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Brésil - Le rationnement de l’électricité électrocute la popularité du président Cardoso

BRASILIA, 30 mai 2001 (latinreporters.com) - Les scandales politiques et surtout le rationnement de l’électricité qui frappe les Brésiliens court-circuitent le président Fernando Henrique Cardoso, dont la popularité est littéralement électrocutée. Le président social-démocrate rejette sur la sécheresse et sur ses prédécesseurs la responsabilité de la crise énergétique. Sa politique du début des années 90 le désigne néanmoins comme le principal coupable.

Le sondage mensuel de l’Institut " Sensus " financé par la Confédération nationale des transports (CNT) indique que l’évaluation positive du président brésilien, de 29,7% en avril, a chuté à 22,1% en mai. Les opinions négatives, elles, ont bondi de 27,9% à 37,1%.

La responsabilité de la crise énergétique est attribuée à l’incompétence du gouvernement par 42,2% des Brésiliens interrogés. A peine 27,4% croient à l’explication du président Cardoso, qui invoque l’imprévoyance de ses prédécesseurs et " la pire sécheresse depuis 70 ans ". (L’électricité brésilienne est à 92% d’origine hydroélectrique).

Selon le sondage, l’augmentation de la corruption est une réalité pour 71,4% de la population et 57,1% l’estiment même très forte. Le président Cardoso n’avait pas ménagé ses efforts pour enterrer, au début du mois de mai, une commission d’enquête parlementaire sur la corruption.

Le rationnement de l’électricité durera au moins jusqu’au 30 novembre. L’objectif du plan gouvernemental est d’économiser 20% de la consommation nationale d’énergie. Ceux qui ne réduiront pas de 20% leur consommation mensuelle par rapport à leur moyenne de l'an dernier risqueront d’être déconnectés trois jours par mois et même six jours en cas de récidive. Un tribunal de Sao Paulo a contesté la constitutionnalité de certaines de ces mesures

Une étude réalisée il y a cinq ans par la société américaine Coopers & Lybrand pour le ministère brésilien des Mines et de l’Energie avertissait déjà d’un risque grave de déficit énergétique pour la fin des années 90.

De 6 milliards de dollars en 1990, les investissements publics dans le secteur de l’énergie n’étaient plus que de 4 milliards de dollars en 1995, selon le rapport de Coopers & Lybrand révélé par le quotidien " O Estado de Sao Paulo ".

Selon ce journal, cette diminution des investissements fut la conséquence de la décision gouvernementale de réduire graduellement le prix de l’électricité pour contenir l’inflation. L’intention du gouvernement était d’assurer le succès du plan Real d’ajustement économique, conçu en 1993 par Fernando Henrique Cardoso, alors ministre des Finances. Ce plan l’aida à conquérir la présidence en 1994 et à y être réélu en 1998.

L’étude remise au Ministère des Mines et de l’Energie soulignait que la réduction des tarifs d’électricité contribuait à la croissance de la consommation et que, faute d’investissements suffisants, les centrales hydroélectriques devaient utiliser davantage les réserves des barrages pour satisfaire la demande.

La même étude indiquait que le niveau d’eau des barrages atteignait 92% de leur capacité en 1994, pour chuter à 87% en 1995 et 78% en 1996. La réduction était donc déjà une réalité avant que l’on puisse invoquer la sécheresse.

Aujourd’hui, le niveau d’eau des barrages brésiliens n’est plus que de 30%. La capacité de production d’électricité du Brésil, en principe de 74.000 mégawatts, s’en trouve ramenée à 56.000 mégawatts. Un réduction égale, en pourcentage, à celle de la popularité du président Cardoso.


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