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"NOUVELLE MAJORITÉ POUR LE CHANGEMENT" SELON MARIANO RAJOY Zapatero battu par la droite aux européennes: en Espagne aussi la crise pénalise la gauche
par Christian GALLOY
MADRID, lundi 8 juin 2009 (LatinReporters.com) - En Espagne comme dans la majorité des autres pays de l'Europe des 27, la droite a remporté les élections européennes du 7 juin. Avec 38,5% des voix, les socialistes du président du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, sont devancés de près de 4 points par le Parti Populaire (PP - 42,2%) de Mariano Rajoy, chef de l'opposition conservatrice. Dans les grands pays de l'Union européenne (UE), dont l'Espagne, la gauche est la plus pénalisée par la crise économique globale, pourtant attribuée au néolibéralisme de la droite. Dans les cinq principaux pays de l'UE, les résultats confortent le pouvoir là où la droite l'assume (France, Italie, Allemagne), mais sanctionnent les gouvernements de gauche, devancés par l'opposition en Espagne et au Royaume-Uni. "Une Europe en crise se livre à la droite" titre à la une le quotidien catalan de gauche El Periodico. Au-delà de facteurs nationaux, les électeurs européens jugeraient-ils globalement la gauche incapable de recréer la richesse perdue? Les espagnols semblent avoir répondu oui à cette question. Infligeant à José Luis Rodriguez Zapatero sa première défaite nationale, ils font reculer de 5 points et de 700.000 voix les socialistes par rapport à leurs résultats aux européennes de 2004. Cinq ans de pouvoir de M. Zapatero, qui est secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), se soldent, il est vrai, par un record historique de plus de quatre millions de chômeurs, soit 18,1% de la population active (au 30 avril selon Eurostat), le taux le plus élevé des pays de l'UE. "Zapatero démission" et "Mariano président" scandaient dimanche soir à Madrid des milliers de sympathisants du PP devant le siège du parti. Du balcon de l'édifice, Mariano Rajoy soulevait une ovation en clamant que les élections européennes ont fait naître "une nouvelle majorité d'Espagnols qui ont exprimé leur volonté de changement". Privilégiant l'analyse nationale du scrutin, le PP se sent à même de ravir à M. Zapatero la présidence du gouvernement. Néanmoins, l'euphorie de la droite devrait être tempérée par les doutes sur la possibilité de forcer une anticipation des lointaines législatives de 2012 et par la faible participation aux élections européennes, pratiquement inchangée à 46% en Espagne par rapport à 2004. Quoique supérieure à la moyenne européenne (43%), cette participation réduite complique les extrapolations en clef de politique interne. Dans l'immédiat, Mariano Rajoy ne sera plus ou sera moins contesté au sein du PP et José Luis Rodriguez Zapatero peut craindre une usure accélérée à coups de défaites parlementaires dont le prémunit de moins en moins la majorité seulement relative du PSOE aux Cortes (Parlement). Omniprésent dans la campagne électorale, le chef du gouvernement est demeuré silencieux au soir du scrutin. A peine la nº3 du PSOE, Leire Pajin, se hasarda-t-elle à affirmer que son parti, qui a obtenu 21 eurodéputés (contre 23 au PP) sur les 50 attribués à l'Espagne, aurait réalisé le meilleur score au sein de la famille socialiste européenne. Messianisme et condamnations médiatiques ne paient pas Quatre jours avant les élections, la même Leire Pajin, stratège de la campagne du PSOE, avait adressé aux Espagnols cette étonnante recommandation: "Je vous suggère d'être attentifs au prochain événement historique qui se produira sur notre planète: la coïncidence de deux présidences progressistes des deux côtés de l'Atlantique, la présidence d'Obama aux Etats-Unis et la présidence de l'UE qu'assumera Zapatero" [au premier semestre 2010]. Au vu des résultats, ce messianisme, planétaire et donc plus ambitieux encore que le messianisme latino-américain du Vénézuélien Hugo Chavez, a peu inspiré les électeurs espagnols. Ils n'ont pas davantage apprécié les condamnations politico-médiatiques du PP pour corruption présumée prononcées avant toute éventuelle sentence judiciaire par les socialistes et par le principal groupe de presse espagnol (PRISA, éditeur du quotidien El Pais): c'est en effet dans les régions de Madrid et de Valence, foyers supposés de ladite corruption, que le PP obtient deux de ses meilleurs résultats avec une avance respective de 13 et 15 points sur les socialistes. Les résultats des européennes suggèrent-ils ainsi l'existence d'une maturité de l'électorat à l'égard de campagnes de dénigrement menées par des médias et des politiciens que Mariano Rajoy qualifie "d'inquisiteurs, de Torquemada du 21e siècle"? Rien n'est moins sûr, quoiqu'en Italie aussi la victoire des partisans de Silvio Berlusconi, avec 9 points d'avance sur le Parti Démocrate, relativise l'influence d'attaques médiatiques visant notamment sa vie privée. Nombre d'électeurs italiens ont peut-être jugé ces attaques outrancières, malgré les excès, le mauvais goût et l'autoritarisme qui caractérisent souvent le Cavaliere.
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