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Après l'annonce du cancer de la présidente argentine Cristina Kirchner
Chavez lie Washington aux cancers présidentiels en Amérique latine
 

CARACAS, jeudi 29 décembre 2011 (LatinReporters.com) - Quoique disant ne pas vouloir "lancer une accusation téméraire" à propos des cancers affectant Cristina Fernandez de Kirchner en Argentine et plusieurs autres chefs d'Etat d'Amérique latine, dont lui-même, le président vénézuélien Hugo Chavez s'est interrogé sur une éventuelle "technologie pour induire le cancer". Il a rappelé dans ce contexte l'inoculation par les États-Unis de maladies vénériennes au Guatemala, dans les années 1940 pour tester la pénicilline.

Le 27 décembre à Buenos Aires, le porte-parole de la présidente argentine Cristina Kirchner annonçait qu'elle est atteinte d'un cancer de la thyroïde sans métastases dont elle sera opérée le 4 janvier. Mme Kirchner, âgée de 58 ans, devrait être hospitalisée pendant 72 heures et suivre une convalescence de 20 jours, ajoutait le porte-parole.

"Serait-il étonnant qu'ils aient développé une technologie pour induire le cancer sans que personne ne le sache jusqu'à présent et qu'on le découvre dans 50 ans ou je ne sais combien d'années ?" s'est interrogé publiquement le président Chavez, le 28 décembre à Caracas. Son "ils" désignait probablement les États-Unis. Il s'exprimait lors d'une cérémonie de promotion de militaires retransmise obligatoirement par les principales chaînes vénézuéliennes de radio et de télévision.

"C'est très difficile à expliquer (...) C'est pour le moins bizarre, très, très, très bizarre" a estimé le leader bolivarien après avoir rappelé la succession de cancers frappant depuis 2009 les plus hautes personnalités de divers pays latino-américains et plus concrètement d'Amérique du Sud.

Le cancer lymphatique de Dilma Rousseff était annoncé en avril 2009, un an et demi avant qu'elle ne remporte l'élection présidentielle au Brésil. Cancer lymphatique également, révélé en août 2010, de Fernando Lugo, président du Paraguay. Le 30 juin 2011, Hugo Chavez reconnaissait avoir été opéré à Cuba d'une tumeur cancéreuse "dans la région pelvienne". Enfin, le cancer du larynx de l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva était connu le 29 octobre 2011, deux mois avant l'annonce du cancer de la thyroïde de Cristina Kirchner. Seuls Fernando Lugo et Dilma Rousseff semblent définitivement ou pour le moins durablement hors de danger

"Il faudra veiller beaucoup sur Evo et sur Correa. Evo, prends soin de toi. Correa, prends soin de toi" a averti Hugo Chavez en se référant à deux autres chefs d'Etat sud-américains, de gauche comme les précédents, le Bolivien Evo Morales et l'Équatorien Rafael Correa.

Paranoïa vénézuélienne entretenue par Fidel Castro

Réaffirmant que la succession de cancers présidentiels "est difficile à expliquer, même en utilisant la loi des probabilités", le président du Venezuela mentionna également le leader historique de la Révolution cubaine, Fidel Castro, retiré du pouvoir en 2006 suite à une maladie qui demeure mystérieuse. Des analystes n'écartent pas qu'il s'agisse aussi d'un cancer.

"Fidel me l'a toujours dit : Chavez, fais attention, car toi tu te lances sur les gens. Prends garde, ces gens ont développé des technologies et toi tu es très négligent. Attention à ce que tu manges, attention à une petite aiguille avec laquelle ils t'injecteraient je ne sais quoi" relata Hugo Chavez en se souvenant d'une conversation avec l'aîné des frères Castro.

Le chef de file de la gauche radicale latino-américaine a lié davantage les États-Unis, selon lui sans les impliquer, au dossier des cancers en déclarant : "Je ne veux lancer aucune accusation téméraire. Néanmoins, (...) il a été démontré que le gouvernement nord-américain, la CIA et je ne sais combien d'autres organismes ont lancé [dans les années 1940] sur le Guatemala une opération biologique, chimique et radiologique, contaminant les Guatémaltèques d'une infinité de maladies, entre autres vénériennes, pour faire quelques expériences".

"En tout cas, je le répète, je n'accuse personne. Je fais seulement usage de ma liberté pour réfléchir et émettre des commentaires devant des faits très étranges et difficiles à expliquer" a tenté ou feint de nuancer à nouveau Hugo Chavez, quoiqu'à l'évidence il venait une fois de plus de prendre Washington pour cible. Au pouvoir depuis 1999, M. Chavez dénonce continuellement de supposés actes d'ingérence des États-Unis dans les affaires internes du Venezuela et les accuse notamment de financer l'opposition à son gouvernement.

Entretenue à tort ou à raison par Fidel Castro, contre lequel la presse cubaine prétend dénombrer 638 tentatives d'assassinats, la paranoïa vénézuélienne face à l'oncle Sam avait atteint un autre sommet en 2010. Le séisme catastrophique du 12 janvier de cette année-là en Haïti fut en effet attribué lui aussi aux États-Unis par des articles publiés sur le site web de ViVe, chaîne de télévision publique vénézuélienne, sous les titres "Le séisme expérimental des États-Unis a dévasté Haïti" et "La cleptocratie terroriste états-unienne en Haïti".


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