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Sida: le Brésil contre les multinationales pharmaceutiques

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BRASILIA, 24 août 2001 (LatinReporters.com) - Le droit à la santé des populations défavorisées contre les droits des grands laboratoires pharmaceutiques: ce combat lancé dès 1997 par le Brésil vise actuellement la multinationale suisse Roche.

Le ministre brésilien de la Santé, Jose Serra, annonçait mercredi à Brasilia que son pays ne respectera plus le brevet du Nelfinavir, composant actif du remède antisida Viracept fabriqué par les laboratoires Roche. Le Brésil entend produire lui-même un générique (médicament dont le brevet est tombé dans le domaine public) identique au Nelfinavir à un coût inférieur de 40% à celui proposé par Roche.

Selon le ministre Serra, "le médicament de la multinationale Roche nous coûte à lui seul 88 millions de dollars par an", soit plus du quart des 330 millions de dollars dépensés annuellement contre le sida par le ministère brésilien de la Santé. Le ministre regrette que six mois de négociations avec Roche n'aient pas abouti à un accord sur une réduction satisfaisante du prix du Nelfinavir. "Nous briserons ce brevet et d'autres afin de mieux combattre le sida et de permettre l'accès aux médicaments des populations les plus pauvres" affirme Jose Serra.

Le Brésil est le pays d'Amérique latine le plus touché par le sida. Selon l'Organisation mondiale de la santé, il compte  583.000 porteurs du virus. Cent mille d'entre eux qui ont développé la maladie sont traités gratuitement avec des médicaments importés (dont le Nelfinavir) et des remèdes génériques que le Brésil  fabrique lui-même depuis 1997. Cette politique de gratuité "a fait chuter de 50% le taux de mortalité du sida et porté à quinze ans, au lieu de quatre, l'espérance de vie d'un malade qui découvre son infection" indique le ministre brésilien de la Santé.

La loi brésilienne permet de copier un médicament dans les trois ans suivant le dépôt du brevet. En outre, Brésil autorise la production locale lorsque les prix des multinationales pharmaceutiques sont jugés excessifs. La fabrication brésilienne de médicaments génériques a permis de diminuer de 75% le coût de certains traitements contre le sida. "La santé est un droit, mais non un commerce" affirme Aurea Celeste da Silva, présidente du Groupe d'appui à la prévention du Sida.

La lutte du Brésil -et de l'Afrique du Sud- contre les grands laboratoires pharmaceutiques est désormais appuyée par la Commission des droits de l'homme des Nations unies, par de nombreux pays en développement et par la majorité des médias du monde occidental.

Cette pression de l'opinion conduisit en juin dernier les Etats-Unis à retirer une plainte déposée devant l'Organisation mondiale du commerce contre la décision du Brésil de fabriquer des médicaments brevetés par des laboratoires américains. Washington et Brasilia décidèrent alors de nouer un dialogue fluide sur le prix des remèdes antisida. Deux mois plus tôt, 39 laboratoires de divers pays avaient retiré leur plainte contre l'Afrique du Sud, qui produit également des médicaments génériques antisida.

La menace de violer des brevets permit au Brésil d'obtenir en avril dernier des réductions de prix de 64% et de 59% de deux médicaments antisida produits par le laboratoire américain Merck Sharp et Dohme. Diverses sources n'écartent pas l'éventualité que la société suisse Roche accepte rapidement une diminution importante du prix du Nelfinavir afin qu'il ne soit pas fabriqué comme générique par le Brésil.


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