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L’ex-président argentin Carlos Menem arrêté pour "contrebande d’armes"

BUENOS AIRES, 8 juin 2001 (latinreporters.com) - Président de l’Argentine de 1989 à 1999, Carlos Menem a été arrêté jeudi à Buenos Aires comme " chef présumé d’une association illicite " de contrebande d’armes vendues à l’Equateur et à la Croatie. Vu son âge, 70 ans, il a obtenu de subir sa détention dans la maison de campagne d’un ami multimillionnaire.

Le ministre argentin de l’Intérieur, Ramon Mestre, reconnaît " la commotion " politique provoquée par l’arrestation de Carlos Menem. Le président de la République, Fernando de la Rua, la juge " transcendantale ", mais s’en remet à l’indépendance de la justice et croit que la situation politique et institutionnelle ne sera pas affectée.

La hausse de plus de 2%, jeudi, des principales valeurs de la bourse de Buenos Aires semble confirmer que la normalité est assurée, du moins pour l’instant. La tempête économico-politique éclaterait toutefois si l’actuel superministre de l’économie, Domingo Cavallo, qui fut aussi ministre de Carlos Menem, était impliqué à son tour dans la même affaire de vente illégale d’armes.

A la tête de l’Etat pendant dix ans, Carlos Menem a exercé la plus longue présidence démocratique de l’histoire de l’Argentine, ramenant une prospérité qui serait bienvenue dans la crise économique actuelle. Il est toujours président du Parti Justicialiste (péroniste), principal parti de l’opposition qui reste majoritaire au sénat et qui gouverne plusieurs provinces. Carlos Menem a l’intention de briguer à nouveau la présidence du pays en 2003.

Pour mieux saisir l’impact de son arrestation sur l’opinion publique, il faut ajouter que Carlos Menem est aussi une vedette de la jet society. Le 25 mai dernier, malgré ses 70ans, il épousait en secondes noces, devant toutes les télévisions d’Amérique latine, une ex–Miss univers chilienne de 36 ans, Cecilia Bolocco. Leur lune de miel à Paris et en Syrie (pays d’origine des parents de Carlos Menem) avait été annulée, la justice refusant au marié de quitter l’Argentine. On sait maintenant pourquoi.

Le juge fédéral Jorge Urso a ordonné l’arrestation de Carlos Menem dès son premier interrogatoire, au cours duquel l’ancien chef de l’Etat refusa de répondre après avoir remis un écrit clamant son innocence.

Entre 1991 et 1995, Carlos Menem signa, en sa qualité de chef de l’Etat, trois décrets autorisant la vente d’armes au Panama et au Venezuela. Les livraisons furent déviées vers l’Equateur et la Croatie. Ces deux pays étaient pourtant sous embargo international, l’Equateur pour son conflit avec le Pérou et la Croatie pour la guerre dans l’ex-Yougoslavie.

Le détournement de destination apparaît d’autant plus scandaleux que des soldats argentins faisaient à l’époque partie des casques bleus déployés par l’ONU en Yougoslavie et que, d’autre part, l’Argentine était l’un des garants de l’accord frontalier en vigueur entre l’Equateur et le Pérou lorsqu’éclata le conflit entre les deux pays.

En outre, les armes livrées auraient été prélevées frauduleusement sur les stocks de l’entreprise d’Etat " Fabricaciones Militares ".

" L’association illicite " de fonctionnaires publics pour laquelle Carlos Menem est poursuivi pourrait lui valoir de 5 à 10 ans de prison. Outre l’ex-président sont aussi détenus pour la même affaire l’un de ses anciens ministres de la Défense, Antonio Gonzalez, son chef des forces armées de l’époque, le général Martin Balza et l’ex–beau frère et conseiller de Carlos Menem, Emir Yoma.

Le juge Urso poursuit également, sans encore les arrêter, deux autres ministres de Carlos Menem qui avaient aussi signé les décrets frauduleux de vente d’armes. Un quatrième ministre qui les avait paraphés demeure pour l’instant totalement épargné par la justice. Il s’agit de l’actuel superministre de l’économie, Domingo Cavallo. S’il était à son tour inculpé, la crise boursière et politique serait considérable.


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