[10.07.2009 - 11h53]
L'impression générale de cet article est celle du « politiquement
correct » espagnol. Les gentils « non nationalistes » espagnols
prennent le pouvoir au Pays basque, comme en Catalogne et en Galice, face
aux méchants « nationalistes ».
J'ai de plus en plus l'impression que les vrais nationalistes ne sont pas
ceux que l'on croit.
Cet article est le reflet classique des peurs nationalistes espagnoles.
D'où vient le sentiment de menace de « l'intégrité
territoriale » si ce n'est un réflexe nationaliste de la nation
espagnole soi-disant en danger.
Le sentiment victimaire, typique du nationalisme est particulièrement
aigu sur la question linguistique : « Il (Patxi Lopez) abrogera notamment
les décrets qui marginalisent la langue espagnole dans les écoles
basques ». Effectivement, un projet de loi était en discussion
pour renforcer la présence de l'euskara, pour compenser sa faiblesse
sociale et rendre chaque enfant bilingue. Et alors ? Quiconque visite le
Pays basque sud se rend compte de la prédominance de l'espagnol. Mais
cette inégalité là est normale. Par contre, faire en
sorte que comme le prévoit la loi, chaque enfant soit hispanophone
et bascophone serait rompre l'égalité.
Les partis espagnolistes font de la démagogie nationaliste.
Dans la même veine. « Il (Patxi Lopez) rétablira le pluralisme
dans les médias publics régionaux transformés par le
PNV en instruments souverainistes ». Il s'agit du groupe public EITB
et en particulier d'Euskal Telebista, la télé publique basque.
Cette malheureuse télé est la seule en Espagne à donner
la parole de façon équitable à toutes les tendances
du mouvement abertzale basque et du nationalisme espagnol. Et oui, cette
télé a souvent des accents nationalistes. Incroyable non pour
un média qui est le reflet d'une société majoritairement
abertzale ! Bienvenue sans doute au pluralisme façon espagnol, des
débats qui comme à CNN+ donnent la parole à des intervenants
aussi anti abertzale les uns que les autres pour traiter des questions du
Pays basque. Quand aux auditeurs interdits d'antennes pour leur opinion abertzale,
c'est une pratique médiatique courante. Par contre, lorsqu'Egunkaria,
le seul quotidien en langue basque est fermé de façon arbitraire,
où sont les protestations de leurs collègues journalistes espagnols
ou français ? On les attend encore. A l'époque, le soupçon
de collusion avec ETA était soi-disant trop fort. Les dirigeants de
ce journal sont torturés. Mais non ce ne sont que des affabulations
de terroristes. Et puis récemment, dans le quasi anonymat, cette affaire
a été classée sans suite. Y a-t-il eu le début
d'une autocritique. Rien, au nom de la raison d'Etat du nationalisme espagnol.
Alors, les nationalismes périphériques en déclin ? Le
nationalisme espagnol en rêve. Il explique ces phénomènes
en fonction de sa mentalité autocentrée. « Une cause
essentielle de la survie et de la vigueur des nationalismes basque et catalan
est la difficulté éprouvée longtemps par ces régions,
qui ont une identité historique et culturelle, à s'identifier
à un Etat oppresseur ou défaillant ». Les dynamiques
internes à ces nationalismes sont éludées même
si la nature de l'Etat espagnol est évidemment un élément
à prendre en compte.
L'an prochain, auront lieu les élections en Catalogne. CiU partenaire
du PNV est le favori des sondages. On verra bien. En Pays basque, après
analyse d'Euskobarometro, l'enquête sociologique du Gouvernement basque,
il apparaît que plus de 70% des jeunes ont voté pour des mouvements
abertzale, lors des dernières élections autonomiques.
Enfermé dans son nationalisme du XIXème siècle, l'Espagne
lutte contre ses mouvements « séparatistes ». Ses mouvements
ont démontré par leur discours et leur gestion un respect de
la pluralité culturelle, linguistique et nationale y compris lors
du fameux plan diabolisé du Lehendakari Ibarretxe. Ces nationalismes
sont entrés dans la construction européenne en cours et regardent
avec ironie cette crispation rétrograde de dirigeants espagnols fiers
de leur conquête provisoire.