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FIN D'UNE PÉRIODE HISTORIQUE
Espagne : 47 millions d'habitants, la crise tarit l'immigration
Espagnols résidant à l'étranger : 1.574.123 (+ 7% en un an)
MADRID, vendredi 30 avril 2010 (LatinReporters.com) - La crise économique
globale précipite la fin d'une période historique de plus
d'une décennie de forte immigration dans une Espagne comptant quasi
47 millions d'habitants (46.951.532), dont 5,7 millions d'étrangers, soit 12,2%
du total de la population. Ces chiffres arrêtés au 1er janvier
2010 ont été diffusés
le 29 avril à Madrid par l'Institut national de la Statistique (INE). L'augmentation du nombre d'étrangers par rapport au 1er janvier 2009, + 60.269, est la plus faible hausse annuelle enregistrée par l'INE depuis l'inauguration, en 1996, du modèle statistique avec lequel est reflété ce que les Espagnols appellent le padrón, c'est-à-dire l'inscription des habitants sur les registres de population des municipalités. (*) La variation annuelle du nombre d'étrangers serait même négative si l'on ne considérait que ceux n'ayant pas la nationalité d'un pays de l'Union européenne (UE). Ces extra-communautaires sont aujourd'hui 3.362.425 en Espagne, 13.020 de moins qu'il y a un an. C'est l'apport de citoyens de l'UE, + 73.289, qui permet encore une faible hausse de l'immigration. Les 2.346.515 citoyens de pays de l'UE inscrits aujourd'hui dans les municipalités espagnoles représentent 41% du total des étrangers. Le tableau de l'évolution annuelle du padrón de 1996 à 2010 [ndlr - dressé ci-dessous par LatinReporters.com sur la base des archives de l'INE] reflète, au cours de ces 14 années, une hausse globale de 7.282.138 habitants en Espagne. On déduit du même tableau que 71% de cette envolée démographique s'explique par l'immigration. Le nombre d'étrangers s'est en effet accru de 5.166.626 pendant la même période, soit une moyenne de 369.000 par an, avec des pointes annuelles de 700.000 qui ont fait de l'Espagne le champion européen de l'immigration au cours de la dernière décennie. En 2005, le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero avait légalisé 600.000 sans-papiers. C'est cette immigration historique dans une Espagne autrefois pays de forte émigration qu'a stoppée net, comme le reflètent les derniers chiffres de l'INE, la crise économique et financière planétaire, très aiguë dans la péninsule ibérique. L'Espagne compte désormais 4.612.700 chômeurs, soit 20,05% de sa population active. Des immigrés s'en vont. L'INE souligne notamment la réduction de la colonie sud-américaine. Depuis le 1er janvier 2009, elle a perdu 75.161 Equatoriens, Boliviens, Argentins, Brésiliens et Colombiens. Par contre, 28.705 Marocains de plus ont été enregistrés. Arrêté au 1er janvier 2010, le classement par nationalité des étrangers résidant en Espagne s'établit comme suit selon l'INE :
Le tableau de l'évolution démographique des quatorze dernières années met presque sur le même pied, quant au résultat quantitatif de la gestion de l'immigration, les deux grands partis nationaux espagnols, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Zapatero, actuellement au pouvoir, et le Parti Populaire (PP, opposition conservatrice) de Mariano Rajoy. Ces deux partis se sont souvent échangé des accusations de laxisme ou de rudesse en matière d'accueil des étrangers. Mais de 1996 à mars 2004, sous les gouvernements du PP conduits alors par José Maria Aznar, 2.492.012 nouveaux immigrés se sont installés en Espagne. Le chiffre est de 2.674.614 sous les gouvernements socialistes présidés depuis le printemps 2004 par José Luis Rodriguez Zapatero. [NDLR - Les législatures ne débutant pas un premier janvier, cette répartition n'est pas rigoureusement exacte en chiffres absolus. Elle est néanmoins proportionnellement correcte.] Hausse du nombre d'Espagnols résidant à l'étranger Dans un autre rapport et pour la seconde année seulement, ce qui empêche de définir actuellement une tendance significative, l'INE recense le nombre d'Espagnols inscrits dans les consulats à l'étranger. Ils étaient 1.574.123 au 1er janvier 2010, contre 1.471.691 un an plus tôt, soit 102.432 de plus (+ 7%). Cette hausse du nombre d'Espagnols expatriés étant supérieure aux 60.269 immigrés supplémentaires constatés en Espagne au 1er janvier 2010, on serait tenté de conclure à l'existence d'un solde migratoire annuel négatif pour l'Espagne (plus de départs que d'arrivées). L'INE freine toutefois implicitement cette déduction en relevant que 54% des Espagnols installés à l'étranger sont nés dans le pays de leur résidence actuelle. Il n'empêche que les recensements, pour motifs électoraux, d'Espagnols majeurs (ayant au moins 18 ans) vivant dans d'autres pays montreraient, selon des médias espagnols, une accélération des expatriations depuis 2008, lorsque les effets de la crise globale ont commencé à frapper durement l'Espagne. Les Espagnols résidant à l'étranger se concentrent sur le continent américain (946.701) et en Europe (580.063). Par pays, l'Argentine (322.002), la France (183.277), le Venezuela (167.311) et l'Allemagne (105.916) sont leurs principales terres d'accueil.
(*) L'inscription sur les registres municipaux de
population (padrón) est volontaire. Elle donne droit à l'accès gratuit aux soins élémentaires de santé et à l'école publique, ce qui pousse les immigrés, même clandestins, à s'inscrire dans les mairies. Le padrón n'est pas un permis officiel de séjour, que seul le ministère de l'Intérieur délivre. Mais paradoxalement, les registres des municipalités ne sont pas requis pour juguler l'immigration clandestine.
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