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Les "erreurs" d'arbitrage rendent immorale la désignation d'un vainqueur

Annuler le Mundial 2002? Difficile, mais ne pas décerner la coupe rendrait justice au football

QUITO, dimanche 23 juin 2002 (latinreporters.com) - "Les arbitres de cette Coupe du monde sont dans le collimateur depuis le début du tournoi pour leur partialité, particulièrement en faveur des sélections locales et d'un grand tel que le Brésil" écrit Clarin, premier journal d'Argentine.

Des commentaires identiques se répètent dans la plupart des capitales d'Amérique latine. Comme sur le reste de la planète, les éditorialistes y partagent l'amertume du président de la Fédération internationale de football (FIFA), le Suisse Joseph Blatter, pour qui "le système de désignation des arbitres est à revoir".

Mais les victoires injustes n'ont pas été invalidées. A défaut d'annuler le Mundial 2002, disputé en Corée du Sud et au Japon, ne pas décerner la coupe rétablirait la morale.

L'Italie et l'Espagne se sont vues annuler au moins cinq buts chacune lors de cette Coupe du Monde. Les "erreurs" d'arbitrage qui les ont éliminées ont assuré la qualification pour les quarts, puis pour les demi-finales des footballeurs coréens, en Corée, devant leur public. Cela explique pourquoi le mot "erreurs" peut s'orner de guillemets, dont la signification sera celle que chacun voudra leur donner.

Le but belge annulé face au Brésil en huitième de finale et, quelques jours plus tôt, l'expulsion d'un joueur turc victime de la douleur imaginaire du Brésilien Rivaldo sont d'autres "erreurs" mémorables à mettre entre guillemets.

L'élimination injuste de l'Espagne par la Corée du Sud, samedi, a fait dire au président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, connu pour son calme et son langage modéré, que "malheureusement la chance ne nous a pas accompagnés et il y aussi quelque chose en plus, que je laisserai à d'autres conférences de presse". A sa façon, le dirigeant espagnol a donc lui aussi mis des guillemets aux "erreurs" arbitrales.

Pour des millions de jeunes qui, de par le monde, suivent à la télévision leur première Coupe du monde de football, l'enseignement que laisse jusqu'à présent ce Mundial 2002 est que l'inaptitude, l'erreur et l'injustice assurent mieux la victoire que l'esprit d'équipe et l'effort physique.

Qu'un message aussi destructeur puisse avoir la résonance mondiale que lui donne le football oblige à revoir d'urgence le système de désignation des arbitres, comme le souhaite le président de la FIFA, mais aussi à assurer l'existence d'un recours immédiat contre leurs décisions polémiques prises sur le terrain. Il n'est pas normal qu'un seul homme, arbitre ou assistant,  prenne au cours d'un match des dizaines de décisions sans appel qui peuvent avoir des conséquences humaines, économiques, voire même politiques considérables.

Si, dans cette Coupe du monde, les arbitres avaient simplement levé la tête vers les répétitions télévisées projetées sur les écrans géants des stades, ils auraient pu corriger immédiatement la plupart de leurs bavures.

Pour l'heure, ce Mundial 2002 est celui de la honte. L'annuler est pratiquement impossible. Par contre, ne pas décerner la coupe au vainqueur, quel qu'il soit, serait une réparation morale à l'égard surtout de millions de téléspectateurs. Ce serait aussi un encouragement symbolique formidable au renouveau de l'esprit sportif.


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