ACCUEIL  
|
  POLITIQUE  
|
  ECONOMIE  
|
  SOCIETE  
| |
  FLASHS  
|
  TITRES  
 

Cycles longs de pouvoir jaugés en Bolivie, au Brésil et en Uruguay
Amérique latine - élections 2014 : la gauche en examen
 

Partager
Twitter   Facebook   Google Plus   Linkedin   email     

 
Dilma Rousseff, présidente du Brésil, et Evo Morales, président de la Bolivie, deux personnalités marquantes de la gauche latino-américaine confrontées aux urnes en 2014. (Archives ABI)

 
I. CALENDRIER ÉLECTORAL 2014

II. BOLIVIE, BRÉSIL ET URUGUAY : CYCLES LONGS DE POUVOIR JAUGÉS PAR LES URNES

par Christian GALLOY, directeur de LatinReporters.com

MADRID, 26 octobre 2014 (+ ajouts le 1er décembre) – Trois des sept élections présidentielles latino-américaines de 2014 - en Bolivie, au Brésil et en Uruguay - ont exposé la gauche, gouvernementale comme dans la majorité des pays d'Amérique du Sud, au risque d'une alternance qui sanctionnerait démocratiquement des cycles longs de pouvoir. La gauche bolivienne est celle qui a réussi le plus aisément l'examen des urnes.

En Bolivie, Evo Morales porte l'écharpe présidentielle depuis le 22 janvier 2006. Le 12 octobre dernier, il remportait dès le premier tour une troisième majorité absolue consécutive (61,04% des voix). Il conservera le pouvoir jusqu'en janvier 2020, alors qu'il est déjà aujourd'hui le plus ancien chef d'État en exercice du continent américain.

Le président Morales a bénéficié le même 12 octobre d'une large victoire législative, son Mouvement vers le socialisme (MAS) renouvelant une double majorité absolue parlementaire avec 84 députés sur 130 et 25 sénateurs sur 36.

Porté par un discours antiaméricain et pro-indigène, Evo Morales est le premier président amérindien de la Bolivie. Cette caractéristique ethnique est l'un des piliers de sa popularité et de sa longévité politique dans un pays où 60% des habitants s'estimaient indigènes lors du recensement de 2001.

Un autre pilier de la réélection du président Morales est la manne économique, devenue capital politique, découlant de sa nationalisation des hydrocarbures, source d'une importante redistribution des richesses vers les couches les plus fragiles de la population.

Les recettes pétrolières de l'État bolivien, environ 673 millions de dollars annuels en 2005, ont grimpé à 5,8 milliards de dollars en 2013, selon la compagnie pétrolière d'État YPFB. Et si la Bolivie exportait en 2005 pour 1,4 milliards de dollars en gaz, elle en exporte aujourd'hui pour 6,8 milliards.

Durant la même période, le PIB (produit intérieur brut) a triplé, passant de 9,5 milliards de dollars à 30,3 milliards. De quelque 1.000 dollars, le PIB par habitant s'est hissé à 2.757 dollars et le salaire minimum de 72 dollars à 206 dollars, générant un flux de fonds qui permet au gouvernement bolivien d'investir dans les programmes sociaux et les infrastructures publiques.


Au Brésil, la gauche gouvernementale, dite «modérée» par opposition à la supposée «radicale» de Bolivie, est soumise à plus rude épreuve malgré d'indéniables réussites dans la lutte contre la pauvreté.

En douze ans de pouvoir, depuis la première victoire présidentielle de son leader historique Luiz Inacio Lula da Silva en 2002, le Parti des travailleurs (PT) a subi une forte érosion. En témoigne le Congrès national le plus conservateur depuis un demi-siècle élu le 5 octobre dernier, date aussi du premier tour de l'élection présidentielle remportée par la candidate du PT, la présidente sortante Dilma Rousseff (41,59% des voix). Ce dimanche au second tour, elle joue sa réélection face à Aecio Neves (33,55% au premier tour), candidat du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, centriste).

