Le Pen vu d'Amérique latine: crainte que l'Europe ne se ferme davantage aux immigrés
Après avoir évincé au premier tour le socialiste Lionel Jospin, Jean-Marie Le Pen affrontera Jacques Chirac au second tour de l'élection présidentielle française, le 5 mai. "L'Europe est lointaine et son actualité politique intéresse assez peu l'Amérique latine, sauf en ce qui concerne l'immigration" estime Pilar Valero, directrice pour l'Equateur de l'agence de presse internationale espagnole EFE, la 4e agence mondiale.
En Europe, l'Espagne et l'Italie sont les destinations privilégiées de ces émigrés. "Mais, constate Pilar Valero, leur nombre n'est pas négligeable en France et, en outre, Paris est devenu un centre de transit important vers l'Espagne depuis le renforcement des mesures contre l'immigration clandestine en vigueur à l'aéroport de Madrid." "Face à l'immigration, l'Union européenne unifie ses critères et un durcissement de la France provoquerait un effet de contagion dans les autres pays de l'Union" croit Pilar Valero, qui fut aussi correspondante de son agence à Bruxelles, y analysant les dossiers communautaires. La journaliste redoute que ce durcissement soit déjà inévitable, "l'effet Le Pen" devant survivre à la défaite probable du leader du Front national, le 5 mai, face à Jacques Chirac. "L'image de la France, celle d'un grand pays ouvert culturellement, le pays de l'égalité et de la fraternité, cette image idéaliste est désormais ternie" regrette Pilar Valero. Elle répète que si la politique européenne intéresse peu l'Amérique latine, par contre la xénophobie et l'hostilité à l'égard des immigrés heurtent les Latino-Américains. Et ce d'autant plus que l'argent envoyé par les expatriés est une question de survie pour leur famille restée au pays. Jean-Marie Le Pen et son Front national ont-ils des alter ego en Amérique latine? Pilar Valero croit que non, ce continent ayant été vacciné par les cruelles dictatures militaires des années 1970 et 1980. Et de rappeler que "même l'extrême droite pinochetiste est devenue aujourd'hui une droite moderne acceptant, il faut le souligner, de voir le Chili gouverné actuellement par un président socialiste". Quant aux paramilitaires qui ensanglantent la Colombie autant que la guérilla marxiste et quant aux assassinats de militants des droits de l'homme au Guatemala, il s'agit, note la journaliste, de drames qui vont bien au-delà de la problématique créée en Europe par Jean-Marie Le Pen. Selon Pilar Valero, "les problèmes sociaux, le chômage et la pauvreté inclineraient plutôt les Latino-Américains vers la gauche". Elle ajoute que l'absence, pour l'instant, d'extrémismes tant de droite que de gauche est particulièrement remarquable dans une Argentine qui traverse, depuis près de quatre ans, la pire crise économique et sociale de son histoire.
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