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60 pays représentés à Madrid au VIe sommet UE-ALC
Sommet Europe-Amérique latine dans un contexte de crise et de mutations
MADRID, lundi 17 mai 2010 (LatinReporters.com) - Dans un contexte de mutations
politiques latino-américaines et de crise économique et financière
mondiale, le VIe sommet Union européenne - Amérique latine
et Caraïbes (UE - ALC) réunit cette semaine à Madrid les
chefs d'Etat ou de gouvernement et les ministres des Affaires étrangères
de 60 pays. Pour l'Espagne, ce sommet est le plus important de sa présidence
tournante de l'UE.
Incertaine, surtout après l'avènement d'une nouvelle droite démocratique à la présidence d'un pays aussi symbolique que le Chili, la consolidation de l'ample virage à gauche latino-américain dépend désormais de l'élection présidentielle du 30 mai en Colombie et bien plus encore de celle du 3 octobre au Brésil. Parallèlement, les 33 pays de l'ALC, du Rio Bravo à la Terre de Feu et y compris Cuba, rêvent de concrétiser une union continentale, sans les Etats-Unis ni le Canada, ébauchée en février dernier près de Cancun (Mexique). C'est une Europe en crise qui s'assied à Madrid aux côtés de cette Amérique latine mouvante et ambitieuse qui résiste jusqu'à présent relativement bien à l'actuelle dépression économique globale. Sa popularité en chute libre après la réduction ou le gel de salaires et de retraites annoncés la semaine dernière, le président du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, doit remiser le paternalisme lorsque, par exemple, la présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner compare l'effondrement financier de la Grèce, qui menace l'Espagne et l'euro, aux heures noires vécues par les Argentins au début de cette décennie. Qualifié lors de chaque sommet de "stratégique", le partenariat UE-ALC doit aussi désormais tenir compte du concept de "puissance émergente" qu'incarne le Brésil aux côtés de la Chine et de l'Inde. Brasilia réclame un siège permanent au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU). Venant de Téhéran, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva débarque à Madrid avec son auréole grandie par un compromis, aux effets encore incertains, qu'il a obtenu sur l'uranium iranien décrié par la communauté internationale. A en croire leurs discours récents, non suivis jusqu'à présent de résultats, nombre de pays européens, dont la France et l'Espagne, soutiennent la revendication latino-américaine d'une refonte des grands organismes internationaux, ONU et Fonds monétaire international (FMI) en tête. Convoqué tous les deux ans, la dernière fois en 2008 à Lima, le sommet UE-ALC est placé cette année sous le thème "Innovation et technologie pour le développement durable et l'inclusion". L'actualité impose toutefois le traitement prioritaire des dossiers de la crise économique et financière, du changement climatique et de la lutte contre la criminalité organisée. En marge du sommet général des chefs d'Etat ou de gouvernement, le 18 mai, six autres sommets bilatéraux ont été programmés, du 16 au 19 mai, entre l'UE et, successivement, le Mexique, le Chili, le Mercosur, les pays des Caraïbes, la Communauté andine et l'Amérique centrale. A chacune de ces rencontres, les institutions de l'Europe communautaire devraient être représentées par l'Espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, président de l'UE ce premier semestre, le Belge Herman Van Rompuy, président stable du Conseil européen, le Portugais José Manuel Durao Barroso, président de la Commission européenne, et la Britannique Catherine Ashton, haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères. La Chine concurrence progressivement en Amérique latine les intérêts économiques de l'Europe et cette dernière a besoin de développer ses marchés extérieurs pour combattre la crise. Ce sont deux des raisons pour lesquelles, sous l'impulsion de la présidence espagnole de l'UE, la Commission européenne décidait début mai de relancer une négociation interrompue depuis 2004, celle d'un accord d'association avec le Mercosur, zone économique regroupant le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, le Paraguay et, en phase de préadhésion, le Venezuela. Les espoirs d'une confirmation de cette relance sont toutefois obscurcis par la France, représentée à Madrid par le président Nicolas Sarkozy (seulement le 18 mai) et le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Deux semaines avant l'ouverture du VIe sommet UE-ALC, le gouvernement français faisait savoir que dans l'attente de la conclusion des négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce (cycle dit de Doha), "l'Union européenne ne peut mener [en l'occurrence avec le Mercosur; ndlr] des négociations qui risquent de