MADRID, vendredi 13 mai 2011 (LatinReporters.com) - Plus de la moitié des immeubles de Lorca, ville du sud-est de l'Espagne, risquent d'être inhabitables après les deux séismes successifs qui l'ont secouée dans l'après-midi du 11 mai. Le bilan officiel est de 9 morts, 293 blessés, dont trois grièvement, et des milliers de sans-abri, dont le nombre exact n'est pas défini.

Les deux tremblements de terre, à 17h05 et 18h47, n'atteignaient mercredi qu'une intensité moyenne sur l'échelle de Richter, 4,4 et 5,1 respectivement. Mais l'effet relativement dévastateur des secousses, surtout de la seconde, tient à la proximité de l'épicentre, à entre 2 et 7 km de la ville, avec une profondeur dépassant à peine 1 km., sur le tracé de la faille Alhama.

Lorca compte officiellement 92.000 habitants, soit 59.000 dans la ville proprement dite et 33.000 sur le territoire extra-muros de la municipalité. Le gouvernement régional de la région de Murcie, à laquelle appartient Lorca, diffusait jeudi soir le résultat désastreux de l'inspection en cours des immeubles de la ville.

A peine 44% des 542 édifices examinés jusqu'à présent par les experts sont considérés comme encore habitables, quoique nombre d'entre eux soient lézardés. Un cercle vert dessiné à leur entrée avec de la peinture en spray signifie qu'on peut y accéder librement. Par contre, sur 39 % des immeubles inspectés, un rond jaune avertit de dégâts potentiellement importants et limite l'accès à la récupération rapide d'objets essentiels. Le reste, 17%, porte un cercle rouge ou noir interdisant l'entrée pour danger imminent découlant de dommages structurels qui pourraient justifier une prochaine démolition.

18.000 immigrés

Si la même proportion de 56% (39% + 17%) de logements inhabitables se maintient jusqu'à la fin de l'examen des immeubles du noyau urbain, cela signifiera que parmi ses 59.000 résidents plus de 30.000 seront théoriquement sans-abri.

En fait, des milliers sont déjà relogés provisoirement chez des parents, chez des amis ou dans une éventuelle seconde résidence sur la côte méditerranéenne, distante de 40 km. Ceux qui ne disposent pas de tels recours sont les 18.000 immigrés de Lorca, pour la plupart des Maghrébins, Subsahariens et Sud-Américains travaillant périodiquement à bas prix dans l'agriculture intensive de la région. Nombre d'entre eux dorment sous tente, dans les campements de toile dressés par la protection civile, la Croix-Rouge et l'armée après une première nuit passée à la belle étoile par une foule incalculable.

Le parc de logements se retrouve donc dramatiquement réduit à Lorca, même si peu d'immeubles se sont effondrés lors du double séisme. Le patrimoine culturel de la ville a souffert aussi. La vidéo (ci-dessus) de l'effondrement du clocher de l'église San Diego, datant du 17ème siècle, a fait le tour de la planète. D'autres constructions historiques, tel le château maure de Lorca, sont également mutilées.

Le gouvernement espagnol a mobilisé 800 militaires et policiers pour organiser les secours, a annoncé le chef du gouvernement, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, attendu vendredi à Lorca où le prince héritier Felipe et son épouse Letizia devaient assister aux obsèques des victimes. Des aides au logement et des abattements fiscaux sont promis aux sinistrés.

A Bruxelles, le commissaire européen chargé de la politique régionale, Johannes Hahn, a regretté l'inexistence d'un mécanisme européen d'aide économique urgente pour couvrir les conséquences du double tremblement de terre de Lorca.

Les pays de la zone euro avaient moins de regrets en créant l'an dernier un fonds de soutien de 440 milliards d'euros de garanties de prêt, complété par 310 milliards d'euros de prêts potentiels du FMI et de l'Union européenne, pour couvrir les sommes dues essentiellement aux banques par les Etats de l'union monétaire confrontés à de graves difficultés financières.