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Brésil : polémique sur le racisme relancée par feuilleton télévisé

RIO DE JANEIRO, 4 avril 2001 (latinreporters.com) - Accusé de " blanchir " la culture noire, le feuilleton télévisé vedette du Brésil, " Port des miracles ", soulève une vive controverse sur le racisme et sur les médias.

Diffusé par le géant des télévisions brésiliennes, la chaîne Globo, " Port des miracles " mobilise chaque soir des millions de familles. Elles suivent sur le petit écran l’amour passionné entre la charismatique et sensuelle Livia et le rude pêcheur Guma dans un village de la province de Bahia.

Bahia, au nord-est du Brésil, est considérée par des historiens et ethnologues comme " le pont entre l’Afrique et le Brésil ". La province est peuplée de dix millions de noirs et mulâtres pour à peine trois millions de blancs, selon les statistiques officielles de 1999.

Mais dans " Port des miracles ", cette proportion est bouleversée, puisque parmi la cinquantaine de personnages seuls six sont noirs ou mulâtres. Aussi scénaristes, réalisateurs et producteurs sont-ils accusés de " racisme médiatique ", d’autant plus qu’ils ont " blanchi " des personnages noirs des livres " Mer morte " et " La découverte de l’Amérique par les Turcs " de l’écrivain Jorge Amado, ouvrages qui ont inspiré le feuilleton télévisé.

"Le Brésil de 2001 doit cesser de ressembler à celui de 1888 " s’indigne Joao Jorge Rodrigues, président du groupe Olodum de Bahia, l’un des étendards du mouvement noir au Brésil. (C’est en 1888 que la princesse et régente Isabelle abolit l’esclavage dans l’Empire du Brésil.) Mais Joao Jorge Rodrigues reconnaît que " les relations sociales à Bahia se basent encore sur le jeu entre l’esclave et le maître " et que cette réalité est reflétée par le feuilleton, qu’il critique et admire à la fois.

Joel Zito, expert de l’Université de Sao Paulo, croit que " l’esthétique du feuilleton est complice du projet du 19e siècle " de construction d’un Brésil blanc.

Contre cette " inégalité  télévisuelle ", le député socialiste Paulo Paim n’hésite pas à réclamer la force de la loi. Il a déposé un projet de loi prévoyant un quota obligatoire de 25% d’acteurs noirs et métis dans les productions artistiques brésiliennes destinées à la télévision, au théâtre ou au cinéma.

Le député explique que l’objectif de la loi serait à la fois d’élargir les possibilités de travail de ces acteurs et d’encourager l’autoestime des enfants noirs, qui ont besoin de se voir non comme des esclaves, mais " comme des héros ".

Intelligemment, l’un des deux réalisateurs de " Port des miracles ", Ricardo Linhares, se déclare partisan du projet de loi du député Paim. Cela lui permet de mieux défendre son feuilleton. " Tous les personnages qui doivent y être noirs le sont, assure-t-il, et les acteurs principaux qui ne le sont pas ont des physiques typiquement brésiliens. "


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