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Régularité de l'élection avalisée par l'Union européenne Mexique-présidentielle: Felipe Calderon vainqueur. Lopez Obrador conteste et mobilise la gauche
A l'issue d'un second décompte, l'Institut fédéral électoral (IFE) a déclaré Felipe Calderon vainqueur avec 15.000.284 voix (35,89% des suffrages exprimés valablement) contre 14.756.350 voix (35,31%) à Lopez Obrador. Sur près de 42 millions de votes, la différence n'est ainsi que de 243.934. Il n'y a pas de second tour au Mexique. Le candidat obtenant le plus de voix, quel que soit son pourcentage, est élu président pour un mandat non renouvelable de six ans. Les trente-deux Etats de la fédération mexicaine sont partagés en deux moitiés. Seize, la plupart situés au Nord plus riche et plus industrialisé, ont voté pour le Parti de l'Action nationale (PAN) de Felipe Calderon et du président sortant Vicente Fox. Couvrant surtout le Sud, les seize autres, y compris le très convoité district fédéral de Mexico (souvent quoiqu'indûment assimilé à un Etat) ont plébiscité Andres Manuel Lopez Obrador et son Parti de la Révolution démocratique (PRD). Le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, droite populiste), Roberto Madrazo, occupe la troisième place parmi les cinq candidats à l'élection présidentielle. Il récolte 9.300.081 suffrages (22,3%), mais ne l'emporte dans aucun des Etats, ce qui donne la mesure de la déconfiture du PRI, qui monopolisa le pouvoir pendant 71 ans, de 1929 à 2000. L'Union européenne souligne "la totale transparence du processus électoral" A la demande de l'IFE, l'Union européenne (UE) avait déployé au Mexique une imposante mission d'observation électorale. Mme Benita Ferrero-Waldner, commissaire aux Relations extérieures de l'UE, soulignait jeudi à Bruxelles "la totale transparence du processus électoral", qui s'est déroulé "dans l'ordre et le respect des principes démocratiques". Le "climat d'absolue normalité démocratique" des élections mexicaines a été confirmé par Javier Solana, Haut Représentant de l'UE pour la Politique étrangère et de sécurité commune. Andres Manuel Lopez Obrador n'en annonce pas moins qu'il va "recourir au Tribunal fédéral électoral pour contester le processus électoral", car il y a eu "de nombreuses irrégularités". "Nous avons gagné; on nous vole notre victoire" affirme-t-il. Il exige un troisième décompte, un par un, des 41,7 millions de bulletins de l'élection présidentielle. Le Tribunal fédéral électoral a jusqu'au 6 septembre pour proclamer officiellement le nom du nouveau président, qui sera investi le 1er décembre. Lopez Obrador a en outre convoqué ses partisans ce samedi à Mexico sur le Zocalo, la plus grande place publique du Mexique, pour leur communiquer "un rapport", relatif probablement aux irrégularités électorales présumées. Des militants du PRD brandissent des pancartes avec l'inscription "Solution ou Révolution". Des incidents sont redoutés. La pression de la rue est une arme habituelle de Lopez Obrador. Il l'utilisa notamment en 2005 pour contrer une décision de justice qui l'aurait empêché d'être candidat à la présidentielle du 2 juillet dernier. Il y recourut aussi en 1994, mais en vain, après avoir perdu l'élection au poste de gouverneur de son Etat natal, celui de Tabasco, au sud-est du Mexique. 4e défaite consécutive de l'axe bolivarien Caracas-La Havane-La Paz Concomitantes de la présidentielle du 2 juillet, les législatives ont également été remportées par le PAN. Mais sa majorité n'est que relative dans les deux chambres du Congrès. Le vainqueur de la présidentielle devra tenter de nouer des alliances parlementaires pour mettre en oeuvre son programme. Conscient de ses limites et de la division du pays, Felipe Calderon a appelé les Mexicains à soutenir "un gouvernement d'unité nationale que je me propose de conduire". Il a même invité Lopez Obrador à faire partie de ce gouvernement. Ex-ministre de l'Energie du président sortant Vicente Fox, Felipe Calderon, 43 ans, s'est présenté aux électeurs comme "le candidat de l'emploi", privilégiant l'initiative privée pour réduire la pauvreté qui frappe 40% des 105 millions de Mexicains. Au cours des six dernières années, le PAN de MM. Fox et Calderon n'a pas réussi à colmater les inégalités sociales, mais il a accrédité son image de droite moderne et démocratique après sept décennies de quasi-dictature et de fraudes électorales du PRI. Andres Manuel Lopez Obrador (52 ans) se dit, lui, "le candidat des pauvres", dont il propose d'améliorer le sort en développant notamment une politique de grands travaux publics. Dissident du PRI, qu'il abandonna en 1989, ex-président du PRD et ex-maire de Mexico (2000-2005), il fut en tête des sondages pendant près d'un an avant la présidentielle. Felipe Calderon ne le devança que sporadiquement au cours des dernières semaines de la campagne électorale. Au cours de cette campagne, le patronat et Felipe Calderon ont diabolisé Lopez Obrador en l'assimilant à une version mexicaine du président vénézuélien Hugo Chavez. Cet épouvantail fut déjà été agité avec succès par Alan Garcia, social-démocrate anti-Chavez élu président du Pérou le 4 juin dernier. L'axe bolivarien Caracas-La Havane-La Paz vient de subir au Mexique sa 4e défaite consécutive après la victoire du social-démocrate libre-échangiste Oscar Arias le 5 février à la présidentielle du Costa Rica, la réélection triomphale du président conservateur pro-américain Alvaro Uribe le 28 mai en Colombie et la victoire d'Alan Garcia au Pérou. Peut-on encore parler d'un déferlement de vague rose-rouge sur l'Amérique latine? © LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne
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