Si au Congrès national, qui réunit à Brasilia Sénat et chambre des députés, le PT de Lula et de Dilma Rousseff reste la première formation à la chambre avec 70 élus (sur 513 !) , il n'en a pas moins perdu 18, fruit de la fuite de 1,3 million de votes par rapport aux législatives de 2010. Le véritable vainqueur des législatives est le lobby de l'agro-alimentaire. Réparti entre divers partis, il passe de 191 à 257 députés, soit une majorité absolue informelle. De quoi laisser dans l'oubli toute réforme agraire et freiner la protection de l'Amazonie et de ses territoires indiens.

Pour gouverner, le PT devrait se résoudre à davantage de concessions, voire de compromissions, pour reformer une majorité avec plusieurs des 27 autres partis parlementaires, principalement ces douze dernières années avec le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre droit) Cette gymnastique est le terreau des grands scandales de corruption qui ne cessent d'ébranler le monde politique brésilien et en particulier les mandataires du PT.

Outre la corruption, le ralentissement économique et l'insatisfaction des classes moyennes secouent aussi le Parti des travailleurs et Dilma Rousseff.

S'il a su profiter d'une décennie de forte croissance pour améliorer la redistribution des richesses, le gouvernement brésilien peine aujourd'hui à satisfaire les exigences d'une classe moyenne qu'il a contribué à faire émerger massivement.

Entrée en récession au premier semestre de cette année, la première économie d'Amérique latine a vu son PIB croître en moyenne de moins de 2% sous le mandat de Dilma Rousseff, contre 4% sous ceux de son mentor et prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva.

Conséquence du ralentissement mondial, selon la présidente Rousseff, ou résultat, selon les économistes libéraux, d'une perte de productivité liée à la priorité donnée par Brasilia à la consommation interne et à la revalorisation des salaires, le flottement de la croissance complique la satisfaction d'une classe moyenne qui réclame surtout l'amélioration des services publics de transport, de santé et d'éducation. Cette revendication multiple, jointe à la dénonciation de la corruption, avait mobilisé en juin 2013 un million de manifestants dans 80 villes brésiliennes.

S'occuper de la classe moyenne, dont le poids électoral est désormais décisif, est peut-être plus complexe et plus coûteux que réduire des poches de pauvreté.

Ce défi et l'usure du pouvoir planent aussi sur les élections présidentielle et législatives de ce 26 octobre en Uruguay.

En votant, les Uruguayens vont jauger les dix années de gestion du pays par le Front élargi (Frente Amplio), une coalition de gauche dite elle aussi «modérée», comme le PT brésilien. La Constitution interdit au président sortant, le très populaire ex-guérillero José Mujica, de briguer un second mandat consécutif. Son prédécesseur, le médecin Tabaré Vazquez, est redevenu le candidat du Front élargi. Les sondages prédisent un second tour, le 30 novembre, et la perte de la majorité absolue parlementaire de la gauche.

Conclusion - Tant en Bolivie qu'au Brésil et qu'en Uruguay, la gauche a réussi son examen, relevant avec succès et démocratiquement le défi de la durée. Au terme des nouveaux mandats présidentiels qu'elle vient de conquérir, elle aura été au pouvoir sans discontinuité 14 ans en Bolivie, 16 ans au Brésil et 15 ans en Uruguay.

En y ajoutant le maintien au pouvoir du FMLN (Front Farabundo Marti de libération nationale) au Salvador, où l'ex-guérillero Salvador Sanchez Ceren a été élu président, force est d'admettre que les jours de la gauche sont loin d'être comptés en Amérique latine.


ARTICLES ET DOSSIERS LIÉS
Recherche personnalisée
VOIR   AUSSI
P A Y S
NOUS  CONTACTER
  • Rédaction
  • Christian Galloy directeur
  • Pilar Valero directora adjunta
  • (+34) 610 686 761
  • Publicité - Références
  • REPRODUCTION
    Le texte de l'article ci-contre peut être reproduit s'il est attribué, avec lien, à son auteur et à LatinReporters.com

    Ce logo peut être affiché
      ACCUEIL  
    |
      POLITIQUE  
    |
      ECONOMIE  
    |
      SOCIETE  
    | |
      FLASHS  
    |
      TITRES  
    Le texte de cet article peut être reproduit s'il est attribué, avec lien, à son auteur et à LatinReporters.com
    ©  LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne