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Brésil: le célibat des prêtres contesté au sein de l'Eglise

Le Brésil est le pays de la planète qui compte le plus de catholiques

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RIO DE JANEIRO, mercredi 1er mai 2002 (latinreporters.com) - De hauts dignitaires de l'Eglise catholique du Brésil se prononcent en faveur de la fin du célibat obligatoire des prêtres. Officiellement, il ne s'agirait que de "prises de position personnelles", mais le débat n'en est pas moins ouvert. Avec 70% de sa population adhérant au catholicisme, soit 120 millions de croyants sur 170 millions d'habitants, le Brésil est le pays de la planète comptant le plus grand nombre d'adeptes de cette religion.

"Personne ne peut être contraint à demeurer célibataire" affirme Mgr Angelico Sandalo Bernardino, responsable du secteur des Vocations au sein de la Conférence nationale des évêques brésiliens. Ses déclarations en faveur de la levée du célibat des ecclésiastiques sont publiées par l'influent quotidien "O Globo" au moment où, dans le monde, des prêtres catholiques sont impliqués dans une vague de scandales sexuels.

Egalement évêque de Blumenau, ville de l'Etat de Santa Catarina (sud brésilien), Mgr Sandalo Bernardino considère que l'Eglise, en tout cas en Amérique latine, devrait se demander s'il convient ou non d'ouvrir le sacerdoce à des hommes mariés faisant preuve d'une vie conjugale, professionnelle et religieuse exemplaire.

Ce débat est soutenu par l'archevêque émérite de Sao Paulo, Mgr Paulo Evaristo de Arns. Il considère le célibat des religieux comme une norme de l'Eglise, mais non de l'Evangile.

"De nombreuses personnes ont besoin de l'apport d'une femme. C'est pourquoi je crois que le célibat devrait être une option, mais non une obligation" affirme Mgr de Arns, qui fut à la tête de l'archevêché de la plus grande ville du Brésil de 1973 à 1996.

L'archevêque émérite, longtemps leader de l'aile la plus progressiste de l'Eglise brésilienne et connu pour ses frictions avec le Vatican, croit que les voeux de célibat des prêtres demeureront une exigence aussi longtemps que durera le pontificat de Jean-Paul II. "Avec ce pape, nous savons qu'il n'y aura pas de changements. Il a déjà interdit le débat sur cette question. Nous devons attendre le prochain pape" estime Mgr de Arns.

Dans ses déclarations au quotidien "O Globo", Mgr Sandalo Bernardino prétend que l'épiscopat brésilien n'établit pas de lien entre le célibat et les cas de pédophilie impliquant des prêtres. Selon ce dignitaire de la Conférence nationale des évêques, "la problématique sexuelle est complexe, enveloppante, belle et provocante. Dans la vie des prêtres, il y a des lumières et des ombres, mais plus de lumières que d'ombres".

Au cours des huit derniers mois, onze prêtres brésiliens ont été accusés d'abus sexuels ou ont reconnu avoir eu des rapports intimes avec des mineurs. Cette année, trois religieux ont été arrêtés pour pédérastie dans les Etats brésiliens de Sao Paulo et de Minas Gerais.

Mgr Sandalo Bernardino croit que l'exigence du célibat, empêchant les personnes mariées d'accéder au sacerdoce, prive de guide religieux de nombreuses communautés de base brésiliennes. "L'office dominical n'est pas célébré dans 70.000 communautés. Nous devons réévaluer les modalités du ministère presbytéral" affirme l'évêque, soulignant que l'Eglise doit étudier d'urgence des alternatives. A son avis, "plus on attendra, plus le préjudice sera grand".

"Il existe des positions personnelles et respectables de certains prélats visant à flexibiliser le célibat, mais en aucun cas elles n'ont été soumises à la considération des instances supérieures de l'Eglise" réplique Mgr Raymundo Damasceno, secrétaire général de la Conférence nationale des évêques et seconde autorité de la hiérarchie catholique brésilienne.

Il réaffirme le respect officiel du célibat des prêtres, l'assimilant à "une expression de dévouement total des religieux aux missions confiées par Dieu".

De nombreux Brésiliens croient néanmoins que le débat ne fait que commencer.


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