui aussi d'un "socialisme du 21e siècle",
va à son tour refondre sa Constitution jugée trop néolibérale.
Le référendum du 15 avril a plébiscité tant la
convocation d'une Assemblée constituante que le président Correa
lui-même, désormais renforcé.
Effectué par Cedatos Gallup, l'unique sondage autorisé à
la sortie des bureaux de vote estime que 78,1% des électeurs équatoriens
ont répondu oui à la question "Approuvez-vous
la convocation et l'installation d'une Assemblée constituante aux
pleins pouvoirs conformément au Statut électoral ci-joint,
afin qu'elle transforme le cadre institutionnel de l'Etat et élabore
une nouvelle Constitution?". Les non recueilleraient à peine 11,5%
et l'ensemble des votes blancs et nuls 10,4%.
Les résultats officiels complets ne seront publiés qu'à
la fin de la semaine. Lundi à 8h30 locales (15h30 à Paris), sur la base
du dépouillement effectif de 58,58% des bulletins de vote, le Tribunal
suprême électoral (TSE) annonçait 81,51% de oui, contre
12,68% de non et 5,81% de votes blanc et nuls. Il semble que l'abstention
frôlera le 30% des 9.188.787 électeurs.
"C'est un triomphe historique, mais il faut encore gagner de nombreuses
batailles" s'est exclamé le président Correa, qui suivait le
scrutin dans sa ville natale de Guayaquil, poumon économique et maritime
de l'Equateur. Il avait évoqué une possible
démission en cas d'échec, ce qui a apparemment mobilisé
plus ses partisans que ses adversaires.
Rafael Correa a invité ses compatriotes à élire bientôt
"avec joie" et en se méfiant "de loups déguisés en agneaux"
les membres de l'Assemblée constituante qui rédigeront une
nouvelle Constitution. Celle-ci devrait, selon le président, permettre
"d'instaurer une démocratie beaucoup plus participative, de dépolitiser
les tribunaux et les organismes de contrôle, de décentraliser,
de surpasser le néfaste modèle néolibéral".
Parmi les grandes orientations du gouvernement de Rafael Correa figurent
la reconnaissance aux "peuples originaires" de leur rôle social contre
le "néolibéralisme déprédateur", la renégociation
des contrats avec les sociétés des secteurs de l'électricité,
des télécommunications et surtout du pétrole, la restructuration
de la dette extérieure, le non renouvellement de l'accord qui permet
aux Etats-Unis d'utiliser la base militaire aérienne équatorienne
de Manta et le refus d'ingérences des institutions financières
internationales.
A ce propos, dimanche après l'annonce de sa victoire référendaire,
le président Correa a déclaré aux journalistes qu'il
expulserait du pays le représentant de la Banque mondiale,
Eduardo Somensatto, si une enquête en cours confirmait que cette entité
a retenu, en représailles à des mesures défavorables
aux multinationales du pétrole, un prêt de 100 millions
de dollars déjà octroyé à l'Equateur.
Rafael Correa a en outre souligné que son gouvernement a l'intention
de rembourser "les derniers 40 millions de dollars que nous devons au Fonds
monétaire international" (FMI).
Pas de nationalisations et maintien du dollar
A ses adversaires qui l'accusent de chercher, avec la refonte de la Constitution,
à se doter de "pouvoirs dictatoriaux" semblables à ceux qu'aurait
forgés le président vénézuélien Hugo Chavez,
Rafael Correa réplique que "notre projet a pour nom Equateur et ne
s'appelle pas Chavez". Il précise qui si dans son modèle "l'Etat
planifie, régule et assure la promotion de l'économie", il
n'est toutefois pas question de "nationaliser les moyens de production". De surcroît, le dollar
américain restera la monnaie de l'Equateur.
Rafael Correa revendique néanmoins régulièrement, comme
Hugo Chavez, un "socialisme du 21 siècle" qui reste à codifier.
"Vive l'Equateur! Vive Correa! C'est ainsi que nous avançons en Amérique
latine... Correa a assumé avec courage et valeur le socialisme du
21e siècle" s'est exclamé Hugo Chavez, dimanche soir à
Caracas après l'annonce des résultats du référendum
équatorien.
Les "nombreuses batailles" évoquées par Rafael
Correa s'inscrivent dans un calendrier très chargé. Sur leur bulletin de vote, les
Equatoriens pouvaient lire que les 130
membres de l'Assemblée constituante seront élus au suffrage
universel dans les 150 prochains jours. Les constituants auront ensuite 180
jours et même 240 si nécessaire pour élaborer à
la majorité absolue, en disposant "des pleins pouvoirs", une nouvelle
Charte fondamentale qui "respectera les droits fondamentaux des citoyens,
approfondissant leur contenu social et progressiste".
La nouvelle Constitution devra ensuite être à son tour approuvée
par référendum, lui-même probablement suivi de nouvelles
élections présidentielle et législatives qui couronneraient
ce bouleversement des fondements de l'Etat. Aussi les Equatoriens pourraient-ils
subir jusqu'à l'été ou l'automne 2008 une crispation
électorale semblable à celle qui a marqué la présidentielle
à deux tours remportée en novembre 2006 par Rafael Correa avec
56,67% des suffrages. (Une victoire due notamment à l'appui de l'importante
minorité amérindienne, forte d'un tiers des 13,9 millions d'habitants).
Au cours de ce marathon, les partis politiques, rejetés dans l'ombre
par le triomphe référendaire du président Correa, tenteront
d'assurer leur survie, voire de prendre leur revanche. "Je vaincrai Correa
à l'Assemblée constituante" a lancé l'ex-président
de centre gauche Lucio Gutierrez. Aux législatives d'octobre 2006,
son parti Société Patriotique avait obtenu 24 des 100
députés de l'actuel Congrès monocaméral.
Comme Lucio Gutierrez, le milliardaire Alvaro Noboa présentera des
candidats à l'Assemblée constituante. Leader du PRIAN (Parti
rénovateur institutionnel d'action nationale, droite, 28 députés)
et adversaire malheureux en novembre 2006 de Rafael Correa au second
tour de la présidentielle, Alvaro Noboa affirmait dimanche soir qu'au
cours de l'histoire, des vaincus ont surgi ensuite comme de grands vainqueurs.
Et de citer ... Jésus-Christ!
Autre adversaire qui tentera de placer les siens à la Constituante,
l'ex-président démocrate-chrétien Osvaldo Hurtado voudrait
empêcher Correa d'imposer son "socialisme archaïque" et "néofasciste".
Misant d'emblée sur une Assemblée constituante, par mépris
pour la particratie et pour n'avoir sans doute pas pu structurer à
temps des réseaux provinciaux suffisamment denses, Rafael Correa et
sa coalition Alianza Pais (Alliance Pays) n'avaient pas présenté
de candidats aux élections législatives concomitantes du premier
tour de la présidentielle, le 15 octobre 2006. Pour dominer l'Assemblée
constituante qui sera elle aussi élue essentiellement sur la base
de circonscriptions provinciales, le président devra cette fois se
soucier de son implantation régionale.
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