Argentine - Le soja détrône le blé dans le " grenier du monde "
Les producteurs argentins de soja sont d’autant plus orgueilleux du record annoncé que le pays souffre d’une
sévère récession économique depuis 1998. Leur optimisme est tout de même
modéré par l’augmentation récente de la pression fiscale nationale et par le protectionnisme qui continue
à freiner le commerce agricole sur les marchés internationaux. Ses importants investissements dans le secteur des oléagineux ont converti l’Argentine en premier exportateur mondial d’huiles et troisième exportateur planétaire de soja, derrière les Etats-Unis et le Brésil. Les ventes à l’étranger de soja et de ses dérivés (huiles et farines) représentent en valeur 58% du total des exportations agricoles argentines et le quart de toutes celles du pays. On prévoit l’exportation cette année de 18 millions de tonnes pour une valeur de 4,5 milliards de dollars. Par contre, les exportations prévues de blé argentin plafonneront à 10,4 millions de tonnes, pour un montant de 1,23 milliard de dollars. La reconversion du " grenier du monde " fut entamée au début des années 70. A cette époque, le soja couvrait à peine 1% des surfaces ensemencées, contre 41% aujourd’hui. La meilleure résistance du soja aux problèmes climatiques, sa plus grande valeur ajoutée, une demande soutenue sur les marchés d’exportation, la libéralisation progressive du commerce international et de gros investissements expliquent la mutation de l’agriculture argentine. Le directeur de la Chambre des industries de l’huile, Alberto Rodriguez, estime à 500 millions de dollars, rien qu’au cours des cinq dernières années, les investissements dans le secteur argentin des oléagineux pour l’amélioration des techniques de production, de traitement industriel et d’exportation. Enrique Peyrani, exploitant agricole de l’ouest de la province de Buenos Aires, explique avoir choisi le soja pour ses bons rendements et dans l’espoir d’une hausse des prix internationaux, " qui ont baissé à cause de la politique néfaste " des Etats-Unis. Alberto Rodriguez confirme que le prix de la tonne de soja en 1986, soit 280 dollars, signifiait le double de sa valeur actuelle. Le problème est que les Etats-Unis subventionnent leurs producteurs, leur payant 192 dollars une tonne de soja qui n’est commercialisée qu’à 140 dollars. La Chine et l’Inde, acheteurs traditionnels d’huiles et de farines de soja, sont également accusées par les exportateurs argentins de compliquer le marché par des obstacles non tarifaires à l’importation. Il n’empêche que la reconversion du " grenier du monde " semble irréversible, d’autant plus que le haro sur les farines animales pour cause de " vache folle " devrait relancer le soja.
© LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne Nos textes peuvent être reproduits s'ils sont clairement attribués à LatinReporters.com avec lien actif vers notre site (ou mention de notre adresse http://www.latinreporters.com si reproduction sur support autre qu'Internet). |