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44,7% du solde migratoire de l'Union européenne Espagne - immigration : 636.000 immigrés de plus en 2006, selon Eurostat
Depuis 1997 déjà, le solde migratoire (différence entre arrivées et départs) fait chaque année de l'Espagne le nº1 de l'immigration en Europe. Les 636.000 immigrés de plus en 2006 en Espagne constituent une augmentation comparable à celle de 652.300 estimée par Eurostat pour 2005, année d'une régularisation massive de clandestins opérée par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. La somme des six derniers soldes migratoires évalués par Eurostat (période 2001-2006) indique que le nombre d'immigrés en Espagne s'est accru de 3.613.300 en six ans, soit une moyenne peu commune de quelque 600.000 de plus chaque année. Présentant le 21 mars dernier à Madrid l'étude intitulée "Démographie des étrangers", Antonio Izquierdo, professeur de sociologie de l'Université de La Corogne et expert de l'OCDE, estimait qu'en 2006 l'Espagne comptait 4,8 millions d'immigrés, soit 11% de ses 44 millions d'habitants. Les Latino-Américains (surtout Equatoriens et Colombiens) et les Maghrébins (essentiellement Marocains) forment les contingents les plus importants. Syndicats et organisations non gouvernementales évaluent le nombre actuel de sans-papiers en Espagne à au moins un million, malgré la régularisation de 580.000 clandestins en 2005. Cayucos : très médiatisés, mais faible pourcentage du flux migratoire Ces chiffres relativisent l'immigration maritime d'Africains qui a mobilisé les médias internationaux. Les 31.058 Subsahariens arrivés l'an dernier dans l'archipel des Canaries sur des barques de pêche que la presse ibérique appelle cayucos (le mot espagnol cayuco désigne en principe un canot léger) ne représentent que 4,9% du solde migratoire (+636.000) de l'Espagne en 2006. Plus que par les chiffres, l'intense médiatisation de l'odyssée des cayucos se justifie par le caractère spectaculaire et par les drames d'une navigation de mille kilomètres ou plus sur de frêles embarcations dans les vagues de l'Atlantique. Drame de l'Afrique démunie et drame de ceux qui tentent de la fuir pour gagner l'Eden européen. Le gouvernement régional des Canaries estime à au moins 800 ceux qui péri en 2006 dans l'Atlantique lors de cette tentative. Des ONG, dont le Croissant rouge mauritanien, élèvent le bilan à 6.000 morts. Pour colmater cet exode tragique qui ne représente donc que 4,9% du flux migratoire net vers l'Espagne en 2006, mais dont la visibilité médiatique exceptionnelle peut nuire au crédit national et international du gouvernement socialiste de M. Zapatero, Madrid a réclamé de l'Union européenne et de son agence Frontex un déploiement communautaire de navires et d'avions de surveillance devant les côtes de l'Afrique de l'Ouest. Le 8 septembre 2006 à Bruxelles, Nicolas Sarkozy, alors ministre français de l'Intérieur, déclarait lors d'une conférence: "On ne peut pas dire à l'Europe 'Je décide seul' lorsqu'il s'agit de régulariser 500.000 immigrés clandestins, puis 'Venez à mon secours' lorsqu'il s'agit de gérer les conséquences de ces régularisations massives qui agissent comme autant d'appels d'air". "Bien sûr la solidarité est nécessaire. Nous devons aider les Espagnols, qui sont nos amis, mais que plus un pays en Europe ne prenne la responsabilité de régulariser massivement sans même demander l'avis de ses partenaires", ajoutait M. Sarkozy. En revanche, Madrid estime que l'immigration est l'un des facteurs clés d'un miracle économique qui ne s'essouffle pas depuis dix ans dans une Espagne devenue l'un des grands moteurs de la croissance européenne.
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