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Conclusions du sommet de Madrid

Union européenne-Amérique latine: partenariat stratégique

par Christian Galloy

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Dossier : Relations
Europe-Amérique
latine et Caraïbes

QUITO / MADRID, dimanche 19 mai 2002 (latinreporters.com) - Malgré les frustrations liées à la lenteur du processus, le deuxième sommet Union européenne (UE)-Amérique latine et Caraïbes (ALC) réuni à Madrid les 17 et 18 mai a confirmé le rapprochement de ces 48 pays de deux continents, conformément à la vision de "partenariat stratégique" définie lors du premier sommet, à Rio de Janeiro en 1999. Le poids commercial grandissant de l'UE accroît aussi son influence diplomatique et favorise l'émergence d'un monde multipolaire qui ne serait plus dominé par les seuls Etats-Unis, au profit desquels l'Amérique latine était jusqu'il y a peu une chasse gardée.

Les échanges commerciaux entre l'UE et l'ALC ont doublé au cours des dix dernières années. En 2000, selon les statistiques d'Eurostat, l'ALC absorbait 6% (58,2 milliards d'euros) du commerce extérieur de l'UE et 12% de ses investissements directs, dont un tiers pour le seul Brésil. En échange, l'Union européenne recevait 9% des exportations totales de l'Amérique latine et des Caraïbes.

A moyen terme, des accords d'association similaires à ceux déjà négociés avec le Mexique et le Chili pourraient lier l'UE au Mercosur (marché commun sud-américain formé par le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay), à la Communauté andine de nations (CAN, regroupant la Colombie, la Bolivie, le Venezuela, le Pérou et l'Equateur) et au bloc des pays d'Amérique centrale.

Cette évolution vient d'être esquissée à Madrid, mais sans parvenir aux résultats souhaités par les partenaires latino-américains. Un demi-siècle de gestation d'une Union européenne en mutation et croissance permanentes ont donné aux chefs d'Etat du Vieux Continent une patience et une dimension temporelle auxquelles les mandataires d'Amérique latine ont quelque peine à s'adapter.   

Pour assurer, fût-ce lentement, l'avenir de leur "partenariat stratégique", l'UE et l'ALC ont passé à Madrid le témoin au Mexique, pays qui accueillera dans deux ans le troisième sommet réunissant ces deux groupes de pays.

Premier pays d'Amérique latine lié à l'UE par un accord d'association entré en vigueur en juillet 2000, le Mexique assume ainsi un rôle important, non seulement parce qu'il sera l'hôte du  prochain sommet Union européenne-Amérique Latine et Caraïbes en 2004, mais aussi car il sera le siège de la prochaine réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), en 2003, dont dépend en grande partie la définition de la future relation euro-latino-américaine.

L'enregistrement de l'aboutissement des négociations sur l'accord d'association entre l'UE et le Chili est le meilleur résultat symbolique du sommet de Madrid. Le président chilien lui-même, le socialiste Ricardo Lagos, l'a défini comme "l'espoir de toute l'Amérique latine". Président en exercice de l'UE, le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, veut y voir le réveil de "l'espoir de nous faire progresser dans notre relation stratégique avec l'Amérique latine".

L'accord UE-Chili devrait entrer en vigueur avant juillet 2003. Après sa prochaine signature officielle, il devra encore être ratifié par les parlements de tous les pays concernés. Au Chili, le secteur de la pêche s'oppose vivement au contenu de l'accord.

Mercosur, Amérique centrale et pays andins

Le sommet de Madrid a aussi permis de déblayer le chemin des négociations d'un accord d'association avec Mercosur, le marché commun sud-américain. Ces négociations seront renouées dès juillet prochain à Brasilia,  a annoncé José Maria Aznar.  Il a précisé que "les négociations politiques sont dans la pratique terminées et celles sur la coopération aussi".

Les directives de la négociation avec Mercosur ont été adoptées en septembre 1999, mais jusqu'à juillet 2001 le volet commercial n'a pas été entamé. Compliqué par la crise argentine, il demeure le plat de résistance d'une négociation dans laquelle Mercosur insiste notamment sur la nécessité, pour le développement de l'Amérique latine, d'une réduction du protectionnisme agricole et des quotas imposés par l'UE.

"Nous ne voulons pas d'aumônes, mais que l'UE ouvre ses marchés et laisse entrer nos produits" a déclaré à Madrid le ministre argentin des Affaires étrangères, Carlos Ruckhauf.  Selon lui, "si l'Amérique latine jouissait d'une liberté commerciale pour ses produits, sa dette extérieure s'effacerait". Mais à propos de sa crise économique et sociale sans précédent, l'Argentine n'a reçu du sommet de Madrid que le conseil déjà connu d'adopter un plan économique "soutenable" conforme aux exigences du Fonds monétaire international (FMI).

Le sommet de Madrid a laissé sur leur faim les pays d'Amérique centrale et de la Communauté andine. Ils devront attendre 2004 pour ouvrir avec l'UE des négociations commerciales, conditionnées en outre aux résultats d'autres négociations en cours au sein de l'Organisation mondiale du commerce. Pour "dédommager" ces pays, l'UE leur a offert l'ouverture immédiate d'un dialogue politique formel.

Probablement déçu, le président du Pérou, Alejandro Toledo, a réaffirmé qu'en privant de débouchés les produits des agriculteurs latino-américains, le protectionnisme des pays développés et notamment celui de l'UE favorise la culture et le trafic de drogues, associés au terrorisme.

La Colombie, pays d'Amérique latine le plus secoué par le terrorisme politique, a apparemment réussi à Madrid, par la voix de son président Andres Pastrana, à convaincre l'UE d'inscrire dès ce mois de mai sur sa liste officielle des organisations terroristes la guérilla des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes). Les pays de l'UE auraient alors l'obligation de geler sur leur territoire les biens et avoirs financiers des FARC et des personnes liées à cette organisation. Les 17.000 combattants des FARC sont armés et maintenus par un budget annuel de plus de 500 millions de dollars, alimenté principalement par leur contrôle d'une part importante de la production colombienne de cocaïne.

Le sommet UE-ALC de Madrid a condamné dans sa déclaration finale le terrorisme "sous toutes ses formes et manifestations". La déclaration souligne aussi la nécessité de lutter contre le trafic de drogues et l'immigration illégale. Le texte comprend, au total, 33 engagements dans les domaines politique, économique, scientifique, culturel, éducatif, social et humain.


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