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Analyse, par Christian Galloy

Sommet des Amériques - Le Brésil n’est pas un chaud partisan du marché continental (ZLEA)

BRASILIA, 11 avril 2001 (latinreporters.com) - Pays le plus industrialisé d’Amérique latine et neuvième puissance économique mondiale, le Brésil participera au IIIe sommet des Amériques, du 20 au 22 avril à Québec, avec une stature de leader régional peu enclin à accélérer la création de la Zone de Libre-Echange des Amériques (ZLEA).

Dossier vedette de ce sommet des Amériques, la ZLEA doit en principe voir le jour en décembre 2005. Avec près de 800 millions de consommateurs et 40% du PIB (produit intérieur brut) mondial, ce marché continental, de l’Alaska à la Terre de Feu, sera la plus vaste zone de libre-échange de la planète.

Mais les Brésiliens présentent les chiffres d’une autre manière. Pour eux, la ZLEA suppose la fusion du marché des 400 millions de personnes du Traité de Libre Commerce de l’Amérique du Nord (TLC, Etats-Unis + Canada + Mexique) avec 400 millions de Latino-Américains représentés à près de 50% par le Brésil, qui compte 170 millions d’habitants.

Sous cet angle, le Brésil revendique ouvertement son autonomie dans les négociations de la ZLEA et un leadership régional qu’il assume de fait au sein du Mercosur, le marché commun sud-américain formé par le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay, avec le Chili et la Bolivie comme membres associés et le Venezuela comme candidat à l’adhésion.

Durant les douze derniers mois, la diplomatie brésilienne a travaillé avec ardeur à convaincre ses voisins sud-américains de s’opposer au désir des Etats-Unis d’avancer à 2003 l’ouverture du nouveau marché continental. La semaine dernière, la réunion ministérielle préparatoire de Buenos Aires a conforté le Brésil en annonçant le lancement de la ZLEA en décembre 2005.

Si le Brésil est peu pressé, c’est parce que sa stratégie s’appuie sur une consolidation préalable du Mercosur avant d’affronter la libre concurrence des produits nord-américains. Les Brésiliens ont conscience de n’être pas encore préparés à se mesurer avec les Etats-Unis et le Canada.

" Pour le Brésil, la ZLEA est une option et le Mercosur un destin " déclarait récemment le président brésilien Fernando Henrique Cardoso. Il est partisan d’un accord commercial entre le Mercosur et l’Union européenne afin de renforcer la position des pays latino-américains lors des négociations du libre commerce continental.

A ce propos, l’un des centres de recherches les plus prestigieux du Brésil, la Fondation Getulio Vargas, a calculé que le libre commerce avec l’Union européenne augmenterait de 1,06% le PIB brésilien, contre à peine 0,3% avec la ZLEA. Brasilia estime toutefois qu’un accord commercial avec l’Union européenne ne serait pas incompatible avec la ZLEA.

La pression d’industriels et de commerçants brésiliens contre le libre commerce américain est énorme. Pour l’opinion publique, la faiblesse face aux puissances nord-américaines a été démontrée en février lorsque le Canada, suivi des Etats-Unis et du Mexique, imposa un blocus momentané à la viande brésilienne, soupçonnée d’être contaminée par la " vache folle ".

Néanmoins, le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Lafer, reconnaît que rester en marge de la ZLEA ferait courir au pays "un grand risque". Le Brésil sera donc présent au IIIe sommet des Amériques. Mais sous peine d'en claquer au moins momentanément la porte, il exigera qu’on y débatte des subsides du Canada à son industrie aéronautique (concurrente de celle du Brésil), du protectionnisme agricole des Etats-Unis et de leurs restrictions à l’importation d’acier.

Le successeur du président brésilien Cardoso sera élu l’année prochaine. Il n’est pas sûr qu’un nouveau gouvernement suive la ligne actuelle. On risque même d’assister à l’arrivée au pouvoir au Brésil d’une gauche totalement hostile au libre échange avec les Etats-Unis.


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