L'économie de l'Amérique latine sera la plus touchée
QUITO, 4 octobre 2001 (latinreporters.com) - Pour l'Amérique
latine, déjà confrontée au ralentissement économique
des Etats-Unis et aux incertitudes des marchés financiers ébranlés
par l'impact régional de la crise argentine, les attentats terroristes
du 11 septembre contre New York et Washington ont été perpétrés
au plus mauvais moment. Les institutions économiques internationales
soulignent le prix élevé que paiera l'Amérique latine.
La Banque mondiale estime même qu'elle sera la région la plus
touchée par la morosité économique née des
attentats. Guillermo Perry, économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Amérique latine, prévoit que cette région subira la décélération économique la plus marquée, car elle est la plus dépendante de la situation aux Etats-Unis. L'accroissement du PIB (produit intérieur brut) de l'Amérique latine en 2001, évalué par la Banque mondiale à 1,9% avant les attentats du 11 septembre, pourrait désormais être inférieur à 1%. Il fut de 4,2% l'an dernier. L'Organisation des Nations unies pour le commerce et le développement estime que, suite aux attentats, les pays en développement et émergents souffriront de la diminution des investissements étrangers, de la baisse du prix des matières premières et de difficultés accrues d'accès aux marchés financiers. Selon le même organisme de l'ONU, la baisse des flux de capitaux devrait affecter particulièrement les pays latino-américains les plus endettés. A ce propos, de nombreux observateurs redoutent que l'Argentine ne puisse plus échapper à une prochaine banqueroute, qui secouera le Brésil et l'ensemble de l'Amérique latine. Pour le Fonds monétaire international (FMI), la crise argentine et la décélération aux Etats-Unis sont à la base de la relative stagnation cette année de l'économie en Amérique latine. Au printemps dernier, le FMI estimait à 3,7% la croissance de l'économie latino-américaine pour 2001. Cette pronostic vient d'être ramené à 1,7%. Il s'agit de la révision à la baisse la plus brutale parmi les "Prévisions économiques mondiales" diffusées fin septembre par l'institution monétaire. Ces prévisions n'incluent pas encore "les risques collatéraux" que le FMI attribue aux attentats. Pour l'Amérique latine, ces risques seraient notamment la diminution de la confiance des investisseurs, la fuite des capitaux vers des placements moins risqués et le durcissement des conditions de crédit. A propos de l'évolution des trois principales économies latino-américaines, le FMI prévoit pour 2001 une croissance de 2,2% au Brésil (au lieu des 4,5% prévus antérieurement) et de seulement 0,8% au Mexique (au lieu de 3,5%), l'Argentine subissant, elle, une récession de 1,4%. Le Mexique, dont 80% des exportations sont absorbées par les Etats-Unis, est l'un des pays les plus vulnérables à une récession due au ralentissement de l'économie américaine. Par ailleurs, toutes les prévisions d'organismes publics ou privés soulignent l'impact négatif des attentats sur le tourisme. Ce secteur est pour la quasi totalité des pays d'Amérique latine une importante source de revenus et la première dans les pays des Caraïbes. Selon le secrétaire permanent du Système économique latino-américain (SELA), le chilien Otto Boye, la réduction de la croissance en Amérique latine à la suite des attentats du 11 septembre "signifie qu'environ 40 milliards de dollars n'entreront pas dans la région, soit l'équivalent d'un demi-Plan Marshall, compte tenu de la valeur actuelle du dollar".
© LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne Le texte de cet article peut être reproduit s'il est clairement attribué à LatinReporters.com avec lien actif sur le mot LatinReporters.com |