Plan Condor: la justice frappe en Argentine et au Chili
Tant la justice argentine que la chilienne tentent d'obtenir des Etats-Unis le témoignage de l'ex-secrétaire d'Etat Henry Kissinger, soupçonné d'avoir au moins été au courant des crimes commis dans le cadre du Plan Condor. Pour le même dossier, la justice argentine dénonce également la responsabilité des ex-dictateurs Augusto Pinochet (Chili) et Alfredo Stroessner (Paraguay). Ce dernier bénéficie actuellement de l'asile politique au Brésil. Attribué à l'initiative du Chili de Pinochet et de sa DINA, le Plan Condor aurait regroupé l'Argentine, le Chili, le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay et la Bolivie. Dans ce marché commun de la répression, chacun de ces pays pouvait, selon des organismes humanitaires, envoyer au-delà de ses frontières des commandos militaires pour enlever, torturer ou assassiner des opposants. Les dictatures auraient aussi échangé des détenus pour récupérer et emprisonner ou éliminer leurs opposants nationaux. Pour délit "d'association illicite", qualification qu'il donne au Plan Condor, le juge argentin Canicoba Corral a ordonné mardi la prison préventive du général Videla et un embargo d'un million de dollars sur ses biens. Vu son âge, 75 ans, Videla bénéficie d'une détention à domicile, que le dossier du Plan Condor ne fait que confirmer, car il était déjà inculpé d'enlèvements de bébés d'opposantes disparues, crime non couvert par les lois d'amnistie dont ont bénéficié les militaires argentins accusés de violations des droits de l'homme sous la dictature. Une source judiciaire argentine estime que l'amnistie ne couvre pas davantage la responsabilité politique -donc non militaire- de Videla, qui aurait, en sa qualité de président de la nation, participé au Plan Condor, dont le juge Corral considère l'existence prouvée. C'est également sous le chef "d'association illicite" que le juge chilien Juan Guzman, qui avait ouvert les poursuites frustrées contre Pinochet, a inculpé lundi l'état-major de l'ex-police politique de la dictature, la DINA, pour sa participation au Plan Condor. Parmi les cinq personnes inculpées ainsi par le juge Guzman figurent trois officiers retraités, dont le général Manuel Contreras, qui dirigea la DINA. Un avocat chilien de l'accusation, Me Alfonso Insunza, estime que la qualification "d'association illicite" appliquée à la DINA est "historique", car elle permettrait d'enquêter sur tous les anciens agents de cette police politique et sur l'ensemble des crimes qui leur sont ou pourraient leur être imputés.
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