Le contrôle des armes chimiques oppose le Brésil aux Etats-Unispar Christian Galloy
Ce dernier accuse les Etats-Unis de vouloir contrôler l'OIAC, dont le siège est à La Haye (Pays-Bas), pour favoriser leur politique d'affrontement. Le Congrès brésilien a lancé une campagne internationale de soutien à José Bustani. A Brasilia, la Commission des droits de l'homme et des relations extérieures de la Chambre a approuvé à la fin du mois de mars une motion condamnant l'attitude de Washington. La Commission rappelle que José Bustani, directeur général de l'OIAC depuis sa création, en 1997, a été réélu l'an dernier à l'unanimité des 145 pays membres, y compris les Etats-Unis, pour un second mandat expirant en 2005. Le texte de la motion parlementaire doit en principe avoir été envoyé aux parlements du monde entier.
Diplomate de carrière, ex-ambassadeur du Brésil à Moscou et aux Nations unies, José Bustani estimait, dans un entretien publié le 25 mars par le Jornal do Brasil, que, comme l'Irak, "les Etats-Unis n'apprécient pas la possibilité que ses entreprises chimiques soient inspectées par l'OIAC". "Ils ont peur de livrer des secrets chimiques" poursuivait José Bustani. Il admettait que ses jours sont comptés à la tête de l'OIAC et se plaignait de n'être pas appuyé par l'Amérique latine. "Une organisation internationale comme l'OIAC, ajoutait-il, n'a de sens aux yeux de Bush qu'à condition que les Etats-Unis puissent en contrôler totalement la gestion". Créée simultanément à l'entrée en vigueur de la Convention de l'ONU sur les armes chimiques, l'OIAC, depuis 1997, a effectué 1.200 inspections dans 50 pays. Bagdad refusant les inspections de l'ONU, José Bustani propose que l'OIAC, dont l'Irak n'est pas membre, exerce ce type de contrôle au pays de Saddam Hussein. Le diplomate brésilien souhaite également que l'Irak adhère à l'OIAC. Selon Washington, l'adhésion de l'Irak n'est défendue que par une minorité de membres de l'OIAC. Le département d'Etat américain ajoute que les plans de José Bustani à propos de l'Irak ne pourraient se substituer aux exigences du Conseil de sécurité des Nations unies quant au libre accès, refusé par Bagdad, d'inspecteurs de l'ONU. "Monsieur Bustani affirme que nous voulons sa destitution pour favoriser notre plan d'invasion de l'Irak et que lui est le seul à pouvoir l'empêcher" affirme à Washington un fonctionnaire du département d'Etat. Selon le même fonctionnaire, "cela n'a évidemment aucun sens et témoigne de l'ego enflé et du sens distordu des responsabilités" de José Bustani. Pour désamorcer le caractère éminemment politique de la polémique, les Etats-Unis soulignent qu'ils reprochent à José Bustani sa "mauvaise gestion financière", sa "démoralisation du Secrétariat technique" (de l'OIAC) et ses "initiatives peu réfléchies". Le diplomate brésilien estime néanmoins être la victime de "l'idéologie fanatique contre le désarmement et en faveur de la prolifération" qu'il attribue au sous-secrétaire d'Etat américain John Bolton.
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