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En marge du sommet de l'APEC, visite du président chinois au Brésil, en Argentine, au Chili et à Cuba

Pour l'Amérique latine, la Chine est le nouvel Eldorado

Le président chinois Hu Jintao reçu à Santiago par le président chilien Ricardo Lagos
Photo Presidencia de la República
SANTIAGO DU CHILI, mardi 23 novembre 2004 (LatinReporters.com) - L'Amérique latine terminera 2004 avec une balance commerciale positive après douze ans de déficit. Cette prévision émane de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui l'explique notamment par la soif de consommation de la Chine, devenue le 3e client du Brésil, du Chili et de Cuba et le 4e de l'Argentine. Non contente d'acheter, la Chine investit. Son président Hu Jintao a exprimé des intentions chiffrées à 100 milliards de dollars d'investissements sur 10 ans lors d'une tournée latino-américaine, du 11 au 23 novembre, en marge de sa participation, à Santiago du Chili, au sommet de l'APEC (Forum de coopération économique Asie-Pacifique).

La croissance économique de la Chine, 9% en moyenne annuelle, est la plus forte de planète. Les 1,3 milliard de Chinois constituent la moitié de la population des 21 pays de l'APEC (Australie, Bruneï, Canada, Chili, Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, Hong Kong, Indonésie, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pérou, Philippines, Russie, Singapour, Taïwan, Thaïlande et Vietnam).

Unis par l'autoroute maritime du Pacifique, "l'océan du futur" clame le président chilien Ricardo Lagos, ces pays assurent 47% du commerce mondial et 56% du PIB planétaire. Avec l'Américain George W. Bush, le Russe Vladimir Poutine, le Japonais Junichiro Koizumi, le Mexicain Vicente Fox et autres chefs d'Etat ou de gouvernement de l'APEC, le président chinois Hu Jintao s'est penché à Santiago sur les dossiers du libre-échange, de la lutte contre le terrorisme et des menaces nucléaires que représenteraient à terme, selon George W. Bush, l'Iran et la Corée du Nord.

La Chine veut assurer ses sources d'approvisionnement

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Mais en marge de ce sommet, Hu Jintao faisait une visite d'Etat au Brésil, en Argentine, au Chili et à Cuba à la tête d'une délégation de plusieurs ministres et de près de 200 industriels. Objectif principal de cette tournée: diversifier et consolider les sources d'approvisionnement de l'économie chinoise, dont l'expansion accroît la dépendance par rapport aux matières premières et aux produits énergétiques, industriels et agricoles venus de l'extérieur. Objectif secondaire à plus long terme: le renforcement du commerce Sud-Sud pourrait contribuer à l'avènement d'un monde multipolaire dans lequel la Chine serait incontournable.

Au Brésil, la Chine veut s'approvisionner notamment en soja et en acier. En Argentine, en soja, viande, laine, fer et acier. Au Chili, en cuivre. A Cuba, en nickel. Dans ces pays et dans d'autres, tels le Venezuela et la Colombie, un financement chinois contribuera à la recherche de sources additionnelles de minerais et d'énergie et au développement d'infrastructures -routes, voies ferrées, ports, gazoducs, oléoducs- visant à faciliter l'approvisionnement de la Chine.

Dans cette perspective, le président Hu Jintao a signé au Brésil des contrats d'investissement dans l'extraction du fer, dans la fabrication d'aluminium et dans le transport ferroviaire. La coopération spatiale aussi a été développée, le Brésil étant le pays d'Amérique latine le plus avancé dans la technologie de satellites et de lanceurs.

Scénario semblable en Argentine. Le président chinois s'y est engagé financièrement dans les transports, les mines, l'agroalimentaire, les hydrocarbures et la technologie spatiale non militaire.

Au Chili, le président Ricardo Lagos et son homologue chinois ont fait une annonce spectaculaire: le lancement de la négociation d'un accord bilatéral de libre-échange. S'il était conclu en 2005, il s'agirait du premier accord de ce type souscrit par la Chine depuis son adhésion, en 2001, à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le Brésil, l'Argentine et le Chili viennent en outre de reconnaître à la Chine le statut d'économie de marché. Pékin recherche une telle reconnaissance auprès de ses principaux partenaires commerciaux pour mieux résister à d'éventuelles procédures anti-dumping de l'OMC.

Quant à son étape cubaine, Hu Jintao l'a mise à profit pour signer seize accords de coopération. Le principal prévoit la construction d'une usine d'extraction et de production de nickel. Cuba possède les plus importantes réserves mondiales de ce métal.

Influence de la Chine sur les relations de l'Amérique latine avec l'Europe et les Etats-Unis

Ses 500 milliards de dollars d'actifs de réserve font de la Chine un Eldorado d'autant plus attrayant aux yeux de l'Amérique latine que le grand pays communiste, converti au socialisme de marché, achète, investit et crée des emplois sans exiger de contreparties en matière de respect des droits de l'homme ou de solidarité dans la lutte contre le terrorisme international.

Le développement spectaculaire des échanges avec la Chine renforce par ailleurs la position de l'Amérique latine dans ses négociations commerciales avec l'Union européenne (UE) et avec les Etats-Unis.

Après un nouveau contretemps, en octobre dernier à Lisbonne, dans les négociations sur un accord de libre-échange menées depuis cinq ans par l'UE et le Mercosur (marché commun sud-américain regroupant le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay), le commissaire européen au Commerce, Pascal Lamy, reconnaissait que l'attraction de la Chine pouvait avoir ébranlé des "équilibres politiques" que l'on croyait acquis.

Quant à l'incertaine Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) -"de l'Alaska à la Terre de Feu dès 2005" prédisaient les Etats-Unis- les réticences que lui opposent notamment le Brésil et l'Argentine sont renforcées par les perspectives offertes par la Chine. Des analystes croient pourtant que Pékin miserait sur la mise en place de la ZLEA, à une date désormais floue, pour accéder plus facilement à l'autre Eldorado qu'est le marché nord-américain.

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