Retour / Back
L'incursion d'un "avion de guerre" américain dénoncée le 8 janvier 2010
Venezuela "agressé": la photo montrée par Chavez date de 2005 dans Wikipédia
MADRID, jeudi 14 janvier 2010 (LatinReporters.com) -
Exhibant en direct à la télévision une photo d'un patrouilleur P-3 Orion de l'US Navy, le président vénézuélien
Hugo Chavez affirmait le 8 janvier 2010 que cet "avion de guerre" américain
avait violé le même jour à deux reprises l'espace aérien
du Venezuela. LatinReporters.com a découvert que cette photo est disponible
depuis le 3 septembre 2005 sur une page de l'encyclopédie digitale Wikipédia.
"Nous accusons le gouvernement des Etats-Unis et le gouvernement des Pays-Bas de lancer des actions de provocation et d'agression contre le Venezuela pour chercher l'excuse. L'excuse d'agresser le Venezuela." avait clamé le président Chavez avant d'annoncer une forte dévaluation de la monnaie nationale, le bolivar. Hugo Chavez affirmait que l'appareil américain avait décollé de l'île de Curaçao, dans les Antilles néerlandaises, avant de violer deux fois l'espace aérien vénézuélien le 8 janvier à la mi-journée, d'abord pendant 15 minutes, puis pendant 19 minutes. "J'ai donné l'ordre à deux F-16 de l'intercepter, avec ordre de ne pas céder aux provocations. L'avion est parti vers le Nord, mais ensuite il est revenu" expliquait Chavez. Selon lui, les deux F-16 vénézuéliens ont escorté et "mis sous pression" l'avion américain jusqu'à sa sortie de l'espace aérien national. Un porte-parole du département américain de la Défense avait rejeté l'accusation portée par Hugo Chavez. "Nous pouvons confirmer qu'aucun appareil militaire américain n'est entré [le 8 janvier] dans l'espace aérien du Venezuela. Par principe politique, nous ne volons pas dans l'espace aérien d'un autre pays sans accord préalable ou coordination", ajoutait le porte-parole. Hugo Chavez prétendait néanmoins disposer "de l'enregistrement des traces de l'appareil sur nos radars". Se référant aux dires mêmes du président du Venezuela, des agences de presse internationales jouissant d'une grande crédibilité, ainsi que LatinReporters.com dans son article du 10 janvier 2010, ont présenté l'avion exhibé en photo par Hugo Chavez comme celui responsable de la double incursion qu'il dénonçait. Le fil du discours du leader bolivarien semblait laisser peu de place au doute sur l'interprétation non démentie de ses paroles jusqu'à la découverte dans Wikipédia de la photo de l'avion qu'il montrait. Elle fut chargée dans l'encyclopédie digitale pour la première fois le 3 septembre 2005. Prise par un marin de l'US Navy, elle peut être reproduite librement. Le leader bolivarien a-t-il trompé sciemment l'opinion publique vénézuélienne et internationale? En réécoutant attentivement les paroles d'Hugo Chavez sur la vidéo sous-titrée intégrée dans notre article du 10 janvier, nous l'entendons parler au début de sa dénonciation d'un "avion P-3 de ce type". Cela pourrait suffire à confirmer que l'avion de la photo n'est pas celui de l'incursion. Mais le président Chavez aurait pu le signifier clairement ou démentir la valeur de témoignage donnée par la presse à ce cliché, car jusqu'à ce jour le monde entier croit que les pilotes de chasse vénézuéliens sont aussi d'excellents photographes. Quoiqu'il en soit, la démystification de ladite photo renforce les doutes sur l'existence ou non d'une double violation de l'espace aérien du Venezuela le 8 janvier 2010. La menace supposée des forces américaines, qu'aviverait le récent accord sur l'utilisation de bases en Colombie voisine, est devenue un élément permanent et essentiel du discours politique d'Hugo Chavez. Ses opposants l'accusent d'agiter le spectre d'une invasion "yankee" pour susciter un patriotisme populiste glorifiant le chef de la patrie en danger. Le président Chavez est aussi soupçonné de vouloir détourner ainsi l'attention des Vénézuéliens de problèmes internes: récession économique et dévaluation du bolivar, criminalité galopante, pénurie de logements et de certains aliments, rationnement de l'eau et de l'électricité et dégradation des services publics, y compris dans le secteur de la santé. © LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne |