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Analyse, par Christian Galloy

L'Argentine se rapproche de la cessation de paiements

BUENOS AIRES, 2 août 2001 (latinreporters.com) - Malgré l'adoption par les députés et les sénateurs argentins d'un 7ème plan d'austérité en 19 mois, avec réduction de 13% des salaires des fonctionnaires et des retraites, la bourse de Buenos Aires chutait encore mercredi de 4,27%. La baisse des recettes fiscales et la résistance sociale font douter du succès de la politique de rigueur dans un pays en récession depuis trois ans. Pour nombre d'analystes, la prochaine banqueroute du pays est plus qu'une hypothèse. Seule la date de la proclamation officielle du désastre reste une inconnue.

Le risque pays argentin, qui mesure la méfiance des investisseurs, se hissait mercredi à 1.688, son maximum depuis le début de l'année. Ce risque pays dépasse celui de la Russie, de la Turquie et même de l'Equateur, qui déclarait pourtant un moratoire unilatéral de sa dette publique il y a deux ans. Le risque pays de l'Argentine n'est plus qu'à 100 points de celui du Nigeria. Un tel baromètre place Buenos Aires dans l'antichambre de la cessation de paiements.

Les rentrées fiscales de juillet, inférieures de 8,7% à celles de juillet 2000, confirment la gravité de la récession. Dans la logique de la politique du "déficit zéro" adoptée par le président de centre gauche Fernando de la Rua et son ministre néolibéral de l'Economie, Domingo Cavallo, cette baisse des recettes de l'Etat devrait entraîner une nouvelle ponction sur les retraites et sur les salaires des fonctionnaires. Le secrétaire argentin à la Politique économique, Federico Sturzenegger, évoque la possibilité de porter à 20% la retenue actuelle de 13% sur les revenus de plus de 500 pesos (1 peso = 1 dollar) dans les services publics.

Une accentuation de l'austérité risquerait toutefois de faire éclater la coalition gouvernementale, divisée sur l'ampleur des sacrifices exigés aux classes les plus humbles. En outre, la résistance sociale pourrait se muer en révolte ouverte. Plus de cent mille chômeurs, ouvriers, étudiants et Argentins de tous bords venus parfois en famille bloquaient mardi des dizaines de routes dans l'ensemble du pays pour protester contre l'austérité.

Ni politiquement ni socialement le président de la Rua ne peut donc aller jusqu'au bout de sa politique de rigueur. Ce diagnostic confirme la probabilité d'une prochaine cessation de paiements de l'Argentine et d'un moratoire de sa dette publique, qui s'élève à 128 milliards de dollars.

En visite historique en Argentine, la première d'un Premier ministre britannique depuis la guerre des Malouines (1982), Tony Blair en appelait mercredi à la solidarité internationale avec le gouvernement de Fernando de la Rua. Selon Tony Blair, "les problèmes économiques de l'Argentine risquent d'avoir un impact non seulement en Amérique du Sud, mais également dans le reste du monde".

Mercredi également, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue argentin, le président américain George Bush confirmait que les Etats-Unis pressent le Fonds monétaire international d'accélérer l'octroi de son aide promise à l'Argentine.

Pathétiquement, le ministre argentin de l'Economie, Domingo Cavallo, demandait mercredi "aux Argentins et au monde de donner une chance" au gouvernement. "Nous sommes en contact avec le monde pour qu'il nous appuie" confiait le ministre à la presse. Des sources officieuses argentines précisent que les grands argentiers de l'Union européenne ont été invités à étudier des mécanismes de secours pour éviter la banqueroute de Buenos Aires.

L'ex-président argentin Raul Alfonsin, l'un des principaux dirigeants de la coalition gouvernementale, propose "un gouvernement d'union nationale ouvert à toutes les forces sociales: partis politiques, entreprises, syndicats et forces spirituelles"...

Pour l'Argentine, le temps presse. Rien qu'en juillet, ses réserves en devises ont fondu de 20 pour cent.


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