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La droite devance nettement les socialistes dans les sondages
Espagne: Zapatero perd la confiance nationale et internationale

MADRID, lundi 8 février 2010 (LatinReporters.com) - La crise économique globale et surtout la gestion de cette crise en Espagne exposent le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero à une chute record de la confiance nationale et internationale. Largement devancé dans les sondages par la droite, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Zapatero semble pris au piège entre les Espagnols et les instances et opérateurs économiques internationaux. Tenter de rassurer les uns inquiète les autres et vice-versa.

"Le PSOE accélère sa chute" titrait le 7 février le quotidien de centre-gauche El Pais. Son principal concurrent, El Mundo (centre-droit), titrait en écho "Affaiblissement rapide du gouvernement et demande d'élections générales" [anticipées]. Les résultats de sondages distincts publiés le même jour par ces deux journaux, les plus influents d'Espagne, confirmaient avec des chiffres quasi identiques l'affaissement socialiste.

Les 43,9 % du PSOE de M. Zapatero aux élections législatives de mars 2008 se réduisent aujourd'hui à 37,5% des intentions de vote selon El Pais ou à 37,7% selon El Mundo. Par contre, avec une adhésion estimée actuellement à 43,4% (El Pais) ou 43,5% (El Mundo), le Parti Populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy plane nettement au-dessus de ses 39,9% aux législatives d'il y a deux ans.

En chiffres ronds, l'opposition de droite aurait donc désormais un avantage national de 6 points sur les socialistes. En outre, au-delà des partis, El Mundo note que la popularité personnelle de Mariano Rajoy, un maigre 4,21 sur 10, surpasse "pour la première fois" celle désormais plus maigre encore de M. Zapatero (4,10).

Les prochains rendez-vous des Espagnols avec les urnes sont les élections catalanes de cet automne, les municipales et régionales du printemps 2011, suivies des législatives au premier trimestre 2012. Plusieurs observateurs croient que ces dernières pourraient être anticipées, comme le souhaite une majorité dans le sondage d'El Mundo, à cause de la chute de crédibilité du gouvernement.

Pilier pendant plus de trente ans de l'influence du PSOE, El Pais n'en constate pas moins, dans son éditorial du 7 février, que "le leadership du président du gouvernement se situe à son point le plus bas depuis son arrivée au pouvoir il y a six ans". Selon l'éditorialiste, "la crise économique que Zapatero s'est nié à reconnaître pendant des mois, et qu'il tente maintenant de gérer avec des annonces qui s'entrechoquent, menace de convertir le reste de la législature en calvaire pour le Parti socialiste, lequel semble intérioriser un horizon résigné de défaite".

El Pais reproche aussi à M. Zapatero d'avoir trop misé et en vain sur "la force que donnerait à son gouvernement" la présidence semestrielle de l'Union européenne (UE) qu'assume l'Espagne jusqu'au 30 juin. A ce propos, l'annulation du sommet UE / Etats-Unis, prévu pour les 24 et 25 mai à Madrid, après la décision du président Barack Obama de ne pas y participer, est considérée par la majorité des analystes espagnols comme un rude coup porté au prestige de José Luis Rodriguez Zapatero, même si c'est le manque de cohésion et les hésitations de l'Europe sur de grands dossiers qui expliqueraient la décision du président américain.

Parallèlement, la bourse de Madrid enchaîne les journées noires sur fond d'inquiétudes pour les finances du pays, ébranlées par le record historique de plus de 4 millions de chômeurs, soit 19% de la population active. L'Espagne est actuellement le seul des grands pays développés à ne pas sortir de la récession en cours depuis 2008. Le solde des finances publiques est passé d'un excédent de 2,23 % du PIB en 2007 à un déficit de 11,2 % en 2009. La dette publique espagnole a grimpé de 36,2 % du PIB en 2007 à 55,2 % en 2009 et devrait filer jusqu'à 74,3 % en 2012, selon les prévisions du gouvernement.

Même un commissaire européen socialiste et espagnol, Joaquin Almunia, compare désormais l'Espagne à la Grèce, mise sous surveillance budgétaire par l'UE. Le Fonds monétaire international (FMI) ne prévoit aucun accroissement du PIB espagnol en 2010. L'influent Financial Times avertit qu'en Espagne pourrait se préparer "un drame plus grand qu'en Grèce". Les déficits conjugués de l'Espagne, de la Grèce et du Portugal, voire aussi de l'Italie, plombent l'Union monétaire. Elle affronte sa première grande crise depuis la mise en place à partir de 1999 de l'euro, attaqué par la spéculation et en baisse par rapport au dollar.

L'Espagne fossoyeur de l'euro? Ce serait un comble pour un européiste aussi déclaré que M. Zapatero! Pour conjurer les mauvais augures, le leader socialiste propose un plan d'austérité peu détaillé afin d'économiser 50 milliards d'euros sur trois ans. Il a fait annoncer par son gouvernement une hausse de l'âge de la retraite. Il passerait progressivement de 65 à 67 ans. Un allongement, 25 ans au lieu de 15, de la base de calcul des retraites a aussi été envisagé. La rente des retraités en serait sensiblement diminuée.

"Atteinte intolérable aux droits des travailleurs! Il faudra nous passer sur le corps!" se sont aussitôt écriés les grands syndicats, l'Union générale des travailleurs (socialiste) et les Commissions ouvrières (à forte composante communiste). Leur menace de descendre dans la rue a poussé M. Zapatero à faire marche arrière. La réforme annoncée des retraites est devenue "simple hypothèse" en ce qui concerne l'élargissement de la base de calcul. Soudainement envisagée pour encourager l'embauche, une refonte du marché du travail, encore imprécise, semble aussi tardive que les carabiniers d'Offenbach.

Recul gouvernemental et incertitudes font grelotter la bourse de Madrid. Elle a perdu quelque 10% les trois derniers jours de la semaine dernière. Le risque pays de l'Espagne a grimpé. Elle paiera plus cher ses emprunts sur les marchés internationaux. Les investissements publics en seront ralentis, mais non la course folle du chômage. Bref, M. Zapatero doit résoudre cette inconfortable équation: comment, à la fois, freiner sa chute dans les sondages, éviter une grève générale, maintenir l'Etat-providence, ramener la confiance internationale, empêcher la faillite de l'Etat et stimuler l'emploi?

Est-ce trop demander à celui qui, selon 76% des interrogés dans le sondage d'El Pais, gouverne en "improvisant"? La solution ferait pourtant école au-delà des Pyrénées.


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