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19 pays latino-américains veulent "des changements dans la globalisation"

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GLOBALISATION

SANTIAGO DU CHILI, 19 août 2001 (latinreporters.com) - "Nous voulons dire au monde qu'il faut des changements dans la globalisation" déclarait samedi le président socialiste chilien, Ricardo Lagos, au nom des chefs d'Etat des 19 pays latino-américains du Groupe de Rio, réunis pour leur 15e sommet à Santiago. Alimentée par la crise économique argentine, cette opposition massive et institutionnelle à la forme actuelle de la globalisation a forcé le président des Etats-Unis, George W. Bush, à reconnaître, dans un message adressé au sommet de Santiago, la nécessité de "trouver rapidement une solution acceptable pour tranquilliser les marchés internationaux".

Organe de consultation politique créé en 1986, en principe à l'écart de l'influence des Etats-Unis, le Groupe de Rio comprend les poids lourds de l'économie latino-américaine (Brésil, Mexique, Argentine, Chili, Venezuela et Colombie), ainsi que la Bolivie, le Costa Rica, l'Equateur, le Guatemala, la Guyana, le Honduras, le Nicaragua, le Panama, le Paraguay, le Pérou, l'Uruguay, la République dominicaine et le Salvador.

Solidaires de l'Argentine, mais redoutant "une contagion dangereuse" de la crise économique et financière qui frappe les Argentins, les 19 chefs d'Etat ou leurs représentants ont décidé à Santiago de parler à l'avenir "d'une seule voix" au sein des organismes internationaux, notamment le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l'Organisation mondiale du commerce, dont ils souhaitent réformer le fonctionnement pour éviter des crises récurrentes..

"Nous avons lutté pour notre indépendance, nous avons cherché à nous développer, nous nous sommes libérés des dictatures. Nous avons traversé des périodes amères pour assurer notre économie et aujourd'hui nous voulons dire au monde qu'il faut des changements dans la globalisation" a affirmé Ricardo Lagos, président du Chili et amphitryon du sommet du Groupe de Rio.

"Maintenant, le moment est venu de garantir la croissance dans l'équité" a-t-il précisé, rejetant, dans une critique à peine voilée au FMI,  l'imposition "de recettes simplistes, mesquines ou d'un coût social élevé".

L'économie est donc aujourd'hui la préoccupation essentielle du Groupe de Rio. Ses membres estiment, selon Ricardo Lagos, avoir respecté leur agenda en matière de démocratie, de paix et de droits de l'homme.

Mandaté par les participants au sommet, le président chilien a transmis par téléphone au président américain George W. Bush les griefs et les inquiétudes des pays du Groupe de Rio, ainsi que leur amertume d'être victimes aujourd'hui, malgré une longue politique de rigueur dans les années 90, d'une crise provoquée par la décélération économique dans les pays les plus développés, essentiellement les Etats-Unis et le Japon.

Reconnaissant, en réponse à son interlocuteur, la nécessité de "tranquilliser les marchés internationaux", le président Bush aura peut-être contribué à débloquer le dossier d'une nouvelle aide financière demandée par l'Argentine au FMI. Au sein de l'organisme monétaire et de l'administration américaine, des voix affirment néanmoins que Buenos Aires est victime de sa propre incompétence, n'ayant pu notamment utiliser rationnellement l'aide de 40 milliards de dollars consentie à la fin de l'an dernier par divers pays et instances internationales.

Washington redoute cependant qu'une banqueroute de l'Argentine ne soit perçue en Amérique latine, à peine libérée des dictatures, comme la faillite du modèle économique et politique libéral. En outre, le président Bush, vif partisan de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) annoncée pour 2005, aura perçu comme un signal d'alarme l'antiglobalisation institutionnelle naissante au sein du Groupe de Rio.    

La décision des pays du Groupe de Rio de mieux défendre leurs intérêts en parlant "d'une seule voix" au sein des organismes internationaux sera mise dès ces prochaines semaines à l'épreuve lors d'assemblées et de réunions des Nations unies, du FMI, de l'Organisation des Etats américains et de l'0rganisation mondiale du Commerce.

Au premier semestre 2002, à Madrid, lors du  2e sommet de l'Amérique latine, des Caraïbes et de l'Union européenne, les membres du Groupe de Rio rappelleront aux Européens que leur aide la plus efficace serait l'abandon de leur protectionnisme, afin d'ouvrir réellement leur marché aux produits latino-américains.


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