remettre en cause l'agriculture française et européenne". Cette crainte a été partagée ce 17 mai à Bruxelles par les ministres de l'Agriculture de neuf autres pays de l'UE, l'Autriche, la Finlande, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, la Pologne, le Luxembourg, la Roumanie et Chypre. En ce qui concerne la Communauté andine, seuls le Pérou et la Colombie pourraient signer à Madrid avec l'UE un accord de libre-échange qui resterait toutefois ouvert aux deux autres membres de cette communauté, la Bolivie et l'Equateur, opposés jusqu'à présent à l'ouverture de secteurs de leur économie, voire même à la philosophie de l'économie de marché. Quant à la possibilité de signer enfin un accord d'association entre l'UE et l'Amérique centrale, elle dépend d'ultimes négociations de dernière heure. Les grands absents au sommet de Madrid, quoique les 60 pays du duo UE-ALC y soient représentés, sont les présidents Hugo Chavez (Venezuela), Raul Castro (Cuba), José Mujica (Uruguay) et Porfirio Lobo (Honduras). Ce dernier participera toutefois à la rencontre UE-Amérique centrale. Le Brésil, le Venezuela, la Bolivie et l'Equateur, qui ne reconnaissent pas la légitimité de l'élection présidentielle hondurienne de novembre 2009, avaient menacé de boycotter le sommet de Madrid si Porfirio Lobo siégeait à la réunion générale des chefs d'Etat ou de gouvernement. Côté européen, on a annoncé l'absence du Premier ministre britannique, David Cameron, et du président du Conseil des ministres italien, Silvio Berlusconi. Aucune animosité politique n'a été manifestée publiquement par ces personnalités pour justifier leur absence. La plupart ont souligné leurs impératifs de politique intérieure ou de santé dans le cas de l'Uruguayen José Mujica. Le forfait de la star médiatique Hugo Chavez est déploré par les médias audio-visuels, mais pas nécessairement par les chefs d'Etat.
Dernière heure
RELANCE DES NÉGOCIATIONS SUR UNE ASSOCIATION UE - MERCOSUR
MADRID, lundi 17 mai 2010 (LatinReporters.com) - L'Union européenne
(UE) et le Mercosur ont décidé de reprendre leurs négociations
en vue d'un accord d'association prévoyant le libre-échange entre
les 500 millions d'Européens communautaires et 250 millions de Sud-Américains. Cette relance de négociations ouvertes en 1999, mais paralysées depuis 2004, a été annoncée en conférence de presse au soir du 17 mai à Madrid par José Luis Rodriguez Zapatero, chef du gouvernement espagnol et président en exercice de l'UE. Il s'exprimait à l'issue du sommet UE - Mercosur tenu dans la capitale espagnole en marge du VIe sommet UE - Amérique latine et Caraïbes. (Voir article ci-dessus). Le Mercosur (abréviation de Mercado Comun del Sur, Marché Commun du Sud) est une communauté économique regroupant le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. Le Venezuela est en phase avancée de préadhésion . "La bonne nouvelle est que nous avons relancé la négociation UE - Mercosor" a confirmé, aux cotés de M. Zapatero, la présidente de l'Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, qui assume la présidence tournante du Mercosur. Selon elle, l'ambition est de créer une association au sein de laquelle les deux blocs "ne doivent pas se considérer comme des clients, mais comme des partenaires". Participant également à la conférence de presse, le président stable du Conseil de l'UE, le Belge Herman Van Rompuy, a précisé que la nouvelle phase de négociations s'ouvrira la première semaine du mois de juillet. Quoique la relance ait été proposée dès le 4 mai par la Commission européenne, son annonce effective a surpris, car quelques heures plus tôt, à Bruxelles, les ministres de l'Agriculture d'au moins dix pays de l'UE, menés par la France, réitéraient leur opposition à la reprise des négociations avec le Mercosur, estimant qu'elles porteraient préjudice à l'agriculture européenne. Interrogé sur cette contestation, M. Zapatero a répondu qu'une "immense majorité des pays de l'UE est en faveur de cette relance avec le Mercosur", qui pourrait déboucher sur "le plus important accord de libre commerce signé par l'UE". Selon le chef du gouvernement espagnol, un accord de libre-échange représenterait chaque année "cinq milliards d'euros supplémentaires d'exportations de l'UE vers le Mercosur et du Mercosur vers l'UE". Des analystes notent qu'une relance des négociations ne signifie pas nécessairement qu'elles vont progresser. D'autres rappellent que l'agriculture ne sera que l'un des éléments d'un accord éventuel d'association et que la relance annoncée pourrait être favorisée par l'évolution, en cette période de dépression économique, des positions des futurs partenaires en matière de produits industriels, de services, de propriété intellectuelle, etc. © LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne |